Lutte contre le terrorisme en Afrique : Ce que propose l’Algérie

29/05/2022 mis à jour: 19:30
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Les groupes armés sont très actifs dans la région du Sahel

L’Union africaine (UA) a organisé hier à Malabo, en Guinée équatoriale, un sommet extraordinaire sur «Le terrorisme et les changements inconstitutionnels de gouvernement» en Afrique, auquel ont participé une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement africains. 

Prévenir et combattre le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique, alerte précoce, action-réponse rapide et débat de la relation tripartite entre paix, sécurité et développement dans la lutte antiterroriste ont été, entre autres, les principaux axes discutés par les participants. 

La décision de l’UA de consacrer tout un sommet extraordinaire à la problématique du terrorisme n’est pas fortuite. 

Elle est motivée par la situation sur le terrain. Une situation des plus alarmantes. Le phénomène du terrorisme s’est en effet aggravé dans plusieurs régions du continent. 

C’est le cas notamment de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique de l’Est, où de plus en plus de pays subissent régulièrement des attaques meurtrières de groupes armés terroristes. 
 

Le constat est d’ailleurs entièrement partagé par le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, pour qui la lutte contre l’extrémisme violent est une priorité en Afrique. 

Elle l’est d’autant, insiste-t-il, que «le terrorisme est une gangrène qui infecte progressivement toutes les régions du continent, de la Libye au Mozambique, du Mali à la Somalie, en passant par le Sahel, le bassin du lac Tchad et l’est de la République démocratique du Congo». 

L’ancien ministre tchadien des Affaires étrangères a averti que «le terrorisme ne cesse d’étendre sa loi macabre avec des conséquences considérables sur les finances, les économies et la sécurité des populations». 

Comment inverser la tendance ? Comment permettre aux pays touchés par le terrorisme de reprendre en main la situation ? 
 

L’Algérie – dont l’expertise en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent est reconnue au double plan régional et international – a soumis, à l’occasion de ce sommet extraordinaire, un «rapport sur l’évolution de la menace terroriste sur le continent et les perspectives de renforcement des réponses qui y sont apportées au niveau régional et international». 
 

La responsabilité de la communauté internationale
 

Ce rapport, destiné à enrichir les délibérations des chefs d’Etat et de gouvernement lors du sommet de Malabo, aborde l’état des lieux concernant la menace terroriste en Afrique et explique les facteurs ayant favorisé sa propagation à un rythme effréné dans toutes les régions du continent. 

Présenté par le président Tebboune, dans le cadre de l’exercice de son mandat en tant que leader de l’UA en matière de prévention et de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, le rapport en question souligne «la nécessité de placer la question du terrorisme en tête des priorités de l’Afrique en matière de paix et de sécurité, et propose, dans ce sillage, une série de mesures susceptibles de renforcer les capacités individuelles et collectives des pays africains, tout en mettant en exergue la responsabilité qui incombe à la communauté internationale, appelée à soutenir davantage les efforts des pays africains». 

Se prévalant de l’expérience réussie de l’Algérie en matière de prévention et de lutte contre ce fléau, le chef de l’Etat a, par ailleurs, mis l’accent sur «l’impératif pour les partenaires étrangers de se conformer à leurs obligations en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en prêtant davantage assistance aux pays africains engagés dans la lutte contre le terrorisme, y compris à travers la localisation, l’identification et l’extradition des terroristes recherchés basés sur leurs territoires». 

Dans le cadre de la coopération avec les Nations unies, M. Tebboune a souligné l’urgente nécessité d’opérer les transformations nécessaires pour permettre la transition vers un nouveau modèle d’opérations de paix, qui soit plus adapté aux exigences de la lutte contre le terrorisme en Afrique. 
 

Quant au niveau continental, le président Tebboune insiste dans son rapport sur «l’importance de mettre en place rapidement une liste africaine des individus et entités terroristes, un mandat d’arrêt africain, ainsi qu’un Fonds spécial de l’UA pour la prévention et la lutte contre le terrorisme».

 Il a, également, appelé au renforcement des mécanismes et institutions déjà en place, à l’image du CAERT (Centre africain d’études et de recherches sur le terrorisme), d’Afripol (mécanisme africain de coopération policière) et CISSA (Comité des services de renseignement et de sécurité en Afrique), afin de leur permettre de remplir leurs mandats en tant que composantes essentielles de la stratégie de l’UA de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. 
 

Selon plusieurs organismes, l’Afrique subsaharienne a enregistré à elle seule 48% des décès dus au terrorisme mondial en 2021, avec 3461 victimes. Plus de 1,4 million de personnes ont été par ailleurs déplacées en Afrique de l’Ouest et au Sahel en raison de la situation sécuritaire extrêmement volatile qui y prévaut. 
 

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