Netanyahu menace de faire subir au liban le même sort que Ghaza : Des «destructions massives» à Beyrouth

10/10/2024 mis à jour: 07:41
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Des raids israéliens incessants sur Beyrouth et de nombreuses localités du Liban - Photo : D. R.

Alors que l’armée israélienne continue à bombarder massivement le Liban, tout particulièrement les localités du Sud ainsi que le fief du Hezbollah à Beyrouth, le mouvement de résistance libanais riposte en tirant des salves de roquettes vers Israël et en repoussant les troupes sionistes au sol.

Cela fait plus de 15 jours maintenant que le Liban est rageusement pilonné par la machine de guerre sioniste, provoquant une autre catastrophe humanitaire après celle de Ghaza. Au cours de la journée d’hier, l’armée israélienne a continué à bombarder plusieurs régions du pays, notamment au sud, à l’est et autour du quartier général du Hezbollah à Beyrouth.

Dans la nuit du mardi à hier, une série de frappes intensives s’est abattue sur la banlieue sud de la capitale libanaise, causant des «destructions massives», selon l’Agence nationale d’information libanaise (ANI). «L’aviation de l’ennemi a de nouveau ciblé Haret Hreik avec un raid très violent», indique l’ANI, Haret Hreik étant un quartier de la périphérie sud de Beyrouth abritant une partie du QG du Hezbollah. «La banlieue sud de Beyrouth fait toujours l’objet d’une série de raids, dont le dernier a eu lieu à Nazlat Al Kafa’at, la route principale, qui a provoqué des destructions massives, notamment à Burj Al Barajneh, Al Kafa’at et Al Layliki», rapporte encore l’ANI en parlant des bombardements d’avant-hier soir.

Selon le ministère libanais de la Santé, le bilan des frappes aériennes sionistes sur différentes régions du Liban a été de 36 morts et 150 blessés en 24 heures, entre lundi et mardi. Le gouvernorat de Nabatieh à lui seul a enregistré 30 morts et 121 blessés, précise la même source.

Des frappes au sud et en pays druze

Durant la journée d’hier, des frappes israéliennes ont ciblé de nombreuses localités du Sud. Selon le quotidien libanais L’Orient-Le Jour, «les frappes israéliennes aériennes ont visé, au Liban-Sud : Wadi Jilo, Majdel Selm, Bourj Qalaway, Jebchit, Chebaa, Habouch, Derdghaya et Haouch». «Un tir de drone sur Adloun a été signalé, tandis qu’Alma El Chaab et Khiam ont été frappés par des tirs d’artillerie», ajoute le journal libanais.
Des raids israéliens ont été également menés dans le Chouf, une région druze du Liban, fief de Walid Joumblatt. Cela s’est passé exactement dans la localité de Wardaniyé, selon L’Orient-Le Jour. Ce raid a ciblé «un centre associatif abritant des déplacés du Liban-Sud» et «a tué quatre personnes».

De son côté, le Hezbollah a revendiqué plusieurs attaques. Selon l’AFP, deux personnes ont été tuées hier au nord d’Israël par des tirs de roquettes du Hezbollah. «Selon le Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge, un homme et une femme âgés d’environ 40 ans ont été tués par des tirs de roquettes à Kiryat Shmona, ville israélienne située à deux kilomètres de la frontière avec le Liban», rapporte l’agence française. «Nous les avons trouvés inconscients et blessés par des éclats d’obus.

Nous avons procédé à des examens médicaux, mais leurs blessures étaient graves et nous avons dû constater leur décès sur place», ont indiqué des secouristes israéliens à l’AFP. «Il s’agit des premières personnes tuées en Israël par des roquettes en provenance du Liban depuis l’intensification mi-septembre de l’offensive militaire israélienne contre le Hezbollah», note la même agence.

D’après l’armée israélienne, «environ 20 projectiles» ont été tirés par le Hezbollah hier en début d'après-midi sur Kiryat Shmona. «Le Hezbollah a revendiqué deux autres attaques aériennes contre des soldats stationnés à Kfar Giladi et Misgav Am, deux localités du nord d’Israël, proches de la frontière avec le Liban», rapporte L’Orient-Le Jour.

Le mouvement de résistance chiite a affirmé en outre dans un communiqué avoir ciblé «une force d'infanterie israélienne qui a tenté d'infiltrer la zone de Labouneh, avec des missiles qui ont causé des morts et des blessés» parmi les soldats sionistes. Le groupe chiite libanais a indiqué par ailleurs avoir visé des troupes israéliennes à Mays Al Jabal, un village frontalier, «avec des obus d’artillerie».

Le Hezbollah tient le choc

Alors que Benyamin Netanyahu et avec lui l’ensemble de l’establishment politique et militaire israéliens claironnent que le Hezbollah est considérablement affaibli après que la machine de guerre sioniste ait éliminé son chef historique, Hassan Nasrallah, décapité son état-major et détruit une bonne partie de ses structures et de son arsenal, sur le terrain, le mouvement islamiste chiite montre qu’il tient le choc comme l’illustrent ces faits d’armes.

Ce mardi, le Premier ministre israélien s’est adressé aux Libanais via un message vidéo pour les exhorter à se défaire du Hezbollah en s’employant à raviver les tensions communautaires. S’ils ne se «libéraient» pas du «Hizb», il leur fera subir, a-t-il menacé, le même sort que les Palestiniens, leur promettant «des destructions et des souffrances comme celles de Ghaza». Il a laissé entendre dans la foulée que Hachem Safieddine, le probable successeur de Hassan Nasrallah, a été tué. «Nous avons éliminé Nasrallah et le remplaçant de Nasrallah et le remplaçant de son remplaçant», s’est vanté le leader d’extrême droite sioniste.

Par un curieux timing, le numéro deux du Hezbollah, Naïm Qassem, a fait une déclaration publique qui résonne presque comme une réplique à Netanyahu. Le vice-secrétaire général du Hezbollah a catégoriquement réfuté la thèse selon laquelle le Hezbollah est fini. «La direction du Hezbollah est parfaitement organisée», a-t-il assuré.

«Chaque jour, nous engrangeons de nombreux succès : des centaines de roquettes sont tirées, des dizaines de drones, un grand nombre de colonies et de villes israéliennes sont sous le feu des missiles de la résistance», argue-t-il. «Je vous rassure que nos capacités sont bonnes, contrairement à ce que dit l’ennemi qui prétend nous avoir affaiblis», a-t-il insisté, selon des propos repris par l’AFP. Et de marteler : «Nous n’avons pas peur.

Nous sommes les fils de Nasrallah.»  Le ministère russe des Affaires étrangères a confirmé que le Hezbollah conserve tout son potentiel de résistance et d’action. «Selon nos estimations, le Hezbollah, y compris sa branche militaire, n’a pas perdu sa chaîne de commandement et fait preuve d’organisation», a déclaré à ce propos hier la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

Pedro Sanchez dénonce l’offensive israélienne contre le Liban : «C’est une invasion !»

Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, s’est exprimé hier sur la situation au Liban et a qualifié d’«invasion» l’offensive militaire que mène l’armée israélienne dans ce pays avec une brutalité inouïe comme en Palestine occupée. «Il est clair qu’il y a une invasion par un pays tiers d’un Etat souverain comme le Liban et, par conséquent, la communauté internationale ne peut pas rester indifférente», a martelé le chef du gouvernement socialiste pendant un débat au Parlement, rapporte l’AFP. «Nous avons dénoncé cette situation en Ukraine, nous l’avons également dénoncée à Ghaza et, désormais, nous dénonçons aussi l’invasion du Liban», explique le dirigeant espagnol, mettant en avant ce qu’il définit comme de la «cohérence diplomatique».

Le Premier ministre espagnol, qui depuis le début de la guerre contre Ghaza a fait preuve d’une solidarité sans faille à l’égard de la population palestinienne, dit regretter «l’absence d’accord au sein de l’Union européenne» sur la situation au Proche-Orient. «Je le regrette parce que je crois que sur ces questions, nous devrions être cohérents non pas avec notre position mais cohérents avec la défense du droit international et du droit international humanitaire», a-t-il souligné. M. B.

Une conférence internationale sur le Liban à Paris

La capitale française accueillera dans quelques jours une conférence internationale consacrée au Liban. Cette conférence, à laquelle a appelé Emmanuel Macron, est prévue le 24 octobre. C’est ce qu’a annoncé hier le Quai d’Orsay à travers un communiqué. «Cette conférence ministérielle réunira les Etats partenaires du Liban, les Nations unies, l’Union européenne et les organisations internationales, régionales et de la société civile», précise le ministère français des Affaires étrangères.

Cette réunion «aura pour objectif de mobiliser la communauté internationale pour répondre aux besoins de protection et de secours d’urgence de la population du Liban et d’identifier les voies d’un soutien aux institutions du Liban, en particulier des Forces armées libanaises, garantes de la stabilité interne du pays», a indiqué la même source. M. B.

 

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