Mon Arc et Yeha, nouveau livre de Samy Assad : Créativité et sensibilité

03/08/2024 mis à jour: 21:27
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Samy Assad, écrivain

 L’ouvrage de Samy Assad retrace l'itinéraire fictionnel  d’un aventurier camerounais qui veut se rendre clandestinement en Europe, mais il se retrouve égaré dans le Sud algérien, avant d’entamer un voyage plein de surprises à l'intérieur du pays.  Un roman déroutant…   

Très jeune, Samy Assad se lance dans l’écriture livresque. Il est, d’ailleurs, prolifique en la matière compte tenu du nombre de publications mises sur les étals en si peu de temps. Il vient de  signer son cinquième livre. Il s’agit d’un roman écrit avec une certaine sensibilité artistique. Le livre commence par une interrogation. «Existe-t-il une seule et même réalité ?», s’interroge, d’emblée, l’auteur qui  tente une approche purement philosophique. «Je serais tenté de répondre par la négative, mais il se pourrait que nos réalités multiples se rencontrent et s’entremêlent quelque part, au sein d’une séquence unique et intemporelle. 

Ce serait alors la vérité !» Une réponse qui puise son essence d’une pensée réflexive sur  l’effort et la souffrance ainsi que la remise en question. Samy commence ainsi à scruter l’itinéraire de Roger Omam-Biyik, ce vendeur de sandwichs de grillades au complexe omnisports de Japoma, à Douala, au Cameroun, qui s’est fait une large notoriété au local Roger, l’écumeur de gloires, c’est ainsi que Samy intitule le premier chapitre de son roman afin d’assurer certainement une corrélation entre la présentation du livre et l’entame de l’intrigue ainsi que l’histoire de ce gargotier ambulant qui, en dépit d’un travail harassant, sa situation sociale n’a pas changé d’un iota. Il  arrive à peine à subvenir aux besoins élémentaires de sa famille. Le jeune  gargotier essaie d’imaginer une situation confortable sous d’autres cieux. Un rêve qu’il veut exaucer sans trop tarder. Il décide de mettre son plan en évidence. La décision est ainsi prise pour partir en Europe. Roger n’attend que le jour de l’exécution de son plan. Il profite donc de la période d’un match décisif où tout le monde était occupé dans l’effervescence de cette belle empoignade sportive pour prendre la fuite à travers un plan minutieusement et préalablement préparé. Des passeurs l’attendaient à une sortie discrète du stade pour le transporter vers une forêt où il devait passer la nuit avant de quitter le pays. 
 

De Douala à Azazga 

Un voyage partagé entre l’angoisse d’être refoulé et l’espoir d’arriver à la destination souhaitée.  Une aventure pénible. Tout ne fait que commencer dans un camion au cœur d’un désert à perte de vue. Un éprouvant voyage au bout de l’inconnu jusqu’à ce que Roger se retrouve égaré, seul,  dans le  sud de Tamanrasset. Entre le désert et la misère, le jeune aventurier trouve un téléphone qui a sonné et au bout de file, quelqu’un qui cherche après un berger. Ne comprenant rien de la conversation, il met fin à l’appel. Le migrant camerounais passe la nuit dans une grotte. 

Un nouvel appel l’arrache de son sommeil paradoxal. Le nom de Yeha s’affiche sur l’écran. Essayant de comprendre ce que voulait l'appelant en vain. Le pauvre migrant reprend son bâton de pèlerin pour une longue et éprouvante marche dans le désert dans l’espoir de trouver quelqu’un qui le transportera vers le Nord. L’histoire laisse toujours le lecteur sur un goût d’inachevé durant toute  la progression du récit. Ainsi, sans trop tarder, l’intrigue, les personnages,  l'espace,  le temps  et le narrateur se confondent dans un environnement plein d'événements. 

Ces derniers consistent en un voyage  fictionnel où l’imaginaire a pris le dessus dans une perpétuelle ambiance chimérique, surtout  à l’arrivée de Roger à Ghardaïa grâce  un touriste algérien, établi en France, qui l’a transporté dans son véhicule depuis le sud de Tamanrasset.  Là, on découvre les  multiples situations d’un jeune en proie à des épreuves énigmatiques. Voulant certainement  donner une touche ayant trait au patrimoine et au tourisme, Samy met en exergue les potentialités touristiques et historiques dont recèle la vallée du M'zab et la région des Aurès puisque la prochaine destination de Roger est Timgad.  L’aventurier camerounais se dirige vers l’Arc de Timgad où il découvre le sage des ruines. Des moments de magie  à travers un amalgame qui le conduira vers d’autres lieux aux cultures multiples.

 Après les hamadas du Sud, la région  des M’zab et les Aurès, le cuisinier de Douala se rend en Kabylie, à Azazga, tout en restant dans l'itinéraire qui lui est fixé par le fameux  amalgame magique qui le conduira à Tazerout, un village de la région. 

Un autre épisode désoriente Roger quand il découvre le mot «Yelha hou ha hou»  prononcé par Mokrane, l’époux de Sekoura, lors de l’inscription de son nouveau-né à la mairie. Toujours dans l'incompréhension, il quitte la Kabylie pour revenir à Timgad et revoir le spectre de Thamugadi (Timgad) et rencontrer Tamenzut. Des scènes qui laissent penser à l’univers Marvel. Des actions qui ajoutent  l'interminable doute au pauvres Camerounais accueilli par le monarque qui l’a projeté vers la structure située près de l’Arc de triomphe romain de la cité antique. Puis,  dans un lieu qu’il ne connaît pas. Le récit  est enveloppé dans des expressions ontologiquement ressenties.  Dans l'ultime étape de ce voyage chimérique, le mystérieux Yehahouhahou sort de son mutisme énigmatique pour  se rappeler qu’il est finalement originaire d’Azazga. 

C’est un roman vraiment déroutant  puisque  le déroulement de l’intrigue peut rendre  difficile le déchiffrement du message d’un lecteur à un autre.   Samy Assad, ce diplômé de l’école supérieure d'hôtellerie, ESHRA, d’Alger, âgé de 27 ans,  très porté, dit-il, sur la bande dessinée, s’est largement inspiré de la réalité sociale, culturelle,  historique et archéologique pour raconter l’histoire et la mettre dans un contexte aux multiples facettes.  

Hafid Azzouzi  
 

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