Un silence de plomb s’est abattu Deir Al Balah, en plein cœur de la bande de Ghaza. En l’espace de quelques minutes, ce calme relatif a cédé place à un chaos indescriptible.
Selon l’Office des médias du gouvernement à Ghaza, trois missiles tirés hier matin par des avions de chasse israéliens ont frappé l’école Khadija. Cette école, abritant 4000 Palestiniens déplacés, devient la dernière d’une longue liste d’établissements touchés ce mois-ci par des frappes israéliennes. Au moins 30 personnes, dont des enfants, ont péri et de nombreuses autres ont été blessées à la suite de cette attaque.
La cour de l’hôpital El Aqsa était hier, selon les témoignages des correspondants de presse, envahie par des foules affolées, évacuées du centre de refuge Khadidja. Des ambulances, des véhicules civils, tous se sont précipités sur le site où de nombreuses familles déplacées avaient trouvé refuge.
Cette scène tragique témoigne, si besoin était, de l’absence de ralentissement des attaques israéliennes sur la bande de Ghaza, où la majorité des familles déplacées, notamment en provenance de Khan Younès et de Rafah, ont convergé vers le centre de la région. Les blessures observées sont causées par des armes létales : des bombes remplies de shrapnel, de clous et de morceaux de métal.
Le Hamas a rapidement réagi, qualifiant le bombardement à l’école Khadija «d’attaque contre les valeurs humaines et les lois de la guerre». Dans un communiqué, le groupe a déclaré : «L’occupation continue de commettre des massacres contre des civils sans aucune dissuasion, avec la complicité criminelle de l’administration américaine.» Le Hamas a appelé la communauté internationale et les Nations unies à rompre leur silence et à prendre des mesures pour forcer Israël à cesser ses crimes.
De son côté, l’armée d’occupation israélienne a justifié son bombardement en recourant à la fameuse rengaine selon laquelle elle a ciblé un «centre de commandement et de contrôle du Hamas». Selon leur déclaration, le Hamas utiliserait l’enceinte pour «diriger et planifier des attaques contre Israël», et y stockeraient des armes. L’armée d’occupation a ajouté avoir pris de «nombreuses mesures» pour éviter de «blesser» des civils, incluant, selon ses dires, l’utilisation de la surveillance aérienne et du renseignement.
«Hostilités intensifiées»
Les services de défense civile de l’enclave ont dénoncé cette attaque, accusant l’occupation israélienne et l’administration américaine de la responsabilité totale de la poursuite de ces massacres contre les civils déplacés. L’attaque intervient dans un contexte de crise humanitaire aiguë. L’Agence des Nations unies pour l’aide humanitaire rapporte que des centaines de Palestiniens restent piégés dans l’est de Khan Younès en raison des bombardements intenses et de l’impossibilité pour les équipes de secours de les atteindre.
La quantité quotidienne d’aide humanitaire entrant dans la bande de Ghaza a diminué de 56% depuis avril, accentuant les risques de famine et de propagation de maladies.
Les agences des Nations unies ont, par ailleurs, fermement condamné la politique israélienne de déplacement massif de la population civile de Ghaza et les attaques militaires sur des zones précédemment déclarées «zones sécurisées» par Israël.
En tout et pour tout, plus de 180 000 Palestiniens ont fui les bombardements autour de la ville de Khan Younès, dans le sud de Ghaza, en seulement quatre jours, selon les Nations unies. Les «hostilités intensifiées» dans la région de Khan Younès, neuf mois après le début de la guerre avec Israël, ont engendré «de nouvelles vagues de déplacement interne à travers Ghaza», a déclaré vendredi l’agence humanitaire de l’ONU OCHA. Elle a précisé que «environ 182 000 personnes» ont été déplacées du centre et de l’est de Khan Younès entre lundi et jeudi, tandis que «des centaines d’autres personnes restent bloquées dans l’est de Khan Younès». L’armée israélienne a émis lundi des ordres d’évacuation pour certaines parties de la ville du sud, annonçant que ses forces allaient y «opérer de manière force», y compris dans une zone auparavant déclarée zone humanitaire sûre.
Depuis le début de la guerre en octobre, le ministère de la Santé de Ghaza rapporte qu’au moins 39 258 Palestiniens ont été tués, près de 90 589 blessés et des milliers de disparus. Le ministère de la Santé a également annoncé qu’il était impossible de relancer l’hôpital européen de Ghaza, hors service malgré le besoin urgent, suite aux attaques israéliennes répétées sur les hôpitaux de Ghaza.
Cette situation favorise la propagation de maladies telles que le virus de la polio parmi les populations déplacées.