Un collectif d'activistes marocains, victimes du «Marocgate», a annoncé s'être constitué partie civile dans le cadre de l'enquête judiciaire en cours sur le réseau de corruption au Parlement européen, dans lequel Rabat est fortement impliqué. «Nous, membres du groupe des victimes marocaines du réseau de corruption au Parlement européen, nous nous constituons partie civile dans le cadre de l'enquête en cours devant la justice belge», a indiqué le collectif dans un communiqué. Lancé lundi, le groupe est composé de proches d'activistes détenus arbitrairement par le régime du makhzen au Maroc et de «citoyens lésés par le réseau de corruption au Parlement européen», parmi lesquels l'historien et militant des droits de l'homme marocain Maâti Monjib et le militant des droits humains Fouad Abdelmoumni. Figurent parmi les membres du collectif Khouloud Mokhtari, épouse du journaliste emprisonné Soulaimane Raïssouni, Ali Reda Ziane, fils de l'avocat Mohamed Ziane, également en détention, et le journaliste et universitaire Omar Brouksy. «Les citoyens susmentionnés ont déjà, directement ou indirectement, fait l'objet d'une résolution du Parlement européen reconnaissant qu'ils ont été victimes de graves violations en raison de leurs activités en tant que défenseurs des droits humains, journalistes, avocats ou hommes politiques», souligne le groupe. Le 19 janvier dernier, le Parlement européen a adopté, pour la première fois en 25 ans, une résolution appelant le Maroc à respecter la liberté des médias et à libérer tous les prisonniers politiques et les journalistes emprisonnés. Une semaine après l'approbation de ce texte, dans une lettre adressée à la présidente de l'institution européenne, la Maltaise Roberta Metsola, une trentaine d'eurodéputés ont réclamé des sanctions à l'encontre du Maroc. Ils avaient justifié leur requête par «les ingérences» du Maroc «dans le processus démocratique au Parlement européen, moyennant la corruption». Quatre personnes sont actuellement en détention provisoire en Belgique, soupçonnées d'avoir intercédé en faveur de puissances étrangères, dirigées par le Maroc, dans les décisions du Parlement européen, ce que les médias appellent le scandale du «Marocgate». Un cinquième suspect, l'eurodéputé italien Andrea Cozzolino, a été arrêté puis assigné à résidence le 11 février en Italie, en attendant l'examen du mandat d'arrêt émis à son encontre par la justice belge. Cozzolino, ainsi que l'ex-eurodéputé socialiste italien Pier Antonio Panzeri et l'ancienne vice-présidente grecque du Parlement européen Eva Kaili sont accusés par les membres du collectif marocain d'être «responsables des graves préjudices» qu'ils ont subis.