Le chef de la diplomatie russe a qualifié vendredi 10 mars les manifestations en Géorgie cette semaine de «tentative de changement de régime par la force», traçant un parallèle avec la révolution ukrainienne de 2014 que Moscou considère comme un coup d'État orchestré par l'Occident.
«Cela ressemble beaucoup à Maïdan à Kiev», a estimé à la télévision russe Sergueï Lavrov. Il a jugé que le projet de loi géorgien sur les «agents de l'étranger», modelé sur un texte russe et à l'origine d'une vague de manifestations, était un «prétexte pour lancer une tentative de changement de régime par la force».
«Sentiment antirusse»
Le Kremlin a dit voir «la main» des États-Unis derrière le «sentiment antirusse» à l'origine selon lui de ces manifestations. En référence à une déclaration jeudi depuis New York de la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili soutenant les manifestants, le porte-parole du Kremlin a souligné qu'elle «s'adresse à son peuple non pas depuis la Géorgie, mais depuis l'Amérique».
Cela est le signe que «la main bien visible de quelqu'un cherche à provoquer un sentiment antirusse», a ajouté le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
«Copie d'une loi russe»
Des centaines de Géorgiens se sont rassemblés devant leur Parlement à Tbilissi pour célébrer le retrait, après un mouvement de contestation massif, de ce projet de loi controversé similaire à une législation russe répressive. Après plusieurs jours de manifestations massives, le Parlement géorgien a révoqué le projet de loi, comme l'avait annoncé le gouvernement la veille.
Dans le détail, 35 députés, sur les 36 votants, ont rejeté en deuxième lecture ce texte dont l'adoption mardi en première lecture avait déclenché l'ire de l'opposition et des manifestations violemment réprimées par la police.
Concrètement, le texte révoqué vendredi prévoyait de classer comme «agents de l'étranger» les ONG et médias recevant plus de 20% de leur financement de l'étranger, sous peine d'amendes. Le texte similaire en vigueur en Russie a été utilisé ces dernières années pour punir et étouffer des centaines de militants et médias critiques du Kremlin. L'opposition géorgienne a accusé le gouvernement de vouloir faire la même chose et, de manière plus générale, de saper les aspirations pro-européennes d'une frange importante de la population.