Marine Le Pen a un pied à l’Elysée

16/09/2024 mis à jour: 23:16
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Jamais deux sans trois, dit l’adage. Par deux fois, Marine Le Pen a été aux portes de l’Elysée. A la troisième (en 2027), la chance va-t-elle lui sourire enfin ? Pour rappel, la fille de Jean-Marie Le Pen s’est qualifiée sans encombre au deuxième tour des deux dernières élections présidentielles en France : en 2017, raflant 33,9% des voix, et en 2022, où elle avait été créditée de 41,5% des suffrages exprimés. Les deux fois, elle était opposée à Emmanuel Macron.


A force de voir l’égérie du Rassemblement national, l’héritier organique du Front national, le talonner de près, le président français en est venu à tendre la main à la leader d’extrême droite. On a même le sentiment que ces derniers jours, c’est elle qui fait la pluie et le beau temps. Qu’une espèce de cohabitation tacite est en train de se dessiner avec Mme Le Pen sans que sa famille politique ne soit officiellement installée à Matignon. 

Ce rapprochement entre Emmanuel Macron et l’extrême droite s’est trouvé fatalement appuyé par les derniers scores électoraux réalisés par le parti de Jordan Bardella. Pour rappel, le RN était arrivé en tête des élections européennes du 9 juin 2024 avec 31,37% des voix. Il était sur le point de rééditer l’exploit aux élections législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet. 


Au premier tour, il était arrivé une nouvelle fois premier avec 29,26% des suffrages exprimés, s’adjugeant plus de 9,3 millions de voix. Aux résultats définitifs annoncés après le deuxième tour, l’extrême droite a reculé à la 3e place avec 143 sièges au Palais Bourbon. Même si le RN n’a pas réussi à obtenir la majorité absolue qui lui aurait permis de propulser Bardella Premier ministre, cette arithmétique en dit long sur la force de pénétration du projet néofasciste et l’étendue de sa base sociale.


Ces scores viennent ainsi confirmer une tendance lourde, à savoir que Marine Le Pen est plus que jamais aux portes de l’Elysée. Selon des indiscrétions de la presse française, la triple candidate à l’élection présidentielle (en comptant celle de 2012) aurait l’oreille de Macron. Des bruits avaient couru que le chef de l’Etat français l’avait appelée préalablement à la nomination de Michel Barnier Premier ministre, après plusieurs semaines d’atermoiements.

 L’intéressée a démenti. Toujours est-il qu’Emmanuel Macron n’aurait pas pris le risque de nommer l’ancien commissaire européen sans avoir sondé «MLP» sous peine de voir le cabinet Barnier essuyer une motion de censure à l’Assemblée. La cheffe de file des députés RN aurait brandi son veto face à d’autres noms qui lui furent soufflés, comme celui de Xavier Bertrand.

Dernière sortie en date de Mme Le Pen : au cours d’une réunion avec les parlementaires de son parti samedi, elle a «appelé (…) à la dissolution en 2025 (du Parlement, ndlr), estimant que la situation politique ne pourra '‘pas durer’’», rapporte Le Monde. 

«La présidente des 126 députés RN n’a pas boudé son plaisir de voir son camp au cœur du jeu politique», ajoute le journal français. «Le Rassemblement national a un positionnement plus central et plus important que jamais», s’est réjouie l’ancienne présidente du Front national au cours de ce conclave.

Marine Le Pen semble s’amuser de ce rôle d’arbitre, tout en affûtant ses armes avant de donner l’assaut final. Vue d’Alger, la perspective de l’arrivée d’une Le Pen au pouvoir en France interroge forcément l’avenir des relations entre Alger et Paris. 2027, c’est demain. Et à moins d’un nouveau sursaut républicain, cette femme a toutes les chances d’arriver à l’Elysée, portée par un électorat qui compte encore dans ses rangs des contingents entiers de nostalgiques de «l’Algérie française».

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