La mer Méditerranée a été le théâtre d’un nouveau drame. Une embarcation transportant 45 personnes dont trois enfants, partie jeudi de Sfax en Tunisie, a fait 41 morts au large de l’île de Lampedusa, a rapporté hier l’agence de presse italienne Ansa, s’appuyant sur les récits de quatre survivants.
Aussitôt l’information publiée, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a réitéré ses appels pour que «les voies légales de migration soient plus sûres». Si les bateaux sont partis de Sfax, en Tunisie, de nombreux passagers seraient originaires de pays d’Afrique subsaharienne.
Dans une déclaration lundi, le Coordinateur de l’Unicef pour la réponse nationale en Italie, Nicola Dell'Arciprete, a dit que le fonds était profondément attristé par le nouveau naufrage en Méditerranée. Une femme enceinte et un jeune enfant sont morts lorsque deux bateaux transportant des dizaines de migrants ont coulé dans une mer agitée au large de l’île italienne de Lampedusa.
«Cette fois, une mère enceinte fait partie des personnes qui ont perdu la vie au large de Lampedusa, en Italie. Un enfant de 18 mois qui voyageait avec sa mère est également décédé. Une trentaine de personnes, dont des enfants, sont toujours portées disparues. Nos pensées vont à toutes les personnes touchées par cette tragédie », a-t-elle déclaré.
Les quatre rescapés, trois hommes et une femme originaires de Côte d’Ivoire et de Guinée, ont été débarqués par les garde-côtes à Lampedusa. Le lien n’est pas encore clairement établi entre ce navire et les deux bateaux dont les autorités italiennes ont rapporté le naufrage dimanche. Celles-ci avaient alors fait état de deux morts, 30 personnes disparues et 57 survivants.
En tout et pour tout, près de 93 700 migrants sont arrivés en Italie par la mer cette année contre 44 700 à la même période l’an dernier. Mme Dell’Arciprete a rappelé qu’au cours des six premiers mois de l’année, au moins 289 enfants sont morts ou ont disparu en tentant de traverser la Méditerranée centrale pour rejoindre l’Europe.
Comme de nombreux naufrages ne laissent aucun survivant, le nombre réel d’enfants victimes est probablement beaucoup plus élevé.
Ce chiffre reste deux fois plus important que celui des six premiers mois de 2022, a précisé l’Unicef, appelant à la création de couloirs humanitaires sûrs permettant aux enfants de trouver refuge en Europe.
Au cours des trois premiers mois de 2023, 3300 enfants effectuant la traversée - soit 71% du nombre total - n’étaient pas accompagnés ou avaient été séparés de leurs familles, selon la même source.
«Nous demandons instamment aux dirigeants de créer des voies légales plus sûres pour la migration et l'asile dans l'Union européenne, et de coordonner les opérations de recherche et de sauvetage afin d'éviter les décès en mer. Il faut faire davantage pour protéger les enfants dans leurs pays d'origine, de transit et d'arrivée», souligne Nicola Dell’Arciprete.
«Le nombre d’enfants qui ont perdu leur vie en essayant de traverser la Méditerranée pour atteindre l’Europe a doublé sur la première moitié de l’année par rapport à la même période de l’année dernière», a déclaré la responsable aux migrations et aux déplacés à l’Unicef, Verena Knaus. Il y a quelques semaines a eu lieu l’un des pires naufrages au large de la Grèce. Parti des côtes libyennes, le chalutier s’est abîmé dans la nuit du 13 au 14 juin à 87 kilomètres des côtes grecques, dans les eaux internationales.
D’après les rescapés, en majorité des Syriens, des Egyptiens et des Pakistanais, près de 750 personnes se trouvaient à bord.
Seules 104 ont pu être secourues, 84 corps ont été repêchés et 500 migrants demeurent introuvables.