Massacres israëliens à Ghaza : L’ONU accuse Tel-Aviv de crimes contre l’humanité

13/06/2024 mis à jour: 02:25
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L'armée israélienne commet quotidiennement des crimes odieux à l'encontre d'une population désarmée - Photo : D. R.

«Les crimes contre l’humanité d’extermination, de meurtre, de persécution fondée sur le genre ciblant les hommes et les garçons palestiniens, de transfert forcé, d’actes de torture et de traitements inhumains et cruels ont été commis par Israël», chargent les enquêteurs onusiens dans leur rapport qui sera présenté le 19 juin à Genève lors de la 56e session du Conseil des droits de l’homme.

Une commission d’enquête de l’ONU a formellement accusé, hier, Israël de «crimes de guerre et de crimes contre l’humanité», après plus de huit mois de massacres quotidiens dans la bande de Ghaza qui ont fait plus de 37 000 morts et près de 85 000 blessés.

«Les crimes contre l’humanité d’extermination, de meurtre, de persécution fondée sur le genre ciblant les hommes et les garçons palestiniens, de transfert forcé, d’actes de torture et de traitements inhumains et cruels ont été commis par Israël», lit-on dans un extrait du rapport préparé par cette commission et cité par le service d’information de l’ONU.

Cette commission d’enquête a été «mise en place après la guerre de 11 jours que se sont livrés Israël et le Hamas en mai 2021», précise un document du service de presse des Nations unies. Constituée d’«enquêteurs indépendants», elle a «pour mandat d’enquêter dans les territoires palestiniens occupés et en Israël sur les violations présumées des droits de l’homme commises depuis cette année-là et d’étudier toutes les causes profondes du conflit israélo-palestinien».

Cependant, la Commission «accuse les autorités israéliennes d’''entraver'' ses investigations et de lui interdire l’accès à Israël et aux territoires occupés». Les enquêteurs onusiens présenteront leur rapport le 19 juin 2024 à Genève lors de la 56e session du Conseil des droits de l’homme.

Un rapport accablant

«Lors des opérations militaires à Ghaza, la Commission fait état de crimes de guerre, notamment la famine comme méthode de guerre, le meurtre ou l’homicide volontaire, le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des civils et des biens de caractère civil, le transfert forcé, la violence sexuelle, la torture et les traitements inhumains ou cruels, la détention arbitraire et l’atteinte à la dignité de la personne», énumèrent les enquêteurs onusiens.

«Le nombre considérable de victimes civiles à Ghaza et la destruction massive de biens et d’infrastructures civils sont le résultat inévitable d’une stratégie visant à causer le maximum de dégâts, au mépris des principes de proportionnalité», ont constaté également les membres de la Commission, fustigeant au passage «l’utilisation intentionnelle d’armes lourdes dans des zones densément peuplées, mais aussi le fait d’imposer un siège total équivalant à une punition collective à l’encontre de la population civile».

La même instance fait état aussi de «formes spécifiques de violence sexuelle et sexiste», dans le but d’«humilier une communauté dans son ensemble et d’accentuer la subordination d’un peuple occupé». Le rapport «s’appuie sur des entretiens avec des victimes, réalisés à distance et au cours d’une mission en Turquie et en Egypte, ainsi que des documents, dont des rapports médico-légaux et des images satellite».

Navi Pillay, la présidente de cette commission d’enquête onusienne, estime qu’«Israël doit immédiatement cesser ses opérations militaires et ses attaques à Ghaza, y compris l’assaut sur Rafah qui a coûté la vie à des centaines de civils et déplacé à nouveau des centaines de milliers de personnes vers des lieux dangereux, sans services de base ni aide humanitaire».

Les États-Unis examinent la réponse du Hamas

Tandis qu’Israël poursuit ses attaques féroces contre la bande de Ghaza, les Etats-Unis ont annoncé, hier, qu’ils «examinent» la réponse du Hamas au plan de cessez-le-feu américain.

«Ce plan prévoit, dans une première phase, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Ghaza, de la libération de certains otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël», résume l’AFP. Des sources médiatique, américaine et israélienne ont laissé entendre que la réponse du Hamas, dont le contenu n’a pas été divulgué, était défavorable au plan de paix proposé par Joe Biden le 31 mai.

Le site américain Axios affirmait, avant-hier, que «le Hamas a rejeté une proposition israélienne d’accord sur le cessez-le-feu et les otages». Selon l’AFP, la réponse du Hamas transmise aux médiateurs égyptiens et qataris «contient des "amendements" à la proposition annoncée par Joe Biden, "notamment un calendrier pour un cessez-le-feu permanent et le retrait total des troupes israéliennes de la bande de Ghaza». C’est ce qu’a fait savoir à l’agence française une source «proche des discussions».

Pour mettre un terme à toute  mauvaise interprétation de la position du Hamas, un cadre dirigeant du mouvement de résistance palestinien, Izzat al Rishq, a réagi à travers un bref communiqué cité par l’AFP, précisant que la réponse du Hamas était «responsable, sérieuse et positive» et qu'elle «ouvrait la voie à un accord». «Les allégations de médias israéliens quant à la réponse du Hamas témoignent de tentatives visant à soustraire Israël aux obligations de l'accord», écrit-il.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, qui effectue sa huitième tournée au Moyen-Orient depuis le début de la guerre contre Ghaza, a soutenu, de son côté, que Netanyahu lui a «réaffirmé son engagement pour un cessez-le-feu», au cours d'un entretien lundi.

Le secrétaire d’Etat américain est arrivé, hier, au Qatar. Il a assuré depuis Doha que les Etats-Unis et les autres pays médiateurs, à savoir le Qatar et l’Egypte, poursuivent leurs efforts afin de parvenir à un accord de cessez-le-feu. Il a indiqué que Washington a examiné les suggestions du Hamas en précisant que «certains changements sont réalisables, d’autres non», selon des propos rapportés par l’AFP.

«Il est temps de cesser les marchandages (sur la trêve à Ghaza», a-t-il martelé. M. Blinken a, en outre, annoncé que les Etats-Unis allaient présenter «dans les semaines à venir les éléments clés» pour l'après-guerre, «y compris des idées concrètes sur la manière de gérer la gouvernance, la sécurité et la reconstruction» dans la bande de Ghaza. Il a clairement signifié que «le Hamas ne doit plus décider du sort et de l’avenir de la région».

Le Hezbollah contre-attaque

En attendant l’aboutissement de ces tractations, une série de raids meurtriers ont visé différents secteurs de la bande de Ghaza au cours de la journée d’hier qui marquait le 250e jour du conflit.

Selon le ministère de la Santé du gouvernement Hamas, les forces d’occupation ont commis de nouveaux massacres dans l’enclave assiégée qui ont fait 40 morts et 120 blessés en 24 heures, entre mardi et mercredi. Ces nouveaux cortèges de victimes portent à 37 202 morts et 84 932 blessés le bilan de la guerre contre Ghaza, d’après les autorités sanitaires palestiniennes.

La Défense civile palestinienne a affirmé à Al Jazeera que ses équipes ont retiré des décombres les corps de 4 martyrs ainsi que plusieurs blessés, hier, suite à un bombardement qui a ciblé une maison appartenant à la famille Azzam, à Haï Al Zaytoun, à l’est de la ville de Ghaza.

Al Jazeera a indiqué également que plusieurs personnes ont été tuées et d’autres blessées, hier, après que des soldats israéliens ont ouvert le feu sur des civils palestiniens au camp d’Al Nuseirat, au centre de la bande de Ghaza. A Rafah, des frappes israéliennes se sont abattues sur une zone d’habitation au centre de la ville frontalière avec l’Egypte, rapporte la même source.

Des raids aériens ont, en outre, été déclenchés contre divers quartiers au nord et à l’est de la ville. Par ailleurs, la journée d’hier a été marquée par une salve de roquettes tirées sur Israël depuis le Liban. En effet, le Hezbollah a lancé environ 160 roquettes sur Israël, principalement des «Katioucha et des missiles guidés».

Cette opération a été menée au lendemain de l’assassinat, par l’armée israélienne, d’un important commandant militaire du Hezbollah, Taleb Sami Abdallah, au Sud-Liban. La frappe aérienne qui a causé la mort de ce chef militaire du parti chiite libanais a tué trois autres personnes, selon l’AFP. 

 

 

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