Après l’attaque aux bipeurs perpétrée par Israël avant-hier au Liban, et qui a fait 12 morts et près de 2800 blessés, une deuxième vague d’explosions d’appareils de transmission radio utilisés par le Hezbollah a semé de nouveau le chaos ce mercredi à Beyrouth et dans plusieurs villes du pays.
Cette nouvelle série d’explosions a fait neuf morts et plus de 300 blessés d’après un bilan provisoire annoncé hier, en fin de journée, par le ministère libanais de la Santé. «La nouvelle vague d’explosions de talkie-walkies a fait neuf morts et plus de 300 blessés», ont fait savoir en effet les autorités sanitaires libanaises dans un communiqué. Les appareils de communication qui ont explosé hier étaient donc des «talkies-walkies», selon le communiqué, alors que ceux qui avaient explosé la veille étaient des «pagers», c'est-à-dire des bipeurs.
«Des talkies-walkies ont explosé dans le même temps dans la banlieue sud de Beyrouth, au moment où se déroulaient les obsèques de quatre membres du Hezbollah tués la veille dans l’explosion de bipeurs, selon une source proche du mouvement islamiste libanais et des secouristes», rapporte l’AFP. Ces détonations violentes ont provoqué un grand mouvement de panique.
Les blessures occasionnées par les déflagrations atteignaient les victimes aux mains et au visage. «Les blessures étaient principalement localisées aux yeux et aux mains, avec des amputations de doigts et des éclats d’obus dans les yeux ; certaines personnes ont perdu la vue», a témoigné à l'AFP Joëlle Khadra, une urgentiste de l’Hôtel-Dieu de Beyrouth. Cet hôpital à lui seul, situé à Achrafieh, un quartier chrétien de la capitale libanaise, a accueilli quelque 80 blessés, précise l’AFP. Mais c’est du côté de Harat Hreik où se trouve le quartier général du Hezbollah, dans la banlieue sud de Beyrouth, qu’il y a eu le plus de victimes.
A tel point que «des patients ont reçu les premiers soins dans le parking d’un hôpital en raison de l’afflux massif», note l’AFP. D’après l’agence française, d’autres explosions ont été signalées à Saïda et à Baalbeck. La Défense civile libanaise a assuré que ses équipes «s’efforcent d’éteindre des incendies qui se sont déclarés dans des maisons, des voitures et des magasins dans la Békaa, le sud du Liban, le Mont-Liban et la banlieue sud de Beyrouth», où les appareils de transmission ont explosé.
Des blessures graves aux mains et au visage
Selon le ministre libanais de la Santé Firas Abiad, parmi les 12 personnes décédées mardi, il y avait deux enfants. Et parmi les 2800 blessés enregistrés au premier jour de cette attaque spectaculaire, 300 étaient «dans un état critique, avec des blessures au visage et des hémorragies cérébrales». Suite à la première vague d’explosions, quelque 1800 blessés ont été admis à l'hôpital, parmi eux «460 ont dû être opérés des yeux, du visage ou des membres, en particulier des mains», a détaillé le ministre libanais. M. Abiad a également fait état de «multiples amputations de doigts et de mains».
Alors que l’entité sioniste n’a toujours pas émis le moindre commentaire sur cette mystérieuse offensive au modus operandi totalement inédit, du moins par son ampleur, le Hezbollah a d'emblée fait porter l’entière responsabilité de cette attaque criminelle massive à l’Etat hébreu. Dans un communiqué rendu public hier, le mouvement de résistance libanais a réitéré sa menace de représailles en assurant qu’il continuera à soutenir la résistance palestinienne dans sa guerre contre l’occupant sioniste à Ghaza.
«Aujourd’hui, la résistance islamique au Liban va poursuivre ses opérations bénies comme elle le fait tous les jours pour soutenir Ghaza, son peuple et sa résistance, et pour défendre le Liban, son peuple et sa souveraineté. C’est notre chemin constant qui est distinct du châtiment sévère qui attend l’ennemi criminel pour le prix de son massacre perpétré à l’encontre de notre peuple et de nos proches ainsi que nos moudjahidine au Liban», a averti le Hezbollah. Le secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah, n’a pas fait de déclaration ; il devrait s’exprimer aujourd'hui, selon l’AFP.
Sachant que le Hezbollah est un allié stratégique de l’Iran et que parmi les blessés d’avant-hier figurait l’ambassadeur de la République islamique d’Iran à Beyrouth, Mojtaba Amani, le président iranien Massoud Pezeshkian s’est senti obligé de réagir à cette attaque.
Ces explosions, a-t-il dit, devraient «faire honte» aux pays occidentaux, en premier lieu aux Etats-Unis, alliés d’Israël. «Cet incident a montré une fois de plus que, même si les pays occidentaux et les Américains prétendent rechercher un cessez-le-feu, en pratique, ils soutiennent pleinement les crimes (...) du régime sioniste», a souligné M. Pezeshkian, selon un communiqué de la présidence iranienne.