Le tout nouveau film documentaire intitulé Le citoyen Pierre Chaulet, qui vient d’être projeté en avant-première à Alger, Constantine et Oran, du réalisateur Saïd Mehdaoui, a vraiment le mérite de mettre en lumière toute l'ampleur de l’engagement pour l’Algérie de deux défunts grands moudjahidine : Pierre Chaulet et sa femme Claudine.
Le défunt grand militant algérien d'origine française, le professeur en médecine Pierre Chaulet et sa femme Claudine ont consacré leur vie à combattre le système colonial, en s’engageant pour l’indépendance de l’Algérie.
Né à Alger en 1930, Pierre Chaulet n’était pas qu’un brillant médecin, il était surtout un militant anticolonialiste et un nationaliste déterminé. Médecin, journaliste, humaniste, militant anticolonialiste infatigable, Pierre s’était très jeune engagé pour l’indépendance, et cet engagement s’est toujours trouvé au cœur de sa vie. Le couple Chaulet a mené un combat héroïque avant et pendant la Révolution.
Au début des années 1950, Pierre a milité au sein du MTLD et s'est engagé avec son épouse Claudine pour l’indépendance de l’Algérie, au sein des toutes premières cellules de soutien où il soignait les moudjahidine malades ou blessés, dont le plus célèbre est le commandant Azzedine.
Pierre rejoint le FLN en côtoyant Larbi Ben M'hidi, Abane Ramdane, Saad Dahlab, Ben Youcef Ben Khedda, ou encore le grand militant Frantz Fanon, médecin comme lui. Arrêté en 1957 par les services spéciaux de la DST coloniale à Alger, Pierre est emprisonné, puis expulsé d’Algérie vers la France, avant son départ pour retrouver Claudine à Tunis où il est engagé dans la rédaction d’El Moudjahid, organe central du FLN. Militant infatigable, il était convaincu que, tôt ou tard, le peuple algérien verra enfin son pays indépendant. Début 1962, Pierre et Claudine sont associés à la préparation des contributions pour les négociations pour les Accords d’Evian.
Après l’indépendance, Pierre fut le pionnier de la lutte antituberculeuse en Algérie et contribua à la mise en place d’un généreux système de santé social alors qu’il occupait diverses hautes fonctions au sein du ministère de la Santé. Avec une habileté hors du commun, mû par l’empathie, il mène des travaux de recherche sur la tuberculose et met au point un ingénieux protocole thérapeutique qui lui a valu une reconnaissance planétaire de l’OMS, auprès de laquelle il devient expert. Pierre est ensuite envoyé par l’OMS au Vietnam, puis en Iran.
Ses prouesses au sein de l’OMS lui ont permis d’être reconnu comme la référence dans le programme mondial de lutte contre la tuberculose en créant un modèle universel d’épidémiologie. En 2012, Pierre tire sa révérence en France et est inhumé en Algérie. Trois ans plus tard, sa femme Claudine s’éteint à son tour à Alger à l'âge de 84 ans. La clinique des Grands Brûlés d’Alger est baptisée au nom de Pierre et Claudine Chaulet.
Pierre et Claudine étaient des militants de conviction, une conviction humaniste ancrée, servie par une droiture constante et une rigueur implacable.
C’est en ce sens que les leçons de vie de ces deux militants qu’ils étaient apparaissent en phase avec les luttes et l’engagement qu’ils ont menés.
Leur parcours est complet, accompli avec un sens de la dignité. Ils ont été deux icônes, un exemple, un symbole d’une inépuisable capacité à refleurir l’espoir de liberté. La meilleure manière de leur rendre hommage aujourd’hui est de poursuivre leur combat, sans jamais fléchir. Paix à leurs âmes.