Manger un poisson aux Etats-Unis revient à boire de l’eau contaminée pendant un mois

18/01/2023 mis à jour: 07:23
AFP
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Consommer un poisson d’eau douce pêché dans les lacs et rivières américains revient à boire durant un mois de l’eau contaminée avec des polluants dits «éternels», les PFAS, selon une nouvelle étude publiée hier. Ces produits chimiques ont été développés dans les années 1940 pour résister à l’eau et à la chaleur. On les retrouve dans les revêtements anti-adhérents, les textiles ou les emballages alimentaires. Mais le caractère indestructible de ces PFAS, les per- et polyfluoroalkylées, implique qu’ils se soient accumulés avec le temps dans l’air, le sol, les eaux des lacs et rivières, la nourriture et jusqu’au corps humain. Les appels se sont multipliés pour une réglementation plus stricte de l’utilisation des PFAS, qui sont nocifs pour la santé, avec des conséquences hépatiques, un taux de cholestérol élevé, une réponse immunitaire réduite et plusieurs sortes de cancers. Les chercheurs ont voulu mesurer la contamination des poissons d’eau douce en analysant 500 échantillons prélevés dans les lacs et rivières américains entre 2013 et 2015. Le taux médian de contamination était de 9,5 microgrammes par kilo, selon leur étude publiée dans Environmental Research. Sur l’ensemble des échantillons contaminés, trois-quarts étaient des PFOS, un des contaminants les plus courants et les plus nocifs parmi les milliers qui constituent les PFAS. Manger un poisson d’eau douce revient à boire pendant un mois de l’eau contaminée à hauteur de 48 parties de PFOS par milliard de milliards. L’eau est considérée saine à boire si elle ne contient pas plus de 0,2 partie de PFOS par milliard de milliards, selon l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), dans sa nouvelle recommandation. Les taux de PFAS constatés dans les poissons d’eau douce pêchés dans la nature se sont avérés 278 fois plus élevés que ceux identifiés dans les poissons d’élevage vendus dans le commerce. «Je ne peux plus regarder un poisson sans penser à sa contamination aux PFAS», a dit à l’AFP David Andrews, scientifique de l’ONG Environmental Working Group, qui a mené l’étude, et grandi en péchant et mangeant du poisson sauvage. Le constat est «particulièrement préoccupant à cause de l’impact subi par les communautés défavorisées qui consomment du poisson comme source de protéine ou pour des raisons socio-culturelles», a-t-il poursuivi. «Cette recherche me met très en colère car les sociétés qui fabriquaient et utilisaient des PFAS ont contaminé le globe sans en porter la responsabilité.» Pour Patrick Byrne, chercheur en pollution environnementale à l’université britannique John Moores de Liverpool, les PFAS sont «probablement la plus grande menace chimique pour l’espèce humaine au XXIe siècle». «Cette étude est importante car elle fournit la première preuve de la transmission étendue des PFAS directement des poissons à l’homme», a-t-il dit. L’étude est publiée après l’initiative du Danemark, de l’Allemagne, des Pays-Bas, de la Norvège et de la Suède qui ont soumis, vendredi dernier, une proposition d’interdiction d’utilisation des PFAS à l’Agence européenne des produits chimiques. Cette proposition prolonge le constat des cinq pays selon lequel l’utilisation des PFAS n’était pas suffisamment contrôlée. 

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