Neuf habitants sur dix sont déplacés dans l’enclave palestinienne : Les Ghazaouis contraints à survivre entre les ordures et les décombres

23/07/2024 mis à jour: 19:30
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Les enfants palestiniens sont exposés à tous les dangers - Photo : D. R.

Il faudrait jusqu’à 15 ans pour déblayer environ 40 millions de tonnes de décombres de guerre dans l’enclave palestinienne, selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Pour l’UNRWA, l’opération nécessiterait plus de 100 camions et coûterait plus de 500 millions de dollars.

Alors que les frappes aériennes de l’armée de l’occupation israélienne contre les civils se poursuivent à rythme soutenu, les habitants de la bande de Ghaza continuent d’être déplacés et de vivre dans la peur. C’est ce qu’indique une porte-parole de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), soulignant qu’il est désormais difficile de voir où commencent les ordures et où s’arrêtent les décombres dans l’enclave palestinienne.

L’agence onusienne alerte d’ailleurs régulièrement sur la détérioration continue de la situation humanitaire. Des images vidéos partagées sur le réseau social X montrent des scènes de désolation, notamment des bâtiments en ruine ou des décombres, mais aussi des Ghazaouis à dos d’âne pour fuir certaines zones d’hostilité. «Les gens sont en fuite partout. C’est probablement l’une des décisions les plus difficiles à prendre dans sa vie que de tout laisser derrière soi», a dit sur X, la porte-parole de l’UNRWA, Juliette Touma.

Pour sa part, le Programme alimentaire mondial (PAM) note que l’enclave palestinienne est massivement «encombrée et souffre d’une grave pénurie d’eau». L’assainissement est pratiquement inexistant, et les eaux usées brutes et les montagnes d’ordures ont fait grimper en flèche les taux d’infection parmi les populations.

En écho à ces descriptions, l’UNRWA souligne qu’il est difficile de voir où commencent les ordures et où s’arrêtent les décombres dans certaines zones. Alors que les températures augmentent, les familles tentent désespérément de survivre dans les décombres de cette ville du sud de la bande de Ghaza.

Il faudrait jusqu’à 15 ans pour déblayer environ 40 millions de tonnes de décombres de guerre dans l’enclave palestinienne, selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Pour l’UNRWA, l’opération nécessiterait plus de 100 camions et coûterait plus de 500 millions de dollars.

«Les débris constituent une menace mortelle pour les habitants de Ghaza, car ils peuvent contenir des munitions non explosées et des substances nocives», avertit sur X, l’agence onusienne. Ce sont avec de telles menaces que les Ghazaouis sont obligés de chercher un abri. A «Khan Younès (…) les gens utilisent des bâches et des draps pour s’abriter au milieu des destructions», a décrit sur X, Louise Wateridge, une autre porte-parole de l’UNRWA.

Autre urgence, la quête désespérée de l’eau. Et sur le terrain, les populations font, chaque matin, la queue pendant des heures sous le soleil brûlant pour remplir des bouteilles et des jerricans d’eau potable. «Ensuite, beaucoup d’entre eux doivent marcher de longues distances en portant des charges lourdes dans la chaleur de l’été. Cette routine épuisante se répète encore et encore à Ghaza», a détaillé l’agence onusienne sur son site internet.

Derrière ces besoins urgents en vivres ou en eau et cette vie «exténuante», il n’y a pas de zone «sûre» ou «humanitaire» à Ghaza. Ces «désignations» sont «trompeuses», a regretté le chef de l’UNRWA, après le raid aérien contre Khan Younès. Philippe Lazzarini a ainsi cité le sort d’une mère palestinienne qui a perdu son enfant de 8 ans et en a un autre blessé lors de la lâche agression israélienne contre Al Mawasi, près de Khan Younès.

La mère a déclaré à l’UNRWA qu’elle pensait être en sécurité à Al Mawasi, une zone que l’armée israélienne avait précédemment désignée comme «zone humanitaire sûre». «L’attaque de samedi dernier et les nombreuses victimes nous rappellent brutalement que personne n’est en sécurité à Ghaza, où qu’il se trouve», a écrit sur X M. Lazzarini, dont les propos sont repris par le site d’information de l’ONU.

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a déclaré samedi dernier, par l’intermédiaire de son porte-parole, qu’il était «choqué et attristé par la perte de vies humaines» à Al Mawasi. De son côté, Scott Anderson, directeur des affaires de l’UNRWA à Ghaza, a affirmé avoir assisté à «l’une des pires scènes qu’il ait vues à Ghaza au cours des neuf derniers mois» lors de sa visite au complexe médical Nasser à Khan Younès après le raid aérien à Al Mawasi. «Faute de lits, de matériel d’hygiène, de draps ou de blouses en nombre suffisant, de nombreux patients ont été soignés à même le sol, sans désinfectant.

Les systèmes de ventilation étaient éteints en raison du manque d’électricité et de carburant, et l’air était imprégné de l’odeur du sang», a-t-il dit. La semaine dernière, M. Anderson a rappelé, lors d’une conférence de presse depuis Khan Younès avec des journalistes basés à New York, que neuf habitants de Ghaza sur dix sont déplacés et beaucoup «n’ont plus les moyens de déménager».

Les équipes de l’UNRWA font de leur mieux pour garantir que les besoins de base, comme l’accès à la nourriture, à l’eau, aux médicaments et aux kits d’hygiène, soient satisfaits. Parmi les obstacles constants à l’accès aux personnes dans le besoin figurent les restrictions de mouvement, la sécurité du personnel humanitaire, les problèmes de télécommunications et de carburant, a-t-il déclaré.

M. Anderson a également déploré le manque d’accès accordé aux médias internationaux par l’armée israélienne, soulignant que les reportages factuels «jouent un rôle vital pour informer le public sur ce qui se passe». «Nous exhortons les autorités israéliennes à autoriser les journalistes internationaux à entrer dans la bande de Ghaza. En même temps, tous les efforts doivent être faits pour protéger les journalistes et les professionnels des médias, où qu’ils se trouvent à Ghaza», a-t-il dit.

Le bilan de l’agression israélienne s’alourdit à 39 006 martyrs

Le bilan de l’agression génocidaire sioniste contre la bande de Ghaza s’est alourdi à 39 006 martyrs et 89 818 blessés, depuis le 7 octobre 2023, ont indiqué lundi les autorités palestiniennes de la santé. Selon la même source, 23 Palestiniens sont tombés en martyrs et 23 ont été blessés au cours des dernières 24 heures dans la bande de Ghaza dans trois attaques barbares contre des familles palestiniennes.

Les autorités palestiniennes de la santé ont indiqué qu’un certain nombre de victimes palestiniennes se trouvaient encore sous les décombres et sur les routes, et que les forces de l’occupation empêchaient les ambulances et les équipes de la Protection civile de leur porter secours. Un précédent bilan des agressions et crimes sionistes contre l’enclave palestinienne faisait état, dimanche, de 38 983 martyrs et 89 727 blessés.

Au 290e jour des attaques barbares sioniste, des dizaines de victimes palestiniens entre martyrs et blessés ont été recensés lundi, sur diverses zones de Ghaza. Depuis le 7 octobre 2023, l’armée sioniste mène une agression sauvage contre l’enclave palestinienne qui a entraîné des destructions massives d’infrastructures, en plus d’une catastrophe humanitaire sans précédent. R. N.

 

 

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