Prouesse d’ingénierie mais désastre écologique, The Pearl est le fruit d’un ambitieux projet de conquête sur la mer. Depuis sa conception, cette île artificielle qatarie s’érige en modèle d’urbanisme.
Trois ans après le début de la construction des îles de Palm Jumeirah au large de Dubaï, le Qatar a décidé de construire sa propre île artificielle et a lancé, en 2004, son projet The Pearl. Vingt ans plus tard, en résulte une ville sortie des eaux qui n’a rien à voir avec l’Atlantide.
Bâtie sur un ancien site de pêche de perles au large de Doha, la structure a pris justement l’apparence d’un collier de perles, avec deux grandes baies presque circulaires bordées de tours d’habitation et quelques petites perles espacées aux extrémités, occupées par des villas luxueuses, dont l’Isola Dana, réservée à la famille royale qui règne sur l’émirat.
Bien que certaines parties de l’île soient encore en construction, The Pearl est d’ores et déjà une véritable agglomération à part entière, avec ses marinas, ses canaux inspirés de Venise et ses bâtiments colorés. Ce qui semblait au départ un projet ambitieux et irréel est aujourd’hui devenu un modèle de transformation urbaine.
Construite sur des terres récupérées au Golfe Persique, l’île a en partie redessiné le visage des côtes et bouleversé les habitats marins existants, explique CNN. Pour compenser les dégâts causés à l’environnement, le Qatar a promis de travailler à la préservation de la biodiversité restante et à son développement dans cette zone.
Par ailleurs, une centrale de refroidissement alimentée par des eaux usées traitées a été mise en place pour réduire la consommation d’énergie de The Pearl et de ses habitants, ainsi qu’une politique de recyclage et la généralisation des véhicules électriques pour assurer la sécurité. Sur place, les parcs et les plages attirent diverses espèces d’oiseaux, y compris les flamants roses.
Des opérations de nettoyage et des campagnes de sensibilisation sont régulièrement organisées. Ces initiatives ont été saluées par des experts locaux, comme Yousef Alhorr, directeur de l’organisme de recherche sur le développement durable Gulf Organisation For Research & Development. Côté architecture, l’île a été pensée pour allier influences méditerranéennes et arabes.
Chaque quartier propose une ambiance différente. Le long de la marina, Porto Arabia, qui a vu les premiers résidents emménager en 2009, cumule les restaurants et les commerces. Viva Bahriya, situé autour d’une baie bordée de plages, est doté d’une vaste base nautique idéale pour les sportifs, tandis que Qanat est directement inspiré de la Sérénissime avec des canaux, des maisons aux couleurs pastel et même un pont du Rialto.
Ce qui est pour le moins surprenant aux portes d’un désert. En outre, The Pearl marque un tournant dans la politique immobilière du Qatar, en permettant aux investisseurs étrangers d’acquérir des biens, une opportunité unique dans un pays où les règles restent très restrictives.