La galerie Aïcha Haddad à Alger accueille jusqu’au 4 août prochain une remarquable exposition de peinture lumineuse et colorée à la fois signée par l’artiste peintre Madjid Guemroud.
Intitulée «Dialogue des civilisations», l’exposition en question de Madjid Guemroud se décline sous la forme d’une promotion des valeurs du dialogue entre les cultures et les peuples, et ce, à travers l’art. En effet, à travers sa peinture, l’artiste parle de l’humain et du dialogue entre les civilisations et la culture.
Son exposition n’est autre qu’un clin d’œil et un message de paix et de tolérance. Ainsi, les cimaises de la galerie Aïcha Haddad sont ornées de 44 tableaux sous verre et acrylique, de petits, moyens et grands formats. Afin que tout visiteur ait un large aperçu de la peinture de l’exposant, des échantillons sous- verre d’anciennes œuvres, réalisées entre 2008 et 2010, côtoient les nouvelles œuvres. L’œil est en admiration devant ces formes et ces couleurs symphoniques.
Des signes et des silhouettes jaillissent de nulle part pour s’implanter dans un décor des plus oniriques. Le symbole n’est pas en reste. Il faut dire que notre artiste peintre s’applique depuis des années à donner toute son importance au symbole et au signe à la fois. Preuve en est avec cette série de trois tableaux, mettant en exergue une interaction linguistique mutuelle en Algérie, représentée par des lettres de l’alphabet arabe, latine et amazigh (tifinagh), le tout baignant dans des contrastes de couleurs bien choisies.
Dans l’œuvre intitulée Vacarme, on retrouve la posture de deux musiciens sur scène, ployant dans un espace agrémenté de symboles, de formes, de signes, le tout saupoudré d’une belle palette de couleurs chatoyantes.
Notre artiste défend sa peinture en soutenant qu’il se plaît à créer un dynamisme dans ses toiles à travers des silhouettes, des symboles et des formes. Pour lui, le contraste de couleurs est à même d’illustrer à bien escient la diversité, l’interaction mutuelle et le dialogue entre les cultures et les peuples.
On l’aura compris, Abdelmadjid Guemroud s’exprime à travers le signe et la forme. Il tente avec brio de raconter des histoires et des vécus qu’il transmet si bien sur sa toile.
A travers sa palette de couleurs, il crée son propre alphabet pour s’exprimer. Il nous confie qu’il ne se classe dans aucun courant artistique précis. Il est, pour ainsi dire, inclassable. Il construit sa peinture comme les cubistes. Il n’aime pas faire dans la reproduction. «Je construis, dit-il, et je déconstruis et en même temps. Je travaille d’une manière très libre. Cela peut être du naïf, mais en même temps, c’est une peinture qui résonne.»
«J’aime l’universalité»
La peinture d’Abdelmadjid Guemroud livre des pensées philosophiques. Elle se donne à décortiquer avec un réel plaisir. Preuve en est : l’artiste utilise beaucoup le trait de l’architecture. Il n’y pas de perspective dans le dessin mais de la profondeur.
Une toile donnée renferme tellement d’informations qu’il use et abuse d’aplats : façon singulière de diminuer un peu les centaines de traits. Sinon, comme il l’explique si bien, la lecture de la toile devient difficile. La palette est très joyeuse avec des couleurs en accord qui reviennent souvent telles que l’orangée, le jaune fluo, ou encore le vert fluo. A travers l’utilisation de ces couleurs, Abdelmadjid Guemroud revendique la Méditerranée avec son soleil brillant, sa mer bleue et son sable doré. Il aime l’universalité. Il revendique aussi la peinture du signe.
«L’Algérie est bien située. Elle est à la croisée des civilisations. Il y a beaucoup de pays qui nous envient. Je veux montrer la beauté et l’espoir de notre pays. Et mettre l’accent sur cette jeunesse qui bouge», dit-il. Notre plasticien a étudié dans l’atelier de Denis Martinez, alors qu’il était étudiant à l’Ecole des beaux-arts d’Alger. Dans sa peinture, il y a justement, cette influence, de son ancien atelier de jeunesse et l’influence d’autres artistes tels que Noureddine Chegrane ou encore Abderrahmane Aidoud.
Le fil conducteur de son travail artistique réside, dans un premier temps, dans la couleur et dans un deuxième temps dans la façon de dessiner. «Je veux que tout le monde se reconnaisse dans ma peinture. J’aime l’universalité. Je suis un musicien amateur. J’écoute toutes sortes de musique. Sans la musique, je ne peux pas me produire», argue-t-il.
Pour rappel, Madjid Guemroud est diplômé de l’Ecole des beaux-arts d’Alger depuis 1992.
Il a poursuivi un parcours diversifié comportant la peinture, la pyrogravure, le dessin de presse, les fresques, le recyclage des matériaux et l’enseignement artistique dans les établissements publics et privés.
Outre la peinture, il s’intéresse aussi à la poésie, à la musique, au patrimoine, à l’art culinaire ainsi qu’à l’artisanat. Il a exposé aussi bien en Algérie qu’à l’étranger.
Ses œuvres ont fait l’objet de nombreuses distinctions dont le Grand prix de la ville d’Alger, Aïcha Haddad. En outre, ses œuvres ont été acquises par des institutions publiques et certains collectionneurs privés.