Nouveau pôle urbain de la commune de Aïn Abid (Constantine) : Un site désert et dépourvu des commodités

17/03/2024 mis à jour: 16:52
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Le problème du transport se pose avec acuité

Au premier abord, le nouveau pôle urbain dans la commune deAïn Abid, situé à 40 km au sud-est de Constantine, semble paisible. 

Ses bâtiments aux façades colorées en blanc et jaune ou en blanc et rouge avec ses grandes rues évoquent un havre de paix. Mais derrière cette apparence trompeuse, se cache une réalité désolante. Il s’agit d’une méga cité fantôme à moitié vide et dépourvue de services essentiels. 

«Quand j’ai mis les pieds pour la première fois sur place, j’étais émerveillé par les travaux à l’intérieur des appartements réalisés dans le cadre de la formule sociale. Mais quelques jours après mon installation, tous mes rêves pour l’avenir ont été brisés», a déclaré un habitant de la cité 5 Juillet 1962 situé au niveau de ce pôle urbain. 

En parcourant les rues, un silence pesant règne. Tous les locaux commerciaux sont fermés, avec des devantures poussiéreuses. Ils sont rares les habitants croisés en pleine cité comptant 4000 logements et qui devraient abriter environ 16 000 âmes. Un sentiment d’abandon et d’insécurité plane. 

Parmi les bénéficiaires, particulièrement les anciens habitants du centre-ville de Constantine, ils sont nombreux à déguerpir à cause du manque criant de commodités et de services nécessaires. Parmi les problèmes les plus urgents provoquant cette fuite des bénéficiaires, figure l’absence d’un poste de police fonctionnel. 
 

À cause de l’insécurité, les appartements inoccupés ont été transformés en lieux de débauche. Des témoins affirment que les logements sont squattés actuellement par les dealers ou exploités dans des activités illégales. Ce qui n’encourage pas les commerçants à ouvrir des locaux au sein de la cité du 5 juillet à Aïn Abid, particulièrement après avoir entendu que certains appartements inoccupés ont été saccagés par des étrangers. «On a volé des robinets et des conduites en cuivre de certains appartements  inhabités», a souligné un bénéficiaire. 

En plus de l’absence d’administrations publiques telles que la poste, un siège d’état civil et d’un lycée, s’ajoute la surcharge dans les établissements scolaires. Il existe sur place, selon les témoignages recueillis, un total de 4 écoles primaires, dont deux sont opérationnelles, l’une  a été transformée en collège et une autre a été fermée.  Sachant qu’un autre CEM a été inauguré récemment, mais ne sera mis en service que durant la prochaine année scolaire. Il a été soulevé également le manque criant des transports en commun.  
 

Une longue liste de défaillances

L’éloignement de cette cité a été aggravé par le déficit en transports. Les riverains se trouvent contraints de se déplacer jusqu’à El Khroub pour pouvoir se rendre au centre-ville. Mais avec quels moyens ? La liste des défaillances est longue. Nos interlocuteurs ont évoqué également les fréquentes coupures d’eau et d’électricité, et qui s’aggravent en cas de pluie ou de vent. 

«Ce qui est sidérant est que cette nouvelle ville n’a pas été créée du jour au lendemain. Elle a été réceptionnée et d’autres personnes issues de l’habitat précaire ont été relogées, dont ceux de Guettar El Aïch, il y a environ deux ans. Depuis, ce méga pôle manque des d’infrastructures essentielles. Actuellement, la cité est en train de se vider au fil des jours», a déploré notre interlocuteur pointant du doigt le défaut de prévisions économiques, sociales de la part des responsables de la wilaya. 

Et de poursuivre que les pères de famille n’ont pas pu supporter les frais du transport particulièrement pour les lycéens qui doivent se déplacer jusqu’à Bounouara ou El Khroub, en l’absence des transports en commun. À noter que la majorité des bénéficiaires sont issus de la liste de 3550 logements affichés en 2023 dans la commune de Constantine. 

Donc, ils ne souffraient pas du manque de commodités, mais d’un problème de logement qu’ils ne peuvent payer avec un salaire de 24 000 DA ou moins. La vision de l’État algérien à travers l’attribution du logement à caractère social est d’améliorer le cadre de vie du citoyen tout en préservant sa dignité. 

Ce qui est arrivé dans ce cas est tout à fait le contraire. La marginalisation ressentie par les habitants est profonde et alimente un sentiment d’injustice et de frustration grandissant. Les bénéficiaires se disent victimes des décisions irréfléchies en comparaison avec les habitants des bidonvilles ayant construit des baraques dans l’illégalité. 

Ces derniers ont bénéficié d’appartements située à l’UV 18 dans la nouvelle ville d’Ali Mendjeli avec toutes les commodités nécessaires. Les bénéficiaires estiment que les autorités ont procédé à la régression voire à la dégradation de leur cadre de vie. «Il n’existe même pas une mosquée. 

Les lieux vu leur emplacement sont boudés par tout le monde, par les commerçants, les habitants de Aïn Abid même qui ont refusé des appartements proposés à la vente à des prix inimaginables, les investisseurs et autres. Les responsables ont contribué au trafic du logement social et à la vente illégale des appartements à caractère social», fulmine un quadragénaire. 

Et de lancer : «Silent Hill vous souhaite la bienvenue». Malheureusement, aucune des visions des pouvoirs publics, particulièrement les instructions du ministre de l’Habitat sur la non-attribution de logements sans les commodités nécessaires, n’ont pas été respectées et appliquées par les autorités de la wilaya. En dépit de toutes les promesses des responsables locaux de trouver des solutions à tous les problèmes susmentionnés, de nombreuses familles interrogées ont refusé d’occuper leurs appartements et sont restées locataires au centre-ville de Constantine. 

Face à cette situation inacceptable, les habitants exigent une intervention urgente des autorités compétentes. Ils appellent à la mise en place de solutions concrètes et durables pour pallier le manque de commodités, créer des activités, des services essentiels et améliorer leurs conditions de vie de manière significative.

 Il est crucial que les autorités prennent conscience de la gravité de la situation et adoptent une approche proactive pour garantir à tous les citoyens un accès équitable aux services essentiels et une vie digne.                      
 

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