Meziane Meriane. Pédagogue et ancien syndicaliste : «Le choix des sujets doit tenir compte du retard engendré par la Covid-19»

09/04/2023 mis à jour: 06:04
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Meziane Meriane. Pédagogue et ancien syndicaliste

Ancien syndicaliste et pédagogue, Meziane Meriane propose que la commission chargée de l’élaboration des sujets du ministère de l’Education tienne compte des «lacunes» constatées après la période de la Covid-19 dans l’assimilation des prérequis…

 

Entretien réalisé par Nassima Oulebsir

 

 

-La rentrée scolaire s’est effectuée cette année normalement après un programme adapté aux mesures prises pendant la pandémie de la Covid-19. Comment évaluez-vous les résultats de ces deux derniers trimestres qui n’ont pas connu de perturbations particulières ?
 

Effectivement, après avoir subi plusieurs contraintes pédagogiques engendrées par la Covid-19, nous voilà avec deux trimestres scolaires, certes, sans perturbations, mais avec des lacunes traînées par les élèves depuis plus de deux années. Et ces lacunes liées parfois à des pré-requis entraînent un manque d’assimilation pour les élèves. Les enseignants ont fait face à deux paramètres pédagogiques à savoir : avancer dans les cours et essayer de palier les retards dus à la Covid-19. 

Maintenant, l’évaluation par la vérification des connaissances acquises par l’élève ne concerne que le travail des deux trimestres. Or si on doit faire une évaluation globale des connaissance que doit avoir l’élève une fois arrivé en classe de terminale ou bien en fin de cycle moyen, on constate que beaucoup reste à faire pour rattraper tout le temps perdu à cause de la pandémie. 

Dans la majorité des filières, les résultats ne sont pas satisfaisants. Dans une classe de terminale scientifique, prise comme échantillon, on ne compte que trois élèves qui ont eu une note dépassant 10/20 en mathématiques... J’estime qu’il faut évaluer correctement et surtout déterminer les causes des défaillances et y remédier au troisième trimestre en essayant par exemple de refaire certains cours mal assimilés.   
 

-Comment remédier justement aux défaillances constatées, surtout qu’il reste un trimestre très court, sans omettre la charge liée à la préparation des examens nationaux et l’instauration pour la première fois d’une nouvelle évaluation pour le passage au cycle moyen ?
 

Toute la réflexion devait être axée sur comment avancer dans le programme tout en mettant en place un programme de rattrapage des leçons non faites. Mais jusque-là, on s’est attelé à avancer dans les programmes sans tenir compte du travail non effectué auparavant, ce qui a engendré des difficultés d’assimilation par l’élève de certaines notions étant donné que la base nécessaire à sa compréhension n’a pas été faite. Maintenant, les élèves seront évalués aux examens de fin d’année sur les connaissances acquises pendant l’année scolaire. J’espère que le choix des sujets va tenir compte de cette contrainte.
 

-Selon votre analyse, nous avons comme l'impression que le programme a été dispensé dans la précipitation et que les examens nationaux doivent prendre en compte ce détail…


Vu de l’extérieur, on peut estimer que l’année scolaire s’est déroulée normalement, mais l’apprentissage de l’enfant est un processus composé de trois étapes à savoir encodage, c’est-à-dire la période où il apprend des connaissances nouvelles à l’école avec son professeur, lesquelles nécessitent des pré-requis que l’enfant malheureusement n’a pas eu à cause du retard. La deuxième étape, le stockage. 

Stocker ses connaissances par des exercices pratiques et des révisions. Vient enfin la troisième étape qui est la récupération. Nous sommes appelés à respecter le rythme scolaire. L’enfant doit se reposer et récupérer. Il ne s’agit pas de forcer l’enfant au «parcœurisme», mais surtout faire dans la pratique de l’intelligence. Cela me ramène à dire qu’une reforme des examens est plus que nécessaire, la commission de choix des sujets doit tenir compte de cette contrainte très importante. Les élèves des deux dernières années ont eu moins de charge de travail et le bac leur est «cédé» à 9.5/20  de moyenne. 

Cette année, les élèves ont plus de charge de travail. J’insiste, nous devons tenir compte du choix des sujets d’examen. Il ne s’agit nullement de céder à la facilité, mais les sujets à proposer aux candidats ne doivent pas concerner les leçons pré-requises qui devaient être assimilées avant l’arrivée en classe d’examen.

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