Mali : Bamako dit ne pas être tenu par le délai pour sortir de la Cédéao

08/02/2024 mis à jour: 18:13
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Images d'une conférence de presse au siège de la Cédéao à Abuja. AP Photo/Ben Curtis

Le Mali se considère délié dès à présent de ses obligations vis-à-vis de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) après l’annonce de son retrait, et non pas dans un an, a rapporté hier par l’AFP, citant un document de la diplomatie malienne.
 

Bamako a annoncé le 28 janvier son retrait de la Cédéao, en même temps que les régimes militaires en place chez les voisins burkinabè et nigérien, avec lesquels il a forgé une alliance. L’article 91 du traité de la Cédéao stipule que les pays membres restent tenus par leurs obligations pendant une période d’un an après avoir notifié leur retrait. 

«Le gouvernement de la République du Mali n’est plus lié (par les) contraintes de délai mentionnées à l’article 91 du traité», a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans une lettre à la Cédéao. Le ministère affirme que la Cédéao a elle-même rendu le traité «inopérant» quand elle a manqué à ses obligations en fermant, en janvier 2022, les frontières des Etats membres avec le Mali, lui interdisant l’accès à la mer. 

La Cédéao a à l’époque imposé de lourdes sanctions au Mali pour forcer les militaires au pouvoir à s’engager sur un calendrier acceptable de rétrocession du pouvoir aux civils. Le ministère «réitère le caractère irréversible de la décision du gouvernement» de se retirer «sans délai de la Cédéao en raison de la violation par l’organisation de ses propres textes». Les régimes militaires des trois pays sahéliens ont formellement notifié à la Cédéao fin janvier le retrait «sans délai» de leurs pays de l’organisation, qui a tenté sans succès d’y imposer le retour des civils au pouvoir. Ces pays, où les gouvernements civils ont été renversés par des coups d’Etat militaires successifs depuis 2020, ont été suspendus des instances de la Cédéao. 

L’organisation est allée jusqu’à menacer de recourir à la force au Niger, où les militaires ont renversé le président élu Mohamed Bazoum. Les régimes militaires ne cessent de dénoncer l’instrumentalisation faite, selon eux, de la Cédéao par la France, et leur retrait est le dernier acte de rupture en date. Ils ont poussé les ambassadeurs et les forces françaises vers la sortie et se sont tournés politiquement et militairement vers Moscou. 

Ils ont par ailleurs formé une alliance placée sous le signe de la souveraineté et du panafricanisme. Au-delà de ses conséquences économiques encore difficiles à estimer, l’annonce du retrait fracture davantage une région frappée par les violences des groupes djihadistes liés à Al Qaïda ou l’organisation Etat islamique (EI). Ces violences ont fait des dizaines de milliers de morts, civils et militaires, et des millions de déplacés dans les pays du Sahel, et la progression de ces groupes menace les pays côtiers.

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