Marché de l’huile d’olive en Algérie : Le PASA-Pôle Soummam livre les résultats de son étude

03/04/2022 mis à jour: 04:43
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Le secteur oléicole : présentation de l’étude sur le marché de la consommation / Photo : D. R.

Dans le cadre de son programme d’action visant à développer la filière oléicole, le PASA -Pôle Soummam (programme d’appui au secteur agricole) en Algérie, financé par l’UE, en partenariat avec le ministère de l’Agriculture et du Développement rural et en collaboration avec INRA, a organisé, la semaine écoulée, une conférence pour la restitution de l’étude sur la consommation et la production de l’huile d’olive en Algérie.

Le programme de la journée débute par la présentation de l’étude sur le marché de la consommation et de la production l’huile d’olive en Algérie, réalisée par le bureau d’études PWC et Immar-Maghreb au profit du PASA-Pôle Soummam.

Les membres de ces bureaux se sont relayés devant le pupitre, où chacun a clarifié les méthodes adoptées pour la réalisation de cette enquête, intitulée «Piloter la filière par le marché». En l’absence des études antérieures sur ce marché et des statistiques fiables, les membres ont imaginé de procéder à une méthode de sondage.

Rachid Sadi, directeur général adjoint de l’institut Immar-Maghreb et coordinateur de l’étude, intervient pour présenter la méthodologie adoptée de l’enquête de la consommation, laquelle est répartie en quatre démarches, à savoir la cible à atteindre, la méthode de l’échantillon, la taille de l’échantillon et le mode de collecte.

L’échantillon ciblé comprend 1737 consommateurs représentant 10 grandes villes, dont 3 wilayas de la Kabylie, 5 grandes zones urbaines, les Hauts Plateaux et le Sud algérien, dont 317 résidant à l’étranger et répartis sur trois pays en Europe (78%), aux Etats-Unis (10%) et au Canada (12%). Côté production, l’opération a ciblé 160 oléifacteurs, dont 70 possédant des huileries modernes, 29 des huileries semi-modernes et 51 des huileries traditionnelles.

Ainsi que 30 oléiculteurs répartis sur trois wilayas de la Kabylie, à savoir Béjaïa, Bouira et Tizi Ouzou. Celles-ci, à elles seules, assurent 42% de la production nationale de l’huile d’olive.

Le premier chapitre de cette étude est consacré aux analyses de la consommation à l’échelle locale et auprès de la diaspora. Et les auteurs de cette œuvre ont pensé aussi au meilleur produit à offrir à l’avenir. Ensuite, ils sont passés à l’analyse de la production de l’huile d’olive.

Parmi les questionnés, 99% avouent qu’ils consomment parallèlement les autres huiles végétales (colza, soja…). Leur enquête révèle, aussi, que les Algériens sont les moins consommateurs de l’huile d’olive parmi les peuples de la Méditerranée.

41% d’Algériens consomment l’huile d’olive

La quantité moyenne consommée par habitant ne dépasse pas 6 litres par an et 30 litres/an foyer, à l’exception de la Kabylie où la quantité moyenne par habitant atteint les 11 litres/an et par foyer, 54 litres/an. Les raisons de la consommation diffèrent. 66% pour ses bienfaits pour la santé, 38% pour le goût, 35% par habitude et 28% pour des raisons de beauté. Quant au prix d’achat d’un litre, celui-ci varie selon les régions et les zones.

En Kabylie, il est à 705 DA/l, en revanche, dans d’autres régions du pays, il atteint 813 DA/l. Leur étude confirme également que 62% des clients s’approvisionnent et font confiance au réseau traditionnel (85 %) (des membres de la famille et des amis) de distribution au détriment des circuits formels (3 %) (magasins, supérettes…) ou informels (12%) (vendeurs aux bords des routes ou les jours de marchés).

74 % des clients ne recourent aux circuits formels ou informels qu’occasionnellement. Cette étude confirme que l’oléiculture garde encore ses caractéristiques d’agriculture d’auto-subsistance (37% d’auto-consommation) et de l’économie solidaire (23% de dons). La marge de la production mise sur le marché se réduit à 40%.

Comme 4,3 sur cinq clients interrogés confirment que l’huile qu’ils en consomment est d’une bonne qualité et elle répond parfaitement à leurs exigences, soit pour le goût ou pour l’odeur. Toujours dans le sous-chapitre, les présentateurs préfèrent s’esquiver aux critiques en suggérant des emballages en verre comme le souhaitent 90% des consommateurs de la diaspora qui se disent prêt à payer un peu plus, soit 20% de plus, pour avoir un produit sain.

Paradoxalement, les consommateurs nationaux soit 57% considèrent que les prix (775 DA) sont déjà élevés et devraient être revus à la baisse. Quant à l’approvisionnement, 62% des consommateurs de la diaspora préfèrent l’achat par internet. Cependant, le taux de ceux du bled ne dépasse pas 50%. Reste la question de labellisation.

Certains de la diaspora, soit 69%, optent pour l’indication de la région de récolte du fruit, d’autres (64%) pour la région de production ou pour la qualité. Tandis que les résidents interrogés, 57% d’entre eux, se contentent de mettre une étiquette indiquant la qualité et la région de trituration sur la bouteille suffit. Le dernier sous-chapitre est consacré à l’analyse de la production de l’huile d’olive en Kabylie.

Cette analyse fait ressortir que la moyenne des exploitations s’étend à 2,81 hectares comprenant 230 arbres et produisent 221 quintaux de fruits. Comme cette analyse montre un certain équilibre en nombre entre les huileries traditionnelles (HT) et les huileries modernes (HM), 20 HT contre 21 HM à Béjaïa, 26 HT contre 26 HM à Tizi-Ouzou.

Cependant, ces chiffres s’inversent à Bouira où le nombre d’huileries modernes s’élève à 38 contre seulement 5 huileries traditionnelles. Ainsi, la majorité des oléiculteurs pour la trituration optent pour les HM, 75% pour des raisons de la rentabilité et 55% pour la qualité. Le reste des oléiculteurs optent pour des HT, soit pour des liens familiaux soit pour leur proximité.

Quant aux prix pratiqués, l’analyse relève que ceux pratiqués dans la wilaya de Béjaïa sont supérieurs de 25% par rapport à ceux en vigueur dans les wilayas limitrophes. Et l’écoulement des produits se fait essentiellement sur le marché régional, soit 63% contre 33% hors région.

Les parts des embouteilleurs, des revendeurs formels et des exportateurs ne dépassent pas 2% dans chaque branche. Le deuxième chapitre de l’étude est consacré aux constats. On remarque que la valeur de l’huile dépend plus de l’importance de la confiance et non de son prix.

Les consommateurs algériens jugent que la qualité de leur huile d’olive est d’une très bonne qualité et ils ne sont pas disposés à changer d’habitudes. Pour la diaspora, l’huile d’olive est plus qu’un aliment nutritif et curatif, il symbolise également une identité et une culture. Néanmoins, celle-ci est plus mature pour un changement d’habitudes.

On relève aussi de l’étude qui a été menée que l’huile de Kabylie correspond parfaitement aux goûts des consommateurs algériens, mais ne correspond pas aux standards de qualité internationaux. Enfin, on a constaté que le point focal de la chaîne de valeur de ce produit se situe au niveau des huileries.


 


 

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