Cinq victimes du terrorisme à Djerba malgré la prudence, la vigilance et l’efficacité de la riposte. Le mal est venu de l’intérieur même des structures sécuritaires. Nécessité de passage au peigne fin de tous les éléments. La prudence est vitale.
C’est vrai que la confrontation avec le terroriste à Djerba n’a duré que 112 secondes, en ce début de soirée tragique du 9 mai 2023 autour de la synagogue de la Ghriba, comme l’a affirmé le ministre tunisien de l’Intérieur, Kamel Fekih, avant-hier dans une conférence de presse.
C’est vrai aussi que la riposte était efficace, si l’on considère que l’assaillant était muni d’un gilet pare-balles et qu’il portait une tenue sécuritaire permettant la confusion. Il n’empêche que l’appartenance de ce terroriste à la Garde nationale pose problème.
Cela pose de grandes et pertinentes questions concernant le recrutement et le suivi des agents porteurs d’armes, censés être à l’avant-garde de la protection de la population et de ses institutions sécuritaires républicaines.
Il ne faut certes pas perdre de vue que l’Etat tunisien est passé par une décennie où les normes de contrôle n’étaient plus aussi sévères qu’auparavant dans les recrutements aux ministères de l’Intérieur, de la Défense, de la Justice et de la Douane pour les postes-frontières, en rapport avec le rapport à l’extrémisme religieux.
Pourtant, une bonne partie de ces recrutements concernait des agents porteurs d’armes. C’est la perception du risque qui n’est pas la même du temps des islamistes d’Ennahdha, très influents sur les orientations du pouvoir durant la dernière décennie et jusqu’en 2019.
Il y avait plein de tiraillements à l’intérieur des structures de l’Etat et l’amalgame était de mise, d’où les infiltrations, telles celle de cet agent de la Garde nationale, auteur de l’opération de Djerba, connu pour son extrémisme religieux et qui a, semble-t-il, été déjà interrogé sur ses orientations. Le résultat est là.
Plusieurs diraient, comme ces touristes qui continuent à affluer en Tunisie ces derniers jours, que le terrorisme s’est internationalisé et qu’il faut faire avec. Les brebis galeuses existent partout. Il y a eu pareilles opérations en France, en Italie, en Suède, en Indonésie, en Egypte, au Maroc et la liste est encore longue.
Les études ont révélé que plus d’une soixantaine de nationalités ont combattu dans les rangs de l’Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie.
Avec le retour de l’ordre dans ces deux pays, ces dizaines de milliers de combattants, du moins ce qu’il en reste, ayant défendu Daech pendant plusieurs années, sont en cours de dissémination. Les fous de Dieu sont à craindre partout dans le monde.
La prudence est donc de mise. Il est également impératif de redoubler de vigilance dans les recrutements des agents et leur suivi psychique et comportemental pour anticiper les éventuels écarts.
Tunis
De notre correspondant Mourad Sellami
L’Algérie condamne la fusillade de Djerba
L’Algérie a condamné la fusillade qui a fait 4 morts mardi dans la ville de Djerba (Tunisie), affirmant son entière solidarité avec le gouvernement et le peuple tunisiens et son attachement permanent à la sécurité de ce pays frère, indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger. «Suite à la fusillade qui a eu lieu dans la nuit de mardi 9 mai dans la ville de Djerba, en Tunisie, et qui a fait 4 morts, dont deux policiers, et plusieurs blessés, l’Algérie condamne cet acte criminel, assurant le gouvernement et le peuple tunisiens de son entière solidarité et de son attachement permanent à la sécurité de la Tunisie, pays frère. L’Algérie réaffirme sa condamnation et son rejet catégorique de toutes les formes de violence quels qu’en soient les motifs», lit-on dans le communiqué du ministère. «L’Algérie exprime également toute sa compassion aux familles éprouvées et souhaite un prompt rétablissement aux blessés», conclut le communiqué. (APS)