Mali : Un nouveau projet de loi devrait encore renforcer les pouvoirs du chef de la junte

06/02/2022 mis à jour: 03:44
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Les autorités maliennes dominées par les militaires ont publié hier un projet de loi qui devrait encore renforcer les pouvoirs du chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, rapporte l’AFP. 

Le texte adopté vendredi soir en Conseil des ministres vise «la suppression du poste de vice-président (de la transition) pour éviter les duplications des missions et permettre au ministre chargé de la Défense et au ministre chargé de la Sécurité de recouvrer et d’exercer la plénitude de leurs attributions traditionnelles». Le colonel Goïta se retrouverait seul maître à bord. 

Le projet de loi a été publié au lendemain de la convocation par le gouvernement du Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif nommé par les militaires, en session extraordinaire à partir de vendredi 4 février, afin de réviser «la charte de la transition et la loi électorale». La date du début de la session du CNT n’a pas été précisée. Le nouveau texte porte également sur «l’augmentation du nombre de membres» du CNT (121 membres actuellement) «pour renforcer davantage l’inclusivité autour du projet de refondation de l’Etat» et une «adaptation de la durée de la transition aux recommandations des Assises nationales», selon le communiqué publié samedi qui ne donne pas plus de précisions sur cette durée. Les «Assises nationales», présentées comme des consultations préalables à des élections et à un retour des civils au pouvoir au Mali, ont proposé en décembre à Bamako de prolonger l’actuelle transition de la junte militaire de «six mois à cinq ans». 
 

Les colonels, auteurs des deux putschs, n’ont pas tenu leur promesse initiale d’organiser le 27 février prochain des élections présidentielle et législatives qui auraient ramené des civils à la tête du pays. 
 

Le Mali est le théâtre depuis 2012 d’opérations de groupes djihadistes liés à Al Qaîda et à l’organisation Etat islamique, et de violences de toutes sortes perpétrées par des milices autoproclamées d’autodéfense et des bandits. Les forces régulières sont elles-mêmes accusées d’exactions. Les violences parties du nord en 2012 se sont propagées au centre, puis au Burkina Faso et au Niger voisins. Elles ont fait des milliers de morts civils et militaires ainsi que des centaines de milliers de déplacés, malgré le déploiement de forces onusiennes, françaises et africaines.
 

L’Union européenne (UE) a sanctionné vendredi cinq responsables maliens, dont le Premier ministre de transition Choguel Kokalla Maïga, accusés de faire obstacle à la transition politique dans ce pays dirigé par une junte, selon un communiqué de l’Union. Ces sanctions consistent en une interdiction d’entrée sur le territoire de l’UE et un gel de leurs avoirs. Il est en outre interdit aux personnes et entités de l’UE de mettre des fonds à la disposition de ces cinq responsables. 

Outre le Premier ministre, figurent parmi les responsables sanctionnés deux «membres-clés du cercle rapproché» du colonel Assimi Goïta, le chef de la junte malienne, investi président de transition en mai 2021 après un deuxième putsch. Il s’agit de Malick Diaw et Ismaël Wagué, considérés comme des instigateurs du coup d’Etat d’août 2020, au cours duquel les militaires ont renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta, selon les motifs des sanctions publiés au Journal officiel de l’UE. En outre, Ibrahim Ikassa Maïga, ministre de la Refondation depuis juin 2021, et Adama Ben Diarra, sont également ciblés pour avoir joué un rôle-clé dans le renversement du président Keita, selon la même source. Ces cinq responsables ont déjà été sanctionnés par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao). L’organisation a pris le 9 janvier une batterie de mesures économiques et diplomatiques vigoureuses à l’encontre du Mali pour sanctionner l’intention de la junte de se maintenir au pouvoir encore plusieurs années et son refus d’organiser le 27 février, comme elle s’y était initialement engagée, des élections ramenant les civils au 
Lundi, les autorités maliennes ont décidé d’expulser l’ambassadeur de France, a annoncé hier la télévision d’Etat. 

«Le gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale que ce jour (...) l’ambassadeur de France à Bamako, son excellence Joël Meyer, a été convoqué par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale (et) qu’il lui a été notifié la décision du gouvernement qui l’invite à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures», a indiqué un communiqué lu par la télévision d’Etat. Bamako a justifié cette décision par les récentes déclarations «hostiles» de responsables français à leur encontre selon le communiqué lu à la télévision malienne.

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