La toute première semaine du climat pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, qui s’est déroulée à Dubaï du 28 au 31 mars, était la première occasion pour les gouvernements, les entreprises du secteur privé, les institutions financières et les organisations de la société civile de se rencontrer et de faire avancer les engagements pris lors de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP26) en novembre 2021.
Le mois de novembre était un moment important pour la planète,car les pays du monde se sont réunis à Glasgow, Royaume-Uni. Après deux ans de travail sans relâche et un sprint de deux semaines de négociations, nous avons réalisé notre objectif et presque 200 pays ont accepté le Pacte de Glasgow pour le climat. A tous égards, il s’agit d’un accord historique dont toutes les 197 parties sont fières. Nous pouvons dire avec crédibilité que nous avons tenu en main notre objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels.
La COP26 a été le plus grand rassemblement politique de tous les temps organisé au Royaume-Uni. Glasgow a accueilli des représentants de 194 pays, 120 dirigeants mondiaux, et 38 000 délégués accrédités étaient présents, dont l’équipe algérienne dirigée par la ministre de l’Environnement, Mme Moualfi.
De l’extérieur, les négociations peuvent sembler incroyablement technocratiques. Mais l’enjeu était énorme. Il s’agissait de protéger la vie et les moyens de subsistance de ceux qui sont en première ligne de la crise climatique et de protéger les générations futures qui, si nous échouons, seront condamnées à vivre dans un monde dangereux, incertain et appauvri. Comme la Première ministre barbadienne, Mia Mottley, l’a déclaré lors de la COP26, pour les petits Etats insulaires, «1,5 est ce dont nous avons besoin pour survivre. Deux degrés, c’est une peine de mort».
La science nous dit que le monde est déjà en moyenne 1,1°C plus chaud qu’à l’époque préindustrielle et nous pouvons en voir les effets aigus sur des millions de personnes. Les conditions météorologiques extrêmes sont en augmentation dans le monde entier et le changement climatique ne connaît pas de frontières nationales. En Algérie, nous avons assisté à des sécheresses, des feux de forêt et à des inondations dus au changement climatique.
La coopération mondiale que nous avons observée en novembre devrait donner de l’espoir au monde. Il y a peut-être eu quelques désaccords, mais dans un monde où la politique mondiale est fracturée, les pays ont fait preuve d’une unité de vues sur le climat. La confiance entre les nations s’est renforcée et une réelle volonté de parvenir à un accord s’est manifestée.
S’appuyant sur les données scientifiques les plus récentes, notre Pacte de Glasgow pour le climat reconnaît le fossé qui sépare les engagements des pays en matière de réduction des émissions et les objectifs à atteindre. Il souligne l’urgence d’une action plus rapide. Il engage les pays à revoir et à renforcer leurs objectifs de réduction des émissions à l’horizon 2030, si nécessaire, en 2022.
Pour la première fois, le Pacte engage les pays dans un plan visant à abandonner l’énergie au charbon et les subventions inefficaces aux combustibles fossiles. Et après six années de discussions, il finalise les éléments en suspens des règles d’application de l’Accord de Paris - règles régissant l’accord de Paris sur le changement climatique signé en 2015 - dont la résolution permettra de libérer tout son potentiel.
Le Pacte progresse également sur le financement de l’action climatique, sur l’adaptation, pour protéger les populations et la nature des effets du changement climatique, et sur les pertes et dommages résultant de la crise climatique. Toutes ces questions sont essentielles dans la lutte contre le changement climatique.
En dehors des salles de négociation, nous avons accueilli à la COP26 les annonces d’objectifs de zéro émission nette, ainsi que les engagements visant à accélérer le passage à l’énergie propre et aux voitures propres, à freiner la déforestation et à accroître le financement de l’action climatique. Ces accords précieux, ainsi que notre Pacte de Glasgow pour le climat, commencent à préciser les détails de la manière dont nous allons accélérer le rythme en réponse à l’immense défi mondial que représente le changement climatique pour maintenir la limite de 1,5 degré.
Par exemple, grâce aux engagements pris à Glasgow, les objectifs de zéro émission nette couvrent désormais 90% de l’économie mondiale, contre 30% au début de l’organisation par le Royaume-Uni de la COP26. Nous avons également vu des pays abritant plus de 90% des forêts du monde s’engager à arrêter et à inverser le déclin des forêts. Nous avons également constaté la plus forte mobilisation en faveur du Fonds d’Adaptation, qui permet aux communautés les plus vulnérables au changement climatique de se protéger.
Le Pacte de Glasgow a été une réussite collective historique, mais c’est une victoire fragile. Nous pouvons dire avec crédibilité que la limite de 1,5°C est toujours d’actualité. Mais son pouls reste faible. Il appartient maintenant à chaque pays de la protéger et de la renforcer au cours des prochaines années.
C’est pourquoi le travail du Royaume-Uni à la présidence de la COP26 ne fait vraiment que commencer. Tout au long de cette année, nous travaillerons avec les pays, les exhortant à prendre des mesures et à honorer leurs promesses énoncées dans le Pacte de Glasgow afin d’accroître l’ambition climatique jusqu’en 2030 et au-delà. Il n’existe pas de processus de contrôle officiel dans le système des Nations unies sur le changement climatique. Nous devons donc maintenir une pression constructive et nous baser sur la confiance et la bonne volonté issues de la COP26.
La semaine du Climat pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord a été une de ces occasions d’explorer ensemble les défis et les opportunités liés au climat, et de présenter des solutions ambitieuses.
A cette occasion, le Royaume-Uni a annoncé un financement supplémentaire de £5 millions de livres sterling pour les services météorologiques et climatiques afin de soutenir la prise de décision aux niveaux local, national et régional et de renforcer la résilience face aux effets du changement climatique. L’Algérie a déjà pris des mesures pour maintenir la dynamique de la COP26, avec l’instruction récente du président Tebboune de s’engager et de collaborer avec la société civile et les citoyens pour protéger l’environnement.
A travers le Barrage Vert, l’Algérie a démontré son engagement à protéger la nature et la biodiversité. L’Algérie a maintenant l’occasion de donner l’exemple à la région et au reste du monde grâce à sa Transition énergétique, en utilisant des sources renouvelables pour développer une énergie durable et verte et réduire les émissions. Nous devons saisir ce moment. Le monde doit maintenant faire un pas en avant et prendre de nouvelles mesures en matière de financement, d’adaptation et de limitation du réchauffement climatique à 1,5°C. Nous avons le devoir, envers les personnes qui sont en première ligne du changement climatique et envers les générations futures, de réaliser ce que nous avons convenu à Glasgow.
Par Alok Sharma,
Président de la COP26 , ministre d’Etat du gouvernement britannique