Le marché mondial des céréales termine l’année sur le ton de la volatilité. Entre les conditions météorologiques et les conflits géopolitiques, les prix des graines de céréales oscillent entre baisse et hausse.
La note finale de cette année 2023 est plutôt marquée par de fortes baisses des prix. Le contrat de blé le plus actif sur le Chicago Board of Trade, malgré son bondissement de 3% en séance de jeudi, a perdu plus de 20% de sa valeur en 2023, tandis que le maïs a marqué une baisse de plus de 30%.
Le soja a par ailleurs baissé de 14%, soit sa plus forte baisse depuis 2015. La tension persistante au niveau du passage maritime de la mer Noire continue de peser sur l’approvisionnement et les cours de céréales. Même si l’augmentation de la production mondiale et l’atténuation des goulets d’étranglement dans cette région du monde, ont permis aux contrats à terme sur le blé et le maïs à Chicago de marquer la plus forte baisse annuelle, il reste que les attaques sporadiques contre des navires de transport de céréales en mer Noire exercent encore une pression supplémentaire sur les prix.
Un vraquier se dirigeant vers un port du Danube pour charger des céréales a heurté mercredi une mine russe, selon la partie ukrainienne, blessant des membres de l’équipage. Cet incident, qui intervient au lendemain d’une attaque ukrainienne contre un navire russe, confirme les risques de sécurité au niveau de cette route maritime clé du commerce mondial des céréales.
A l’annonce de cette série d’attaques, les prix ont bondi avant de redescendre ce vendredi avec le retour au calme au niveau du marché. «La semaine a été marquée par des mouvements de va-et-vient. C’est une semaine de vacances, donc le volume est faible. Par conséquent, tout type de flux sera plus prononcé dans un marché à faible volume», a explique Joe David, directeur des ventes de matières premières chez Futures International. Les négociants ont estimé que la réaction du marché à de tels incidents a tendance à être de courte durée, surtout que ces perturbations du trafic restent limitées.
«CONTEXTE COMPLIQUÉ»
La baisse des prix enregistrée sur le marché, a également été encouragée par l’annulation en dernière minute d’un appel d’offre égyptien pour l’achat de blé. Cette céréale termine l’année sur une avancée notable de l’offre russe par rapport à l’européenne. La concurrence entre les deux exportateurs a été particulièrement rude pour la partie européenne qui a vu sa production baisser en raison de conditions météorologiques défavorables et ses ventes décliner face aux prix compétitifs appliqués par les Russes.
«Le contexte est assez compliqué pour le blé européen. Les principaux pays importateurs de blé ont fait leur retour sur le marché la première quinzaine de décembre, mais cela a plutôt profité au blé de la mer Noire, en particulier au blé russe plus compétitif que le blé européen actuellement», commente, sur Reuters, Sébastien Poncelet, directeur du développement chez Agritel.
Le même responsable évoque des inquiétudes quant au potentiel en Europe de l’Ouest en raison des intempéries de l’automne qui ont fortement réduit les surfaces cultivées notamment en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et en Belgique. En 2024, les conditions météorologiques défavorables et les restrictions à l’exportation ainsi que l’augmentation des obligations en matière de biocarburants font craindre des resserrements des approvisionnements.