L’Afrique fait face à présent à un grand défi sanitaire. La pandémie de Covid-19 a montré l’importance de produire localement des vaccins et des médicaments vitaux.
Ceci nécessite un savoir-faire technologique difficile à acquérir, car des géants du secteur pharmaceutique du Nord font tout pour entraver la possibilité pour les pays en développement et émergents de bénéficier de partages du savoir leur permettant de produire dans un marché monopolistique.
A l’initiative de l’Ethiopie, dix pays africains ont récemment proposé à l’OMS une résolution afin de favoriser l’accès au savoir-faire pharmaceutique et aux droits de fabrication nécessaires pour une production dans les pays du Sud.
Mais certaines multinationales du médicament ont tout fait pour affaiblir cette résolution, qui porte sur les médicaments essentiels, les vaccins et traitements anti-Covid-19 importés par la plupart des pays du Sud. Ces pays disposent pourtant de capacités pour les produire localement.
Certains géants pharmaceutiques veulent maintenir le monopole sur la production. Relever ce défi lié au transfert de technologies dans les pays africains est justement l’un des objectifs du Salon des produits pharmaceutiques et des équipements médicaux «El Djazair Healthcare», qui s’est tenu la semaine dernière à Dakar (Sénégal).
Lors de ce Salon, plusieurs conventions de partenariat ont été signées entre les entreprises pharmaceutiques algériennes de production et de distribution avec des plateformes de distribution de médicaments en Afrique. Ce Salon a été une occasion pour le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, de lancer, à juste titre, un appel aux Etats de l’Union africaine afin «d’accorder des avantages préférentiels aux producteurs africains».
L’Afrique dispose de plus en plus de leaders dans la fourniture de produits pharmaceutiques. Le commerce du médicament est principalement intra-africain, puisque près de 40% des exportations sont à destination des pays du continent.
Le reste des exportations africaines du médicament part vers l’UE, le Yémen et l’Arabie Saoudite. Malheureusement, en ce qui concerne l’approvisionnement en matières premières, les pays africains dépendent surtout de l’Asie.
D’où le grand intérêt que constitue la création de l’Agence africaine du médicament, dont le traité de création est entré en vigueur en 2021 et qui ambitionne de contribuer à la réduction de la dépendance dangereuse du continent à l’égard des produits médicaux importés.
Selon l’Union africaine, cette Agence n’est pas destinée à être une entité autonome responsable de la réglementation des médicaments à travers le continent, et n’a nullement vocation à se substituer aux autorités de réglementations nationales existantes, mais constitue un organe de coordination qui contribuera à promouvoir l’adoption et l’harmonisation des politiques, normes et lignes directrices réglementaires sur les produits médicaux sur le continent.
Selon ses concepteurs, cette Agence de réglementation des produits pharmaceutiques vise à mettre en commun les ressources et les expertises du continent africain afin de remédier au manque d’accès à des produits médicaux de qualité et abordables.