Mer de Chine méridionale : Découverte de deux épaves remplies de trésors de la dynastie Ming

24/06/2024 mis à jour: 01:52
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 Deux navires identifiés à environ 1500 mètres au fond de la mer révèlent leurs trésors provenant de Jingdezhen, «capitale chinoise de la porcelaine», offrant aux archéologues de nouveaux éclairages sur le commerce maritime et l’histoire de la céramique en Chine.

Elles témoignent des échanges commerciaux et culturels le long de l’ancienne Route de la soie maritime dans l’océan Indien : deux épaves, découvertes dans les profondeurs de la mer de Chine méridionale, renfermant en leur sein leurs précieuses cargaisons – notamment, de nombreuses porcelaines provenant de la province du Jiangxi (sud-est de la Chine). C’est ce qu’a annoncé l’Administration nationale chinoise du patrimoine culturel (NCHA) lors d’une conférence de presse, relayée par l’agence de presse nationale chinoise Xinhua.
 

Des trésors engloutis de la «capitale de la porcelaine»

Une fois les épaves et leurs reliques repérées dès octobre 2022, à une profondeur d’environ 1500 mètres près du talus continental nord-ouest de la mer de Chine méridionale, leurs emplacements exacts ont été confirmés grâce à la détection océanographique et aux investigations sous-marines. Des submersibles habités ont plongé quarante et une fois entre 2023 et 2023. Au total et jusqu’à présent, plus de 900 artefacts (poteries, porcelaines, pièces de monnaie en cuivre, bois de charpente, bois de cerf) ont été récupérés en haute mer. La plupart ont été produits, selon les chercheurs, dans les fours de la ville Jingdezhen, dans le Jiangxi, connue comme la «capitale de la porcelaine» de la Chine. La production de porcelaine y remonterait à plus de 1700 ans. Mais ce n’est qu’à partir des dynasties Yuan (1271-1368) puis Ming (1368-1644) que la ville gagne sa renommée pour ses céramiques fines et translucides. Sous la première, les Yuan, elle commence à fabriquer les célèbres pièces bleues et blanches (qinghua), à partir du bleu de cobalt importé depuis l’ouest de l’Empire mongol. Sous la deuxième, les Ming, elle devient le principal centre de production de «l’Empire du Milieu».

La plupart des porcelaines sont destinées à la cour impériale, dont les ateliers ont été établis dans la cité. Mais la position de Jingdezhen, à proximité des ports du sud, lui permet de commercialiser ses productions à grande échelle et de les exporter vers le monde entier.
 

Des révélations sur le commerce sous la dynastie Ming

Les études menées sur la première épave révèlent qu’elle date en effet du règne de Zhengde (1506-1521), dixième empereur de la dynastie Ming (1368-1644). Sur l’embarcation, d’environ 37 mètres de long sur 11 de large, plus de 543 artefacts ont déjà été récupérés.
 

Les archéologues supposent qu’elle serait partie de la province du Fujian ou du Guangdong (sud-est de la Chine), en destination de Malacca (sud-ouest de la Malaisie) ou un autre centre commercial en Asie du Sud-Est. Sur la deuxième épave de 21 mètres sur 8, du règne du neuvième empereur des Ming Hongzhi (1488-1505), 36 artefacts ont été retrouvés.
 

Les deux navires échoués, autrefois engagés dans le commerce maritime privé, se trouvent sur les routes des expéditions menées par le célèbre marin chinois Zheng He (1371-1433) au début de la dynastie Ming. Seulement, des restrictions mises en place pour contrer les pirates japonais, souvent connues sous le nom de politique haijin (littéralement «interdiction de la mer»), interdisent par la suite aux citoyens de construire des navires à grande échelle et de se livrer à des activités commerciales maritimes sans autorisation. Des règles qui imposent de grandes difficultés aux communautés côtières chinoises et aux marchands de la mer.
 

Un nouvel éclairage sur la fabrication de la porcelaine

Pour autant, le commerce privé semble avoir continué à prospérer durant cette période, en témoignent les trésors décelés : «Les découvertes des deux épaves reflètent la prospérité du commerce maritime au milieu de la dynastie Ming, explique au China Daily Song Jianzhong, chercheur du Centre national chinois d’archéologie. 
 

Elles nous aident à explorer et comprendre les flux des navires sur l’ancienne Route maritime de la soie et la civilisation maritime en Chine». En outre, ajoute Wang Guangyao, chercheur au Musée du palais impérial de Pékin, ces dernières trouvailles apportent également un nouvel éclairage sur l’histoire de la fabrication de la porcelaine chinoise.
 

Il était par exemple auparavant considéré que les productions des fours de Longquan, principalement exportées depuis de la province du Zhejiang, avaient fortement baissé en qualité à la fin du XVe siècle. Seulement, la découverte sur la première épave d’un grand nombre de fins artefacts en céladon, cette céramique chinoise célèbre pour sa glaçure translucide de couleur vert jade, a conduit les scientifiques à reconsidérer cette notion.
 

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