Sept soldats nigériens sont morts dans une attaque de djihadistes présumés lundi près de la frontière entre le Niger et le Burkina Faso, a affirmé hier le gouvernement à Niamey, ajoutant que ses forces ont en riposte tué «plusieurs dizaines de terroristes», selon l’AFP.
L’attaque a visé une position militaire dans la zone de Boni, une localité proche de la frontière du Burkina Faso, dans le sud-ouest du Niger. «Le bilan provisoire s’établit comme suit : côté ami, sept martyrs (soldats tués), deux blessés dont un civil», explique le ministère de la Défense dans un communiqué lu à la télévision publique.
Quatre véhicules de l’armée ont été également «détruits», tandis que «plusieurs dizaines de terroristes» ont été «neutralisés» (tués) et leurs véhicules «détruits affirme le ministère.
Dans ce communiqué, le ministre de la Défense du régime militaire nigérien au pouvoir depuis un coup d’Etat en juillet 2023, le général Salifou Modi, «rassure les populations de la détermination inébranlable des forces de défense et de sécurité à poursuivre la lutte la menace terroriste».
La localité de Boni est administrée par le département de Torodi près de la frontière du Burkina Faso dans la région de Tillabéri. Cette vaste région située dans la zone des «trois frontières» entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali, est un repaire pour les djihadistes sahéliens, notamment ceux de l’Etat islamique au grand Sahara (EIGS). Depuis des années, cette partie du Niger est régulièrement visée par les assauts de ces groupes armés malgré le déploiement massif de forces antidjihadistes.
Début mai, des djihadistes présumés ont détruit un important pont avec des explosifs à Mossi-Paga, autre localité près de Torodi, «tentant probablement d’isoler» une ville burkinabè située à quelques dizaines de kilomètres de l’attaque, selon l’armée nigérienne. Dans cette même zone, l’armée nigérienne avait subi en août 2023 une des plus sanglantes attaques, perdant 17 soldats (et autres 20 ont été blessés) dans «une embuscade terroriste», entre Boni et Torodi. Dans sa partie sud-est, le gouvernement du Niger doit affronter les groupes islamistes armés de Boko Haram et d’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap).
L’attaque de lundi intervient après l’annonce le 19 mai par le Niger et les Etats-Unis d’avoir «trouvé un accord de désengagement pour effectuer le retrait des forces américaines qui a déjà commencé», et donnent une date butoir : il devra s’achever «au plus tard le 15 septembre 2024», selon le communiqué conjoint signé du ministre nigérien de la Défense, Salifou Modi, et du sous-secrétaire américain à la Défense chargé des Opérations spéciales et des conflits de faible intensité, Christopher Maier. Cette décision concrétise plusieurs jours de discussions entre une délégation du département américain de la Défense et leurs homologues nigérien à Niamey cette semaine, «en toute transparence et un parfait respect mutuel entre les deux parties». Après le coup d’Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, le régime militaire a exigé le départ des soldats de l’ancienne puissance coloniale française. Les derniers soldats ont quitté le sol nigérien le 22 décembre.
En parallèle, Niamey s’est rapproché, notamment, de la Russie qui a acheminé des instructeurs et du matériel militaire, en avril et en mai. Face à l’option de Niamey, Washington a accepté mi-avril de retirer du pays ses soldats déployés dans le cadre de la lutte antidjihadiste. Leur nombre est estimé à 650, auxquels s’ajoutent quelques centaines de contractuels. Ainsi, après le Mali et le Burkina Faso, le Niger est le troisième pays du Sahel à connaître un coup d’Etat et à rompre ses partenariats avec des pays occidentaux, pour se tourner vers la Russie.