Durant le premier semestre de l’année 2024, 13 501 accidents corporels ont été enregistrés», affirme Ahmed Naït El Hocine, délégué national à la sécurité routière.
Lors de ces accidents, 16 776 véhicules légers ont été impliqués, 1432 véhicules lourds (8%) et 441 véhicules de transport en commun (2%). «Le plus inquiétant reste l’implication des motocycles dans ces accidents», confie Ahmed Naït El Hocine. Selon lui, en dépit du fait que le parc motocycle ne dépasse pas les 5% comparé au parc automobile national, ces engins sont néanmoins impliqués dans plus de 21% des accidents, avec 3595 motocycles impliqués.
En ce qui concerne le profil des conducteurs impliqués dans les accidents, Ahmed Naït El Hocine assure que 6970, soit 41% des conducteurs impliqués, sont titulaires d’un permis dont l’ancienneté est de moins de 5 ans. «2691 sont titulaires d’un permis probatoire de moins de 2 ans soit 16% des conducteurs impliqués», ajoute-t-il.
Précisant au passage que 9957 accidents ont été enregistrés rien qu’en milieu urbain durant le premier semestre de 2024, en hausse de 14% comparé à l’année dernière. «Il faut savoir que le facteur humain est prédominant dans les accidents en zones urbaines, avec 96%», explique Ahmed Naït El Hocine. «Nous avons par exemple constaté que l’excès de vitesse est à l’origine de 12% des accidents, l’imprudence des piétons de 7%, avec 912 accidents», poursuit-il.
«Sachez que 57 accidents sont dus à une route défectueuse, 39 accidents sont survenus en raison de l’absence de plaque de signalisation tandis que la divagation d’animaux est à l’origine de 26 accidents», poursuit-il. Il a par ailleurs affirmé que ces données statistiques sont établies sur la base de procédures judiciaires et sont donc «très fiables».
En ce qui concerne les principaux points noirs, Ahmed Naït El Hocine assure qu’en 2023, 409 points noirs en matière d’accident ont été recensés. «215 ont déjà été traités. 125 sont en cours de traitement, et la soixantaine de points restant nécessitent des études pour être résorbés», a-t-il souligné. Sachant qu’un point noir est une portion de route qui ne dépasse pas 100 m au niveau duquel 3 accidents se sont produits durant la même année, et sa résorption peut se faire via un traitement léger, comme la pose d’une signalisation, de l’éclairage ou d’un ralentisseur.
Toutefois, certains points noirs nécessitent, selon Ahmed Naït El Hocine, de lourds aménagements. «A titre d’exemple, on peut procéder à l’élargissement de la chaussée pour agrandir le tracé d’un virage très prononcé afin de permettre au conducteur de le prendre de manière plus souple», a-t-il suggéré.
En ce qui concerne les axes routiers les plus accidentogènes, Ahmed Naït El Hocine assure que l’autoroute Est-Ouest passe en première position.
En effet, 573 accidents ont été enregistrés en 2022, contre 554 accidents en 2021, enregistrant ainsi une hausse de 3,43%. La route nationale 1 (RN1), reliant Alger à Tamanrasset, a quant à elle connu un recul en termes d’accidents. Alors qu’elle occupait jusque-là la 1re place dans ce «classement», le nombre d’accidents sur la RN1 ont diminué, notamment grâce aux travaux de doublement opérés sur les axes d’Alger jusqu’à Laghouat. «Nous avons enregistré 241 accidents en 2022 contre 246 en 2021», affirme Ahmed Naït El Hocine.
Système de formation
Précisant au passage que la modernisation de l’outil de collecte des données va permettre de situer et d’identifier de manière exacte le lieu des accidents. A cet effet, il explique : «Il s’agit d’un système national de collecte de données qui va permettre d’avoir un maximum de détails, notamment la localisation exacte de l’accident. Il nous permet aussi d’adapter nos dispositifs opérationnels par rapport à la réalité du terrain.»
Il faut savoir que cette base de données est déjà opérationnelle pour les services de sécurité. Il reste seulement à y ajouter le volet sanitaire. Ce travail se fera, selon Ahmed Naït El Hocine, en collaboration avec le ministère de la Santé, et cela suivant les normes OMS. «La collecte des données sanitaires va permettre d’ajuster les statistiques quant aux blessés des accidents», a-t-il précisé. Il faut que lorsqu’il y ait un décès dans les 30 jours suivant un accident, celui-ci est considéré comme victime d’un accident de la route. Au-delà des 30 jours, la mort ne sera pas incombée à l’accident.
Et compte tenu du nombre d’accidents dont les conducteurs sont titulaires de permis de conduire probatoire (moins de 2 ans), il semblerait qu’il y ait une réelle défaillance dans le système de formation. C’est pourquoi, il a été décidé la mise en place d’une stratégie nationale de formation pour revoir le système de conduite en Algérie.
«Nous avons signé une convention avec le Centre de recherche sur l’information scientifique et technique (Cerist). Ce dernier a pris en charge le développement du système d’information du permis de conduire», a confié Ahmed Naït El Hocine. Les candidats des auto-écoles devront ainsi s’inscrire au niveau de l’auto-école ainsi que sur la plateforme. «Le nouveau programme de formation inclut la mise en place d’un système informatique numérisé permettant de surveiller le parcours des candidats au sein des auto-écoles, les obligeant à respecter la période légale de stage pour la partie théorique définie par la loi», a-t-il assuré.
Les candidats devront par la suite passer l’examen théorique dans les centres d’examen relevant de la Délégation nationale de sécurité routière grâce à un système multimédia. «L’épreuve se déroulera sur 20 minutes durant lesquelles le candidat devra répondre à une quarantaine de questions aléatoires, parmi les 1000 questions concoctées qui engloberont tout le programme, à savoir secourisme, mécanique, conduite défensive… Les gens qui ont des difficultés à lire auront des questions illustrées avec un vocal», ajoute Ahmed Naït El Hocine. Par la suite, le logiciel calculera le taux de bonnes réponses et transmettra les résultats sur la boîte e-mail du candidat.
En ce qui concerne le volet pratique, Ahmed Naït El Hocine affirme : «Nous sommes en discussion avec le Centre de développement des technologies avancées (CDTA) pour encadrer l’examen pratique de la conduite. Finalement, nous tentons de faire la jonction entre ce qui est développé par le Cerist et le CDTA, spécialisé dans la robotique.»
A noter que des tests débuteront dans des wilayas pilotes dès janvier 2025.