La police nigériane a effectué une descente dans une fabrique de bombes et arrêté une personne dans le sud-est du pays, où les violences séparatistes ne cessent d’augmenter, a annoncé un porte-parole hier. L’opération a été menée mercredi à Uba Umuaka, dans l’Etat d’Imo, a indiqué un porte-parole de la police de l’Etat, Michael Abattam, dans un communiqué.
Selon lui, la police a été informée d’une cachette dans laquelle le Mouvement indépendantiste pour les peuples indigènes du Biafra (Ipob), déclaré illégal par Lagos, et sa branche militaire, l’Eastern Security Network (ESN), «fabriquent des engins explosifs improvisés utilisés lors d’attaques contre des postes de police et des installations gouvernementales dans l’Etat». «Lors de l’opération, un certain Simeon Onigbo, 50 ans, a été arrêté. Lors de son interrogatoire, le suspect a avoué être le constructeur de la plupart des engins explosifs improvisés utilisés lors d’attaques contre des postes de police dans et hors de l’Etat», d’après la même source.
Sur place, les policiers ont découvert une bombe artisanale, 58 pièces en acier pour des canons, deux burins, un marteau, des sacs de nitrate de potassium, plus de 13 kg de soufre, 18 kg de sable sec, 4,5 kg de sable rouge, 13,6 kg de poudre à canon et un demi-sac de charbon, a précisé M. Abattam. «L’enquête est en cours. Le suspect a fait des déclarations utiles et nommé des membres de son gang situés en dehors de l’Etat qui sont ses clients», a ajouté le porte-parole.
Le sud-est du Nigeria connaît une hausse des violences indépendantistes. Plus de 130 membres des forces de sécurité y ont été tués depuis l’an dernier, selon des bilans des médias locaux. Les autorités ont accusé l’Ipob, qui milite pour la création d’un Etat indépendant pour l’ethnie Igbo, ou l’ESN. Le mouvement a rejeté toute responsabilité dans ces violences.
Dans un communiqué diffusé hier, l’Ipob a assuré que «ceux qui sont derrière ces atrocités ne sont pas des membres de l’Ipob, ni des agents de l’ESN», ajoutant que «les auteurs sont des criminels recrutés par nos ennemis pour nous diaboliser». «Aucun membre de l’Ipob ne commettrait des actes hostiles envers les gens que nous nous battons pour libérer. Nous ne sommes pas des terroristes et nous n’allons pas soudain recourir au terrorisme», indique encore le communiqué.
Le mois dernier, des hommes armés avaient attaqué deux postes de police à la dynamite dans l’Etat d’Imo. Les mouvements séparatistes au Nigeria sont un sujet particulièrement sensible depuis que l’ex-Biafra, région déshéritée du Sud-Est essentiellement peuplée par la communauté Igbo, fut le théâtre d’une sanglante guerre civile entre 1967 et 1970, après une déclaration unilatérale d’indépendance par des officiers de l’armée Igbo insurgés.
Après la mort de plus d’un million de personnes, essentiellement des Igbos, de famine, de maladie et dans les combats, et l’échec de la rébellion, la «République du Biafra» avait fini par réintégrer le Nigeria, pays de près de 200 millions d’habitants régulièrement secoué par des tensions intercommunautaires.
Des terroristes revendiquent une attaque meurtrière dans un bar
Des djihadistes affiliés au groupe Etat islamique ont revendiqué une attaque meurtrière à la bombe dans un bar de l’est du Nigeria, en dehors de leur zone traditionnelle d’opérations du Nord-Est. Mardi, l’explosion d’une bombe dans un bar très fréquenté par des chrétiens dans l’Etat de Taraba a fait 3 morts et 19 blessés graves, selon un premier bilan de la police. Mais le porte-parole de la police de l’Etat de Taraba, Usman Abdullahi, a déclaré à la presse jeudi que trois des blessés étaient décédés, portant le bilan à six morts.
Dans un communiqué publié mercredi soir, l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap) a affirmé avoir déclenché un engin explosif dans un bar, «tuant et blessant 30 chrétiens». Cette attaque, explique le communiqué de l’Iswap, a été menée en représailles à la mort de deux dirigeants du groupe, selon la traduction de l’ONG américaine SITE Intelligence qui recense les attaques djihadistes dans le monde.
L’armée nigériane a récemment annoncé avoir tué plusieurs commandants du groupe djihadiste dans des raids aériens dans la région du lac Tchad. L’Iswap est une branche dissidente de Boko Haram ayant fait scission en 2016. Affilié à l’EI, l’Iswap est devenu le groupe d jihadiste dominant dans le nord-est du Nigeria depuis la mort du chef du rival Boko Haram, Abubakar Shekau, en mai 2021 dans un affrontement avec les éléments de l’Iswap A. Z.