Multiplication et réinitialisation

22/10/2024 mis à jour: 21:20
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Le débat relatif à la révision du découpage administratif a été relancé samedi dernier par la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, plaidant en faveur de la multiplication du nombre des communes. Le président du MSP, Hassani Cherif, avait préconisé, de son côté, lors de la dernière campagne présidentielle, l’augmentation du nombre de wilayas.

 Il proposera un aménagement du territoire «reposant sur deux entités administratives, la wilaya et la commune». La daïra est, dans la conception du représentant politique, destinée à être promue et non à être démultipliée. Le dossier mérite d’être enrichi et développé afin de synthétiser la formule la mieux adaptée aux réalités locales et aux attentes de la population. 

Ce sera, du reste, l’occasion d’un redémarrage du débat politique qui se révélera nécessairement porteur, vu qu’il sera axé sur le cadre de vie des citoyens. Il y a dès lors un consensus sur l’état de sous-représentation des territoires, rendant aléatoire la bonne gestion des affaires locales. 

L’administration centrale attend sans doute que la question soit affinée et les propositions suffisamment étayées avant de soumettre un projet de réforme aux instances compétentes. Les erreurs à ne pas commettre sont notoires, elles ont déjà été éprouvées par le passé, lors de l’ancien règne qui avait réussi à installer le marasme en pleine embellie financière. La mesure la plus connue était celle d’augmenter les indemnités des élus locaux, en les indexant sur le nombre d’habitants de la circonscription concernée. Une sorte de prime à l’inaction, faisant passer au second plan la responsabilité accrue induite par la charge de travail qui s’accumule dans les services communaux.

 Il est impossible de transposer le principe traditionnel du bénévolat adopté dans les comités de village, lesquels enregistrent des prouesses dans leur activité, mais il est important de réinventer au sein des assemblées locales le sens de l’engagement dans la gestion de la cité. La condition de la réussite et de l’aboutissement de ce débat est de l’expurger des lourdeurs idéologiques qui n’ont plus cours à l’ère de la transformation numérique.

 Il est hasardeux d’affirmer que la démocratie participative est de nature à remettre en cause le mandat de l’élu, ou de favoriser l’intrusion d’intérêts occultes. Même quand elle est enrayée dans le fonctionnement des assemblées locales, la démocratie participative rebondit sur les réseaux sociaux, d’où ne peuvent s’exclure les équipes en charge des affaires publiques. 

La formalisation des débats dans les structures communales, en présence des exécutifs et des responsables des différents services, présente l’avantage de consigner les propositions, avec un argumentaire circonstancié, rendant ainsi la phase d’arbitrage autrement plus simple et dénuée des situations conflictuelles. 

Ces dernières, on s’en souvient, surgissaient dans la rue, allant jusqu’au blocage des APC, laissant planer alors des interrogations sur ces actions qui pouvaient être motivées par des intérêts non identifiés.  

Sur un autre plan, l’éviction de la daïra dans l’organisation de l’administration locale est une option partagée par nombre d’acteurs politiques, parfois de courants différents. Le rôle de l’administration a été raffermi au lendemain de la première expérience des élections pluralistes locales, marquée par les embardées des nouveaux exécutifs qui avaient une vision particulière et inattendue de la gestion des affaires et des biens communaux. 

Plusieurs décennies plus tard, il s’agit de distinguer la part de la bureaucratie et celle de l’accompagnement des élus locaux dans l’exercice de leur mission. Afin de faire coïncider cette dernière avec les préoccupations premières des habitants, le système de gestion et de représentation des collectivités locales doit être, non seulement déconcentré, mais aussi réinitialisé.
 

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