Mise en doute par Trump : La «fierté d’être noire» a jalonné la carrière de Kamala Harris

03/08/2024 mis à jour: 21:56
AFP
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La vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris, a effectué, en mars-avril, un voyage officiel en Afrique

Fière d’être noire» et de sa culture indienne : accusée par Donald Trump de se servir de ses différentes origines par calcul politique, Kamala Harris a toujours mis en avant son métissage, et ce, bien avant la campagne pour la présidentielle de novembre. «Elle était indienne à fond et, tout d’un coup, elle a changé et elle est devenue une personne noire», a déclaré mercredi l’ancien Président et candidat républicain, une énième sortie du genre, balayée par la principale intéressée. 


Mais la polémique n’a pas été stoppée. La vice-Présidente est née en 1964 à Oakland, en Californie, d’un père jamaïcain venu étudier l’économie aux Etats-Unis, Donald Harris, et d’une mère indienne, Shyamala Gopalan, qui a émigré pour son doctorat en nutrition et endocrinologie. 


Leur rencontre a lieu à l’université de Berkeley, haut lieu du militantisme étudiant, où ils participent au mouvement pour les droits civiques, emmenant la petite Kamala aux manifestations. Après leur divorce, Kamala et sa sœur Maya sont élevées par leur mère, dans la fierté de leurs origines. Elle les emmène régulièrement en Inde et n’hésite pas à leur montrer son affection – ou son énervement – en tamoul, raconte la candidate démocrate dans un livre autobiographique publié en 2019. 

Mais Shyamala Gopalan a aussi conscience que ses deux filles sont noires : «Elle savait que son pays adoptif verrait Maya et moi comme des petites filles noires et elle était déterminée à s’assurer que nous devenions des femmes noires fières et qui s’affirment.»


«Je mourrai noire» 

Enfant, Kamala Harris bénéficie de la politique de déségrégation raciale qui consistait à transporter en bus certains enfants vers des écoles éloignées, la sienne se situant dans un quartier plus riche et blanc. Les dimanches, elle se rend dans une église de la communauté noire. «Je suis noire et fière de l’être. Je suis née noire et je mourrai noire», confiait-elle dans l’émission de radio «The Breakfast Club», en 2019. 


Sans pour autant renier ses racines indiennes, puisqu’elle apparaît à la même époque dans une vidéo avec l’actrice Mindy Kaling (connue pour la série The Office), la montrant préparer un plat indien. «Elle a complètement intégré le fait d’être noire et son héritage indien», affirme Kerry Haynie, de l’université de Duke. Kamala Harris suit les pas de son héros, Thurgood Marshall, premier juge noir nommé à la Cour suprême et avocat pour la défense des droits civiques, en choisissant l’université Howard à Washington, fondée pour accueillir les étudiants afro-américains en pleine ségrégation. Elle participe aux manifestations contre l’apartheid en Afrique du Sud et rejoint la sororité Alpha Kappa Alpha, créée par des femmes afro-américaines pour soutenir leur action dans la société. Ses 360 000 membres comptent aujourd’hui de nombreuses figures de la politique, des arts et des sciences. «C’est un signal puissant d’alignement avec les Afro-Américains», explique Christopher Clark, de l’université de Caroline du Nord.
«Myriade de nuances» 


Elle intègre ensuite l’école de droit de l’université de Californie à San Francisco, où elle est élue présidente de l’Association des étudiants en droit noirs. 

Au cours de sa carrière, d’abord en tant que procureure à San Francisco puis procureure générale de l’Etat de Californie, où elle est la première femme noire à occuper ce poste, les médias l’identifient comme telle. 
Parfois considérée comme l’équivalent féminin de Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis dont les origines ont aussi fait l’objet d’attaques du camp républicain et notamment de Donald Trump, elle devient la première femme, la première femme noire et la première personne originaire d’Asie du Sud à accéder à la vice-présidence en 2020. 

Etre noir aux Etats-Unis a toujours englobé un large spectre de définitions en raison des conséquences de l’esclavage, écrit Teresa Wiltz dans une tribune publiée par Politico. Cela inclut «une myriade de nuances de couleur de peau, de texture capillaire et d’expériences de vie». Les figures politiques les plus importantes issues de la communauté noire ont souvent été métisses, de l’abolitionniste Frederick Douglass à la militante Angela Davis, rappelle cette journaliste noire. Si Kamala Harris s’identifie comme noire, «nous devons» faire de même, conclut-elle. 

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