Le ministre de l’Éducation nationale, Abdelhakim Belabed, annonce la mise en place d’une nouvelle «approche» en matière de préparation des sujets des examens scolaires nationaux, notamment du baccalauréat, basée sur les guides de préparation des épreuves et prenant en compte «les critères d’évaluation pédagogique et psychologique à même d’inciter l’élève».
Répondant à des questions orales posées par les députés lors d'une plénière tenue jeudi dernier à l'APN, le ministre avouera que plusieurs élèves «ont été privés l’an dernier de notes qu’ils méritaient en raison de la spécificité de certaines matières», illustrant le propos par les disparités favorables aux filières scientifiques enregistrées au baccalauréat 2022 et pénalisant les branches littéraires.
Dans la foulée, on apprendra que seulement 0,007% des candidats au bac l’an dernier ont pu avoir des moyennes égales ou supérieures à 19/20, soit 20 candidats sur les 700 000 qui ont passé l'épreuve. Ces proportions se passent, bien entendu, de tout commentaire.
Le ministère de tutelle reconnaît donc que la problématique posée depuis des années par les parents d'élèves – qui n’ont eu de cesse de relever l'incohérence, voire la froide sévérité du système des notations appliquées lors des examens nationaux et autres examens intermédiaires – mérite bien l'intérêt du gouvernement et appelle des solutions.
Les examens scolaires, tous paliers confondus, sont devenus ces dernières années de véritables épreuves sociétales dans un pays qui compte près du quart de sa population à l'école. La mobilisation des parents d'élèves, avec ce qu'elle implique comme disponibilité, stress et dépenses engagées pour les cours de soutien sont parmi les facettes des difficultés imposées aux familles, plusieurs fois dans l'année, dans l'effort d'accompagner les scolarisés et les mener aux seuils de résultats techniques exigés pour le passage.
Au-delà des réaménagements des méthodes d'évaluation et de notation, la fréquence des mises à l'épreuve des élèves étonne souvent par ailleurs les pédagogues et les enseignants eux-mêmes. Nombreux parmi ces derniers estiment que la densité des programmes scolaires et la «rigidité» des directives qu'ils reçoivent des inspections pédagogiques, en matière des volumes horaires dédiés, font qu'ils se retrouvent assez souvent à examiner des classes d'élèves qui n'ont pas eu forcément le temps suffisant pour recevoir l’enseignement.
Cela est d’autant plus vrai durant cette année, qui marque le retour à la «normale» à l'école après deux ans de «minimum syndical» pédagogique imposé par la pandémie de Covid-19.
Tout se passe comme si, en effet, le forcing est fait pour rattraper les retards subis durant les deux années d’urgence sanitaire, mais le risque est bien réel, redoutent des pédagogues et des hommes et femmes du terrain, que cela se fasse au détriment de la qualité de l’enseignement.
En attendant de voir le débat sur les programmes se relancer, une autre demande pressante des parents d'élèves, la proposition d'un réaménagement de la méthode de préparation des sujets d'examens est un début bon à prendre.
Car au-delà des corrections techniques à apporter, cela augure peut-être d'un retour d'intérêt à la problématique essentielle de l'école, escamotée ces dernières années par les bouleversements politiques connus dans le pays et le poids de la pandémie de Covid-19.