Marché couvert Boumezzou à Constantine : Des tergiversations autour d’une décision de fermeture

16/05/2023 mis à jour: 00:14
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Un effondrement du parapet de l’esplanade a eu lieu le 26 avril dernier (photo : Ahcene Boussouf)

Après l’effondrement d’une partie du parapet de l’esplanade du marché couvert Boumezzou de la ville de Constantine, le 26 avril dernier, une décision de fermeture a été signée par le maire. Mais 20 jours après, l’activité à l’intérieur de l’infrastructure n’a pas été suspendue. Pourtant, le rapport du Contrôle technique de la Construction (CTC) est alarmant recommandant la fermeture immédiate des lieux. 

Le P/APC Charaf Bensari avait même déclaré avoir dégagé toute responsabilité en cas d’éventuels dégâts, avec la signature de la décision de la fermeture. Aujourd’hui, ce même responsable revient sur ses propos, estimant que le rapport du CTC « est exagéré ». « Pour moi, le marché est fermé vu que la décision a été établie. Mais, il faut dire aussi que le rapport du CTC est trop exagéré », a-t-il déclaré à El Watan. 

S’agit-il d’une mise en doute implicite des qualifications du CTC ? Notre interlocuteur explique que les deux bureaux d’études, un engagé par la commune de Constantine et un autre ayant proposé ses services bénévolement, ont estimé que l’état des lieux n’est pas aussi alarmant. «Si on décortique le contenu de ce rapport, on trouve qu’il parle en réalité de l’extérieur du marché. 

En plus il y a la responsabilité de l’entreprise qui avait réhabilité l’esplanade sans réaliser des évacuations pour les eaux pluviales. Systématiquement, le parapet s’est effondré après avoir absorbé l’eau durant toutes ces années» a-t-il tenté de justifier. Et d’argumenter : «La preuve est là. Depuis l’effondrement, le lieu est toujours ouvert sans de nouveaux dégâts.» Un véritable revirement de situation inattendu et incompréhensible, car ce même responsable, qui écarte toute notion de la conscience du danger, semble avoir oublié que cette esplanade est située au-dessus du marché. 

Pis encore, il était souligné en gras dans la fameuse expertise du CTC «la fermeture imminente du marché, avec interdiction de circuler à l’intérieur et aux alentours, surtout que l’effondrement du reste du parapet persiste». Entre le rapport accablant du CTC, la contestation des commerçants, l’incapacité de la commune à trouver un lieu de délocalisation et la signature de la fermeture non appliquée et non annulée, l’infrastructure demeure ouverte jusqu’à présent. Au lieu de trancher, on tergiverse. 

Dans la même méthodologie d’argumentation, M. Bensari évoque une estimation de 20 milliards de centimes pour une expertise du CTC en collaboration avec un autre bureau d’études, et qui devrait être établie il y a environ 4 ans. «Je pense qu’en 2018 ou 2019, on allait lancer une étude pour réhabiliter les lieux. C’était exorbitant, où l’estimation du CTC et un autre bureau d’études était de 20 milliards de centimes. Un budget suffisant pour réaliser un autre marché. Imaginons, si on va recourir à ce même organisme avec la hausse actuelle des prix ? 

Cela sans oublier leurs recommandations pour faire un chemisage des lieux. Cette opération coûtera plus qu’une nouvelle réalisation», a-t-il souligné, affirmant que l’étude établie actuellement a coûté environ 400 millions de centimes. Et de renchérir que les travaux seront lancés prochainement, après la désignation de l’entreprise et la signature des ODS.

Les travaux seront également effectués sans la fermeture du marché. Selon les explications du P/APC, l’entreprise réhabilitera les lieux par parties. Les travaux seront-ils entamés avec le maintien de l’activité commerciale ? Qu’en-est-il de l’assainissement, est-fiable ? Des questions qui demeurent sans réponses.

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