Musique : Danyl met le rap sur un bon raï

29/04/2024 mis à jour: 01:32
AFP
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Photo : D. R.

Il cite Cheb Mami dans ses chansons et pose en fan à côté de Khaled sur Instagram : à 25 ans, Danyl fait partie de cette génération, entre France et Algérie, qui parfume son rap au raï.

L’artiste vient de passer au Printemps de Bourges et se produira le 14 novembre à La Cigale à Paris. Il avait aussi rempli La Maroquinerie à Paris à l’automne 2023 sur la foi de deux singles... «Je me disais : ‘Les gens ne vont connaître que deux sons, ils vont croiser les bras après’», se souvient Danyl pour l’AFP.

S’il n’a pas la productivité de Jul, il partage en revanche beaucoup de morceaux en train de se faire sur les réseaux. «Les gens connaissaient tout par cœur», se réjouit le Franco-Algérien. «Il faut quand même que je sois plus généreux sur les sorties», rebondit le chanteur, qui distille les poignées de titres rassemblés dans le projet «Khedma».

Soit «travail» en arabe, même si le natif du Val-de-Marne, aujourd’hui à Paris, chante en français. Dans son titre phare, Bledi mon amour, il glisse le nom de Cheb Mami. Pourtant, le raï, dont ce chanteur est une figure, fut d’abord «un rejet». «Je disais à mon père que ça me saoulait.»

Ce fan du rappeur Drake y voyait même un «sous-genre». Mais en façonnant sa musique, d’abord sur l’ordinateur de sa mère, il se met à «emprunter des accords raï, cette musique qui tournait dans la voiture en famille».

«Danyl mélange les musiques orientales entendues avec ses parents dans un rap qui n’est pas pur et dur, qui a un côté pop. C’est une ouverture intéressante», salue auprès de l’AFP Jean-Michel Dupas, programmateur du Printemps de Bourges.

Richesse culturelle

«C’est en discutant en interview que je me rends compte du processus», souligne l’intéressé, qui réalise aujourd’hui que ce qui lui avait plu dans Guérilla de Soolking, ce sont ces «vibes raï».  L’année dernière, un séjour en Algérie tourne au pèlerinage à Oran, ville de Cheb Hasni, prince du raï sentimental, assassiné en 1994 à 26 ans par des islamistes.

«Alors que le peuple algérien est très fier, ‘on est des hommes, on ne pleure pas’, lui se plaint de ses détresses amoureuses», décortique Danyl.  Une influence qu’on retrouve dans deux titres mélancoliques, Galbi et L’amour c’est pour les autres, alors que son répertoire est plutôt festif. Khaled, il le croise par hasard et lui demande une photo pour la poster, tout fier, d’abord sur le réseau social de sa famille.

Et d’orienter la conversation sur le spectacle 1, 2, 3 Soleil, avec Khaled, Rachid Taha et Faudel remplissant Bercy en 1998, année de sa naissance. «Le raï est une richesse culturelle qui a sa place en France. Bon, les attentats de 2001 ont fait baisser notre cote mais c’est en train de revenir.

Les choses vont dans le bon sens dans la musique, enfin j’espère.»  Pour lui aussi, les choses vont dans le bon sens. Sa carrière solo est lancée après les premières parties pour TIF, rappeur en vue, lui aussi entre France et Algérie.  Danyl confesse toutefois avoir «loupé le coche» avec Ninho, à qui il avait proposé des compositions.

«Un jour, sur Facebook, Ninho me dit : «’Viens en studio, on va chanter sur tes prod’.» Et, là, c’est absurde, aucun sens, je lui réponds : je ne peux pas, mon père veut que je monte une commode (rires). Danyl a perdu le contact avec Ninho mais celui avec son public prend de l’épaisseur. 
 

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