La maison de couture française Christian Dior a présenté, samedi au Mexique, une collection réalisée en collaboration avec des artisans locaux, le gouvernement mexicain ayant par le passé accusé certaines enseignes de mode d’appropriation culturelle.
Dior a présenté sa collection à l’Antiguo Colegio de San Ildefonso, un bâtiment colonial situé à côté du Templo Mayor, un vestige de l’empire aztèque, situé au cœur de Mexico. La styliste de Dior, Maria Grazia Chiuri, a présenté sur le podium des vêtements féminins ornés de broderies et de tissus inspirés des communautés mexicaines.
Sur les airs de Te mereces un amor de la chanteuse et compositrice mexicaine Vivir Quintana, des broderies aux motifs floraux traditionnels et aux couleurs vives, mais aussi dans des tons sobres de noir et de blanc, ont émaillé différents moments du défilé. Des robes ont été présentées dans la couleur rose traditionnelle mexicaine, rappelant les vêtements portés par les communautés autochtones d’Oaxaca et de Chiapas, dans le sud du pays, et de Puebla (centre).
«C’est un pays que j’aime profondément et une culture qui ne cesse de m’inspirer. J’ai été heureuse d’y retourner au fil des ans pour différents projets et pour rencontrer différents artistes», avait déclaré la créatrice sur Twitter lors de l’annonce du défilé le 9 mai. Le show s’est achevé sur plusieurs robes blanches avec des détails rouges au son de «Canción sin miedo», autre titre de Vivir Quintana qui dénonce la violence à l’encontre des femmes au Mexique. Plusieurs mannequins portaient des coiffures tressées semblables à celles de la peintre mexicaine Frida Kahlo (1907-1954). Le lieu où la collection a été présentée est un musée géré par l’université nationale autonome du Mexique (UNAM), le gouvernement mexicain et la mairie de la capitale. La maison de couture a travaillé sur les vêtements avec des artisans mexicains. Plusieurs enseignes de mode ont, par le passé, été accusées d’appropriation culturelle par le gouvernement mexicain et des communautés autochtones elles-mêmes. En 2021, le Mexique avait dénoncé la société chinoise Shein, la société espagnole Inditex et les sociétés américaines Anthropologie et Patowl pour avoir utilisé des motifs mexicains sur leurs vêtements.
Dénonçant un détournement culturel, le pays s’était également plaint, en 2020, de la créatrice française Isabel Marant, laquelle s’était ensuite excusée auprès du gouvernement et d’une communauté du Michoacán (ouest). En 2019, le ministère de la Culture avait aussi critiqué la firme de Carolina Herrera, une créatrice vénézuélienne basée aux Etats-Unis, pour avoir reproduit des broderies colorées de la communauté de Tenango (centre).