Président de l’Association des Comités nationaux olympiques d’Afrique (ACNOA), l’Algérien Mustapha Berraf est à Paris où il est au plus près du Comité exécutif du CIO et plus proche des Comités nationaux olympiques. Animateur inlassable du mouvement sportif africain, il nous dit, dans cet entretien et dans un élan d’optimisme, que les sportifs du continent vont se distinguer avntageusement aux yeux du monde lors de ces JO.
Monsieur le Président, tout d’abord, avez-vous apprécié la cérémonie d’ouverture des JO de vendredi soir ?
Elle était unique et historique. Unique par les moyens colossaux déployés et historique par le nouveau cadre urbain qui a servi de décor en dehors du stade qui était traditionnellement le parcours du défilé des délégations. Une cérémonie d’ouverture grandiose qui va marquer durablement les esprits et qui mettra haut la barre aux organisateurs des Jeux olympiques à venir.
Dans quel état d’esprit se trouvent l’ACNOA et les athlètes africains à Paris ?
Les Jeux olympiques sont un moment de rassemblement, de communion et de partage des valeurs olympiques. Tous les pays africains se sont appropriés cette assertion. C’est donc vous dire tout l’engouement des différents CNO du continent à participer à cette manifestation. Par ailleurs, tous les pays africains ont reçu, à travers leurs différents CNO, une invitation officielle du Comité international olympique pour participer à cet événement. Fort de tout ce que je viens d’évoquer, je peux vous dire que ce sont les 54 Comités nationaux olympiques africains qui participent à cette grande fête. Il n’est nul besoin de vous rappeller qu’aux Jeux de Tokyo 2020 tous les CNO du continent avaient pris également part à cette manifestation. Relativement à l’état d’esprit au niveau de nos athlètes, je peux vous le dire avec assurance, car j’échange régulièrement avec plusieurs d’entre eux, il est au beau fixe. Nos sportifs ont su intégrer l’idée que les vertus de fair-play, de don de soi ainsi que la volonté de repousser les limites quelles qu’elles soient, sont nécessaires. Ils croient aux valeurs du sport pour aller de l›avant. Il savent que Paris 2024 est une excellente opportunité pour eux de briller, ils sauront le faire.
Etes-vous satisfait des conditions dans lesquelles se sont préparés les athlètes africains ?
L’ACNOA a accompagné tout le processus de préparation de notre continent à ces Jeux qui vont révéler une fois de plus au monde entier l’immensité des talents que possèdent nos jeunes athlètes. Vous savez, la participation à une telle manifestation ne se mesure pas seulement par le nombre de médailles glanées, mais aussi et surtout par des indicateurs tels que le nombre de CNO présents et le comportement individuel des athlètes en dehors et sur les aires de jeux. L’ACNOA et ses partenaires ont donc mis l’accent sur ces trois axes bien précis et je pense que les conditions de préparation de ces athlètes sont en nette progression par rapport aux éditions précédentes.
Plusieurs parmi eux se sont préparés en Europe, en Amérique et même en Asie. D’autres l’ont fait localement. Bien évidemment, plusieurs centres olympafrica ont également constitué des territoires de préparation pour bon nombre d’entre eux. Toute chose qui montre le caractère pluri-usages de ces infrastructures mises à la disposition de la jeunesse continentale par notre institution. Le remarquable travail en synergie a permis d’assurer une préparation optimale des athlètes pour ces jeux. Bien sûr, je n’oublie pas les gouvernements, les confédérations sportives continentales et d’autres partenaires que je tiens à remercier pour leur implication sans réserve au processus de préparation de nos sportifs.
A Paris, nos athlètes vont se montrer enthousiastes, conquérants et dignes, au regard de la préparation multidimensionnelle reçue.
Quelles attentes avez-vous de la participation africaine à cet événement ?
Le gain de l’Afrique à Paris 2024 devrait avoir un caractère multiformes. Sur le plan philosophique, les athlètes du continent vont renforcer plusieurs qualités, notamment donner le meilleur d’eux-mêmes ou faire preuve de discipline ; des valeurs qui sont bénéfiques à l’épanouissement personnel, non seulement sur les terrains de sport, mais aussi en dehors. La mise sur pied des centres Olympafrica sur le continent en faveur des jeunes Africains est une pépinière incommensurable qui est aussi au début de ce processus de construction d’une moralité et mentalité olympique et sportive saine et puissante qui prépare la jeunesse à prendre part à des rendez-vous importants tel les Jeux olympiques. Les centres Olympafrica sont ce que l’ACNOA a de primordial dans la promotion du sport.
Il faut le préciser, les Jeux olympiques jouent un rôle primordial dans le développement sportif et personnel de chaque participant. Ils lui permettent de vivre une atmosphère olympique extraordinaire, l’ambiance d’un événement multisports d’envergure, mais aussi l’esprit olympique, dont les fondements sont : la rencontre d’autres cultures, l’échange et l’apprentissage de la vie.
Sur le plan sportif, certains pourront battre leurs propres records ou des records olympiques ; d’autres vont glaner des médailles car comme vous le savez, nous espérons sur ce terrain, faire mieux qu’à Tokyo 2020.
Quel est le message que le président de l’ACNOA adresse aux athlètes africains au coup d’envoi de Paris 2024 ?
Chers sportifs, cette manifestation est la vôtre, vous devez vous l’approprier. Pendant ces Jeux et même au-delà, sachez concourir en ayant à l’esprit la culture olympique adossée sur la promotion de plusieurs valeurs comme la compréhension mutuelle, l’esprit d’amitié, la solidarité et le fair-play.
Vous avez le devoir de respecter ces principes durant cet événement et même pendant votre carrière. Ce n’est qu’à ce prix que vous serez appelés «grands sportifs» car le talent seul ne suffit pas, le comportement dans les aires de jeux et hors de celles-ci est également un élément à prendre en compte dans la construction d’un grand champion.
A Paris 2024, sachez donc profiter de chaque instant pour imprimer des marques indélébiles qui resteront à jamais gravées dans les mémoires. Sachez aussi bénéficier de la sérénité retrouvée du mouvement olympique et sportif africain. Tous les acteurs vous accompagnent. Cet esprit de solidarité doit animer chacun de vos efforts.
Monsieur le Président, une question ouverte : s’il vous était demandé de dire comment se porte l’ACNOA aujourd’hui, que répondriez-vous ?
Je pense que l’ACNOA qui compte aujourd’hui 54 CNO membres se porte très bien. Plusieurs progrès ont été enregistrés ces dernières années. D’abord sur un plan purement institutionnel, nos zones de développement fonctionnent très bien et connaissent un rayonnement remarquable. Nos commissions font également montre d’un grand dynamisme, chacune dans son domaine de compétence.
En guise de résultats concrets de ce dynamisme affiché par notre institution, je peux notamment dire que nous offrons à la jeunesse continental plusieurs événements sportifs à l’instar des Jeux africains de la Jeunesse où aujourd’hui quatre éditions ont été organisées. Cette manifestation a, entre autres, pour objectifs, de promouvoir les valeurs de paix, de tolérance, de solidarité et de fraternité entre les peuples africains à travers le sport et la culture; de rassembler et de célébrer l’excellence de la jeunesse sportive africaine et aussi de préparer les jeunes du continent âgés de 15 à 17 ans aux échéances mondiales.
C’est aussi le cas des Jeux africains de plage dont la 2e édition a eu lieu en 2023 à Hammamet en Tunisie. Il faut également signaler que plusieurs zones de développement de l’ACNOA continuent d’organiser avec réussite, des Jeux de zones. Je voudrais indiquer qu’à côté de ces manifestations organisées par l’ACNOA et par ses démembrements que sont les zones, notre institution dirige régulièrement les délégations africaines aux Jeux olympiques d’été, aux Jeux olympiques d’hiver, aux Jeux olympiques de la jeunesse d’été, aux Jeux olympiques de la jeunesse d’hiver et dans d’autres manifestations, à l’instar des Jeux du Commonwealth, etc. Sur le plan de la coopération, nous avons signé plusieurs accords et avons continué d’entretenir des relations avec les partenaires déjà acquis. Je me félicite à titre d’exemple du partenariat avec le CNO sud-coréen qui a permis une mobilité des athlètes africains.
La solidarité olympique est resté un allié fiable pour les nombreux projets et programmes orientés en direction de la jeunesse du continent. Et que dire d’Olympafrica, désormais présent aux quatre coins de l’Afrique à travers ses centres et qui constitue pour notre organisation, un puissant instrument permettant aux jeunes de pratiquer leur sport favori et de mener des activités socio-professionnelles bénéfiques à leur épanouissement dans la société. Notre institution accompagne également le Sénégal dans les actions de préparation des 4es Jeux olympiques de la jeunesse. Une première dans le continent.
Par ailleurs, il est important de signaler que depuis 2021, l’ACNOA s’est dotée d’un plan stratégique quadriennal qui constitue une véritable boussole pour ses nombreuses actions.
Il faut aussi indiquer le Programme de construction des sièges des CNO africains qui est aujourd’hui dans sa phase de mise en œuvre et qui permet aux CNO non pourvus de se doter de sièges dignes de ce nom. Je ne saurais lister de manière exhaustive toutes les actions menées sur le terrain et qui permettent aujourd’hui de dire, sans nous tromper, que l’ACNOA est sur une courbe très ascendante, donc positive. Elle se porte très bien et le mouvement olympique et sportif africain fait un avec la sérénité retrouvée. L’ACNOA offre à la jeunesse africaine une éducation par le développement du sport pour un futur prometteur. L’important est de créer un environnement pacifique et propice au développement des jeunes pour qu’ils puissent devenir des leaders actifs et responsables dans une Afrique unie et prospère.
Quel est votre dernier mot ?
Je voudrais appeler à l’unité et à la solidarité en direction de tous les acteurs du mouvement olympique et sportif africain. L’ACNOA ne va jamais déroger aux règles de l’olympisme édictées par le Comité International olympique.
Nous sommes engagés à poursuivre la mise en œuvre de notre plan stratégique jusqu’à son terme. Nous allons lancer de nouvelles perspectives dans le but de dynamiser la pratique du sport à travers le développement des compétences des athlètes et l’organisation de compétitions sportives de haute qualité.
L›encadrement des athlètes et techniciens du sport fait partie de nos priorités. Nous irons au bout de nos objectifs ensemble. La jeunesse africaine doit profiter au maximum de ce management axé sur la fraternité et les bons résultats. Notre comportement doit être excellent.