Chaque 19 novembre, la Journée mondiale des toilettes met en lumière un problème souvent négligé mais crucial dans la wilaya de Mascara : le manque de toilettes publiques.
Ce déficit engendre des conséquences sanitaires et environnementales préoccupantes, touchant particulièrement les populations vulnérables telles que les femmes, les personnes âgées, les malades chroniques, les enfants et les sans-abri. Les rares infrastructures existantes sont souvent inutilisables : certaines ont été transformées en locaux commerciaux, d’autres sont fermées, et celles encore accessibles sont dans un état déplorable.
Cette situation contraint les citoyens à recourir à des solutions indignes, comme uriner dans les jardins publics, utiliser des bouteilles en plastique ou se tourner vers les toilettes des mosquées et administrations, lorsqu’elles sont ouvertes. Cette crise est amplifiée par un autre problème : le manque de raccordement des foyers aux réseaux d’assainissement.
L’ancien wali de Mascara, Farid Mohammedi, a révélé le 28 octobre dernier à Menaouer qu’«environ 41 000 foyers à travers les communes de la wilaya n’ont toujours pas accès aux réseaux d’assainissement.» Ces ménages dépendent de fosses septiques, une solution qui favorise le risque de contamination des nappes phréatiques, aggravant ainsi la situation environnementale. Les établissements scolaires ne sont pas épargnés. Dans de nombreuses écoles, collèges et lycées, la dégradation des toilettes pousse les élèves, en particulier les filles, à éviter de les utiliser, mettant leur santé en danger.
Ces sanitaires, souvent mal entretenus et insalubres, soulignent un problème d’hygiène qui complique le quotidien des élèves et nuit à leur bien-être.
Le manque d’hygiène dans les sanitaires des établissements recevant du public, tels que les cafétérias, restaurants et autres lieux classés, est également un sujet de préoccupation. Beaucoup de ces établissements ne respectent pas les normes d’hygiène de base, et certains n’offrent même pas de sanitaires accessibles à leurs clients
En outre, le phénomène des «bouteilles d’urine», devenu un véritable fléau dans la région, illustre l’ampleur de la crise. Commerçants, chauffeurs de taxi et autres personnes sans accès à des sanitaires jettent ces bouteilles remplies d’urine dans les poubelles, sur les routes ou dans la nature, créant ainsi des décharges sauvages. Les agents de nettoyage et les ouvriers des travaux publics signalent quotidiennement le ramassage de ces déchets, avec des risques pour leur santé lorsque l’urine se répand accidentellement.
Ces bouteilles, abandonnées chaque matin dans les recoins des villes, polluent l’environnement urbain.
Faute de toilettes publiques, de nombreux citoyens expriment leur colère face à la salissure des jardins et autres lieux, où arbres, murs et jardins deviennent des urinoirs improvisés. Cette situation dégrade l’image de la ville et compromet les efforts de préservation de l’environnement local.
La construction des toilettes publiques et le raccordement des habitations aux réseaux d’assainissement ne sont pas un luxe, mais des droits fondamentaux. Répondre à ces besoins essentiels permettrait de restaurer la dignité des citoyens, d’améliorer leur bien-être, de préserver l’environnement et de protéger la santé publique.
Face à cette crise, la mise en place de sanitaires publics accessibles, propres et adaptés aux besoins de toutes les catégories de la population, en particulier les femmes et les personnes en situation de handicap, dans les zones clés de Mascara, reste indispensable.