Mosquée du lotissement Ben Naâmoune à Constantine : Les habitants réclament la mise en valeur de nos érudits

17/01/2024 mis à jour: 01:19
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Cheikh El Hacène Belamri

La mise en valeur des érudits et savants locaux est devenue une nécessité pour promouvoir le patrimoine culturel et historique. Cela est particulièrement pertinent pour les infrastructures emblématiques comme les mosquées, qui peuvent être baptisées en l’honneur de ces personnalités éminentes. 

Partant de cette idée, les habitants du lotissement Ben Naâmoune, situé à Aïn El Bey dans la ville de Constantine, ont proposé de baptiser la mosquée, encore en état de projet sur les lieux, au nom de cheikh El Hacène Belamri. 

Les concernés se sont dits surpris en apprenant que la direction des affaires religieuses et des wakfs de la wilaya de Constantine a rejeté leur demande, en proposant de donner à cette mosquée le nom d’Abdullah ibn Salem, un compagnon du Prophète Mohammed (QSSSL). Ce dernier était un rabbin juif très connu à Médine et grand connaisseur de la Torah avant sa conversion à l’Islam et sa participation à plusieurs conquêtes. 

D’ailleurs, la plus grande synagogue d’Oran, transformée en mosquée en 1972, porte aujourd’hui son nom. «Nous ne sommes pas contre le fait que nos mosquées portent les noms des compagnons du Prophète. La preuve est que dans la wilaya, on peut trouver plusieurs mosquées et écoles portant souvent les mêmes noms, sachant que de nombreux oulémas et savants de la ville de Constantine sont encore méconnus par la nouvelle génération», a déclaré un riverain à El Watan.

 Et d’insister sur l’importance et la portée de ces actions. «Cette revendication peut paraître banale, mais en réalité, elle ne l’est pas. Il s’agit d’une autre forme d’enseignement d’une partie de notre histoire, surtout que cheikh El Hacène Belamri est un savant très connu à son époque et a beaucoup donné pour la ville de Constantine durant et après l’époque coloniale», a-t-il ajouté. Selon les habitants, ces dénominations sont une manière de reconnaître les contributions de ces érudits. En plus de l’absence de rencontres culturelles faisant connaître ces personnalités, les habitants n’ont pas ménagé les autorités qui n’accomplissent pas leur rôle. 
 

Une personnalité au riche parcours

Contacté par El Watan, Belkhir Boudraâ, directeur des affaires religieuses et des wakfs de la wilaya, a réfuté tout ce qui a été avancé par ces habitants. Il a estimé que le choix des noms se fait par une commission spécialisée composée de personnes bien informées et bien placées dans ce domaine ainsi que d’associations religieuses. «Il s’agit peut-être d’une personne inconnue et n’a rien laissé derrière elle, comme les autres savants algériens, à l’instar de cheikh Mohamed Bachir El Ibrahimi, cheikh Larbi Tébessi et El Ouartilani. 

D’autant plus, les mosquées sont baptisées au nom des savants algériens, compagnons du Prophète ou des martyrs», a-t-il expliqué à El Watan. Et de souligner que les associations ont le droit de proposer un nom, mais il sera maintenu selon certains critères. «Si on ouvre le champ à tout le monde, n’importe qui va nous imposer le nom de son grand-père à la mosquée du quartier», a-t-il conclu.

Pour l’histoire, cheikh El Hacène Belamri, né en août 1924, est l’une des figures de la ville de Constantine, restée inconnue durant de longues années. Pourtant doté d’une intelligence particulière, cheikh Belamri avait un riche parcours et fut l’élève de nombreux érudits, tels que Younes Alouwi, Mohamed Tahar Benzagouta et El Ouartilani. Il avait assisté aux cours de cheikh Abdelhamid Benbadis. El Hacène Belamri avait également fréquenté de grandes personnalités algériennes marquant l’histoire du pays et de la ville. De par son engagement et dans le même esprit du mouvement réformiste musulman, il n’a cessé de donner des cours durant l’époque coloniale, en particulier entre 1947 et 1949 à l’école El Kettania. 

Ses enseignements se sont étalés même aux autres mosquées et zaouïas. Cheikh Belamri, connu à son époque par les Constantinois, avait continué à former des générations d’élèves après l’indépendance jusqu’à 1989, où il a pris sa retraite avant son décès en août 1994.                         

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