Le développement local continuera pour longtemps de reposer sur les trois éléments : eau, routes et électricité. Tant que ces exigences de base, indispensables dans la vie quotidienne des citoyens, ne sont pas garanties, il n’est pas possible d’entrevoir des projets d’envergure et la mise en place d’infrastructures à vocation économique ou culturelle.
L’annonce, ces derniers jours, de la tenue de différents festivals, coïncidant avec la semaine infernale qui vient de se terminer, avait d’ailleurs une étrange résonance chez des citoyens qui assistaient à la mise hors service de leurs appareils suite aux coupures de courant électrique. Ils ont été en outre moyennement convaincus par les interventions des responsables du secteur, insistant sur les records de consommation de cette énergie. A l’ère des réseaux sociaux, la contradiction vient des internautes, ne manquant pas de rappeler que des pays au climat encore plus rude ne connaissent pas de perturbation en alimentation électrique.
Des avis d’une rare pertinence sont également exprimés, lorsque l’on s’interroge sur le sort des campagnes de prévention contre les intoxications alimentaires menées ces dernières semaines avec beaucoup d’entrain par les autorités locales. Les conseils prodigués aux commerçants sur la rigueur dans la conservation des produits de consommation sont frappés d’inanité quand ce sont les appareils de réfrigération qui ne peuvent plus fonctionner et, à l’occasion, peuvent se retrouver durablement détériorés.
Quant aux simples citoyens, qui se découvrent subitement habitants de micro-zones d’ombre, ils tentent d’obtenir, pour la forme, des explications auprès de l’entreprise en charge de ce service. Ils repartent simplement avec le sentiment de reconnaissance pour ces personnels dont on oublie souvent l’abnégation et les efforts déployés en toute saison et circonstance. Lors des tempêtes de neige, ils réussissaient à rétablir le courant dans les zones les plus difficiles d’accès et parfois coupées du monde. Les pannes électriques, pendant les jours de canicule, ne sont par contre pas résorbables dans les délais voulus.
Ce sont les services chargés des études qui oublient de mettre à jour leurs dossiers en prenant en compte l’extension des habitations, la multiplication des commerces et autres entreprises consommatrices d’énergie. Le pays produit suffisamment d’électricité, et les postes transformateurs fabriqués localement sont de très haute fiabilité. Il faut donc s’interroger sur le chaînon manquant qui compromet la «continuité d’un service de qualité», mise en avant dans la communication de l’entreprise.
La question du renforcement des réseaux et leur adaptation à l’évolution démographique et de l’urbanisation se pose également dans le secteur de l’eau. L’achèvement des chantiers de nouveaux barrages hydrauliques est une très bonne nouvelle, tout comme l’annonce des projets de stations de dessalement de l’eau de mer.
Pour que cette eau arrive effectivement dans les foyers, il est indispensable de mettre à niveau, de rénover ou de réaliser les systèmes d’adduction et de distribution, ainsi que les stations de pompage et de refoulement, seul moyen de desservir les localités rurales et de montagne. Quand le citoyen empruntera, en plus, une route moins cahoteuse, il s’estimera enfin sorti des zones d’ombre.