A la suite de l’instauration du prix plafond pour le café moulu, un produit particulièrement prisé par la population, celui-ci est devenu rare, depuis plusieurs jours, voire introuvable dans les commerces de la wilaya de Constantine.
Cette situation a suscité une vive déception chez les amateurs de café, car le manque de ce produit a été signalé dans plusieurs localités de la région. Les témoignages recueillis sont variés, et de nombreuses hypothèses circulent parmi les consommateurs interrogés, évoquant le spectre d’une pénurie imminente. Ce terme est source de crainte pour beaucoup, ravivant le souvenir d’épisodes passés similaires, tels que la pénurie de semoule, malgré les efforts déployés par l’Etat pour répondre aux besoins des citoyens.
A la nouvelle ville Ali Mendjeli, les avis divergent.
Certains assurent que le café reste disponible, mais en quantité limitée. «Il faut être prévenu par un ami commerçant et agir rapidement, sinon en quelques heures, il n’y aura plus rien. Certains achètent jusqu’à quatre paquets», déclare un habitant de l’UV 13. Un autre résidant de Didouche Mourad témoigne de la disparition totale du produit dans les supérettes. «La marque que je consomme habituellement a complètement disparu des étagères, et il n’y a plus aucune autre marque.
Quelque chose se trame», s’indigne-t-il, se demandant s’il ne s’agit pas d’une nouvelle forme de spéculation, suite à l’imposition du prix plafond de 250 DA pour un paquet de 250 g de café. Toutefois, cette pénurie apparente ne touche pas tous les quartiers de la même manière. Un habitant de la cité Hraïcha Amar, dans la commune d’Aïn Smara, affirme que plusieurs marques sont encore disponibles au tarif réglementé de 250 DA.
Certains consommateurs estiment que le café a été récupéré par les cafétérias, puisque son prix est désormais plus avantageux que celui du café en vrac vendu actuellement sur le marché. D’ailleurs, les prix dans les cafétérias n’ont pas baissé comme cela avait été annoncé. Un gobelet de café continue à être proposé entre 50 et 60 DA, et toute réclamation de la part du client se solde par une réponse sèche du serveur ou du propriétaire, les invitant à se tourner vers d’autres établissements s’ils ne sont pas satisfaits.
Contrôle de 100 cafétérias en cours
Face à cette situation, une enquête approfondie a été lancée par les services du commerce pour élucider les raisons de la disparition de certaines marques de café. Des inspecteurs de la direction du commerce ont été mobilisés, notamment auprès des grossistes, afin de vérifier la disponibilité du produit. «Les difficultés de circulation d’un produit apparaissent souvent lorsqu’il est subventionné par l’Etat. Ce n’est pas un phénomène que nous observons pour les autres produits», a déclaré Sid Ali Merdas, directeur du commerce de Constantine. Il a ajouté que l’enquête, en cours depuis environ une semaine, vise à garantir le respect des dispositions du décret exécutif n°24-279 du 20 août 2024, qui fixe le prix plafond du café à la consommation ainsi que les marges bénéficiaires pour l’importation et la distribution, tant en gros qu’au détail.
Les agents de la direction du commerce sont également mobilisés pour contrôler l’application de ces mesures, d’autant plus que la production de la wilaya est déclarée disponible chez les grossistes, mais non chez certains détaillants. Selon notre interlocuteur, plusieurs infractions ont été relevées dans ce cadre. Concernant les prix pratiqués dans les cafétérias, M. Merdas a précisé qu’il fallait prendre en compte l’ancien stock encore disponible.
Ce n’est qu’à l’issue de l’épuisement de ce stock et de l’arrivée de nouvelles importations que l’on pourra envisager une baisse significative du prix du gobelet de café. «Les instructions seront appliquées de manière progressive, une fois les nouvelles cargaisons de café en vrac arrivées», a-t-il expliqué, tout en évitant de pointer directement du doigt les propriétaires des cafétérias, car le café en paquet ne peut être utilisé dans les machines spécifiques à ces établissements. Toutefois, un mélange des deux types de café serait-il possible ? Lundi 21 octobre, 25 cafétérias ont été inspectées par la direction du commerce, sans qu’aucune infraction ne soit constatée.
Hier, les inspecteurs étaient toujours sur le terrain avec l’objectif de contrôler 100 cafétérias. Il est également à noter que dans toute la wilaya, un seul torréfacteur propose du café à 1000 DA, tandis que les autres n’ont pas encore écoulé leurs anciens stocks, avec un prix de 1600 DA pour 1 kg.