Une délégation russe, conduite par le vice-ministre de la Défense, est arrivée à Niamey pour échanger avec les autorités militaires, parvenues au pouvoir lors d’un coup d’Etat fin juillet, ont annoncé ces dernières, hier, à la radio nationale, relayées par l’AFP.
Il s’agit de la première visite officielle d’un membre du gouvernement russe dans ce pays depuis le coup d’Etat du 26 juillet qui a bouleversé les relations diplomatiques entre le Niger et ses partenaires internationaux. La délégation conduite par le vice-ministre russe de la Défense, le colonel-général Yunus-Bek Yevkurov, a été reçue, hier, par le chef du régime militaire nigérien, le général Abdourahamane Tiani.
A l’issue de cette rencontre, les deux parties ont procédé «à la signature de documents dans le cadre du renforcement de la coopération militaire entre la République du Niger et la Fédération de Russie», ont indiqué les autorités nigériennes. La Russie se trouve en position favorable au Niger alors que la France, alliée du président déchu Mohamed Bazoum, est devenue la cible des nouvelles autorités qui ont dénoncé des accords de coopération militaire et obtenu le départ de ses 1500 soldats déployés dans ce pays en proie aux violences jihadistes.
Cette délégation russe s’est rendue dimanche à Bamako, au Mali. Les échanges ont notamment concerné des «projets de développement pour le Mali, en matière d’énergie renouvelable et d’énergie nucléaire», ainsi que des «questions liées à l’approvisionnement du Mali en engrais, en blé et en produits pétroliers», a indiqué Alousséni Sanou, ministre de l’Economie et des Finances du Mali, dans une vidéo publiée par la présidence.
Il a également mentionné la réalisation d’un chemin de fer et d’un réseau de tramway, la création d’une compagnie aérienne régionale, ainsi que des projets de recherche et d’exploitation minière.
En octobre, le groupe russe nucléaire Rosatom a signé un accord avec le Burkina Faso, à Moscou, pour construire une centrale nucléaire dans ce pays d’Afrique de l’Ouest où moins d’un quart de la population a accès à l’électricité.
Le Mali, le Niger et le Burkina Faso, pays sahéliens les plus touchés par les violences jihadistes et dont les relations avec la France se sont dégradées, ont renforcé ces dernières semaines leurs relations pour former l’Alliance des Etats du Sahel (AES).
Rapprochement
Samedi, le Burkina et le Niger ont annoncé, à l’instar du Mali, en 2022, leur départ de l’organisation antijihadiste G5 Sahel, privilégiée par les partenaires occidentaux. A sa naissance en 2014, pour lutter contre le jihadisme au Sahel, l’organisation est composée du Mali, du Burkina, du Niger, de la Mauritanie et du Tchad. Dans un communiqué conjoint rendu public samedi, par Niamey et Ouagadougou, «l’organisation peine à atteindre ses objectifs».
«Pire, les ambitions légitimes de nos Etats à faire de l’espace du G5 Sahel une zone de sécurité et de développement sont contrariées par des lourdeurs institutionnelles, des pesanteurs d’un autre âge qui achèvent de nous convaincre que la voie de l’indépendance et de la dignité sur laquelle nous sommes aujourd’hui engagés est contraire à la participation au G5 Sahel dans sa forme actuelle», poursuivent-ils.
Ils affirment avoir pris une «responsabilité historique» en quittant une organisation qui «saurait servir les intérêts étrangers au détriment de ceux des peuples du Sahel, encore moins accepter le diktat de quelque puissance que ce soit au nom d’un partenariat dévoyé et infantilisant qui nie le droit à la souveraineté de nos peuples et de nos Etats».
Les autorités du Mali, du Niger et du Burkina se sont rapprochés récemment pour former l’Alliance des Etats du Sahel(AES). Les chefs de la diplomatie des trois pays ont proposé, vendredi, la création d’une confédération, avec pour ambition de parvenir à terme à une fédération. Les trois ministres ont relevé l’importance de la diplomatie, de la défense et du développement «pour consolider l’intégration politique et économique» entre les trois pays.
«Conscients du formidable potentiel de paix, de stabilité, de force diplomatique et d’émergence économique qu’offre une alliance politique renforcée, les ministres (...), guidés par l’ambition de parvenir, à terme, à une fédération réunissant le Burkina, le Mali et le Niger, recommandent aux chefs d’Etat de l’Alliance des Etats du Sahel la création d’une confédération des trois pays», a indiqué un communiqué conjoint publié au sortir
d’une réunion de deux jours à Bamako. Les ministres des Affaires étrangères ont été reçus par le chef de la junte au Mali, Assimi Goïta. Les conclusions seront soumises aux chefs d’Etat qui doivent se réunir à Bamako, a déclaré le ministre des Affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop, sans préciser la date.
La région du Sahel est traversée par une longue période d’instabilité et de violence.
A la prolifération des organisations terroristes et autres groupes armés non étatiques s’ajoutent les crises politiques successives dans cette zone aride dont le sous-sol regorge de richesses minières convoitées par les grandes puissances. Le Mali est gouverné par des militaires depuis 2020. Le Burkina a connu deux coups d’Etat en 2022, tandis que le Niger est gouverné par l’ordre kaki qui a pris le pouvoir par la force en juillet 2023.