Mois du patrimoine : L’imam El Maghili, porte-étendard de l’islam et de la pensée en Afrique

07/05/2023 mis à jour: 03:03
APS
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L’imam Abdelkrim El Maghili a établi des passerelles entre l’Algérie et le Sahel

Ambassadeur du réformisme religieux, social et politique, porte-étendard de l’Islam dans plusieurs pays d’Afrique, l’imam algérien Mohamed Ben Abdelkrim Al Maghili (1425-1504) avait assuré un rôle pionnier dans la propagation de l’Islam tolérant basé sur une approche globale visant la bonne gouvernance et la stabilité des sociétés africaines.

Avec l’apport d’El Maghili, fils de Tlemcen, les populations de nombreux pays d’Afrique ont connu une voie tolérante de l’Islam et une stabilité pérenne, particulièrement dans le Sahel et l’Afrique de l’ouest. Pour le Secrétaire général du Haut conseil islamique (HCI), Bouzid Boumediene, El Maghili peut être considéré comme une «nouvelle propagation de l’Islam en Afrique», la longue période passée dans ses différents pays a fait de lui «une référence religieuse, sociale et politique qui a aussi appuyé la présence de la tariqa El Qadiria dans le continent». Bouzid Boumediene considère également El Maghili comme un lien entre l’héritage spirituel algérien et l’héritage spirituel africain. 

Pour sa part, l’universitaire Hadj Ahmed El Ziouani, descendant de Abdelkrim El Maghili, indique que l’imam et un «référent algérien» qui a établi des passerelles entre l’Algérie et l’Afrique de l’ouest et la région du Sahel et qui a mis en place les principes d’organisation de ces Etats, comme ce fut le cas pour le royaume Songhaï du Mali et Haoussa au Nigéria. l’Emir de Kano, Aminu Ado Bayero, et Cheikh de la Tariqa El Qadiria au Nigeria, confirme la «place de choix» qu’occupe l’héritage d’El Maghili et sa personnalité sur les plans religieux et scientifiques, et sa participation à la propagation de l’Islam en Afrique de l’ouest. 

Il a également appelé à «exploiter l’héritage intellectuel d’El Maghili», qui a vécu 20 ans dans la ville de Kano au nord du Nigeria, dans la recherche scientifique et particulièrement dans le champ de la pensée politique.De son côté, le recteur de Djamaâ El Djazaïr, Mohamed Maamoune Al Kacimi Al Hoceini, considère El Maghili comme une «référence algérienne qui a occupé un rang élevé parmi ses contemporains» qui peut nous inspirer aujourd’hui les voies de la cohabitation et de la fraternité. 

Le rôle de réconciliateur entre des principautés rivales d’El Maghili est également mis en avant par Ahmed Mortadha, universitaire et ancien président de la ligue des oulémas et imams du Sahel, qui relève que l’imam a propagé l’Islam au Nigeria de manière civilisée et pacifique et sans aucune violence. Baba Camara, universitaire et membre du conseil ivoirien des affaires religieuses, explique que le parcours d’El Maghili dans la région annule la thèse d’un Islam propagé par l’épée, alors que Abdelbaset Abderrahim Adem, Cheikh de la Tidjania au Tchad met en avant le rôle de l’imam dans le rapprochement des peuples et dans l’édification des systèmes politiques de la région. 
 

Un héritage à exploiter

L’universitaire malien Mohamed Diakité a indiqué que l’Institut Ahmed Baba des hautes études et de recherches islamique de Tombouctou détient un fonds documentaire rare de manuscrits de Abdelkrim El Maghili et appelle à collecter et exploiter l’héritage de l’imam. L’Algérie avait organisé en décembre dernier le Colloque international sur «l’Imam Mohamed Ben Abdelkrim Al Maghili: Gouvernance, unité et stabilité des sociétés africaines», sous le haut patronage du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et avec la participation de nombreux universitaires, intellectuels et représentants de zaouïa d’Algérie et de nombreux pays africains et asiatiques. 

Lors de ce colloque le président de la République a approuvé la création d’un centre de recherches sous l’appellation «Centre l’imam Al Maghili pour les recherches et les études africaines et arabes» qui sera un levier du développement en Afrique. 

Le Président Tebboune a également approuvé l’adoption d’une «Semaine culturelle africaine» sous l’intitulé «Adrar, capitale de la culture africaine», dont les festivités culturelles, touristiques et économiques coïncideront avec l’anniversaire de l’imam Mohamed Ben Abdelkrim Al Maghili. Le président de la République a également approuvé la réalisation d’un long métrage sur ce savant algérien mettant en exergue ses hauts faits, ses réalisations et ses qualités, et l’adoption du Prix annuel de l’imam Al Maghili pour les études sur le patrimoine et la culture, outre la poursuite de l’organisation des éditions annuelles du colloque et la publication de tous ses travaux à travers tous les supports disponibles. 
 

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