Lutte contre le terrorisme au Sahel : Des éléments de l’Africa Corps quittent le Burkina

31/08/2024 mis à jour: 11:38
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Africa Corps disposerait d’un contingent de 300 hommes au Burkina Faso - Photo : D. R.

Wagner, le plus célèbre groupe de mercenaires russes, a été démantelé et réorganisé à la suite de la mort de son chef, Evguéni Prigojine, en août 2023, dans un mystérieux accident d’avion. La plupart des opérations sécuritaires en Afrique sont désormais coordonnées par l’Africa Corps.

Des mercenaires de Wagner installés depuis peu au Burkina Faso ont quitté le pays ouest-africain pour aller défendre la ville russe de Koursk, harcelée par les forces ukrainiennes, a indiqué leur patron. Dans un entretien sur la messagerie Telegram, Viktor Yermolaev, commandant de la brigade Bear, a confirmé hier les informations selon lesquelles une partie de ses effectifs avaient dû aller se battre en Russie.

«Nous avons vu que (les Ukrainiens) avaient choisi la guerre», a expliqué celui qui se fait appeler «Jedi». «La guerre, c’est notre métier (...). Il n’y a pas de plus grand honneur pour un combattant russe que de défendre la mère patrie», a-t-il déclaré. Il y a quelques jours, la chaîne Telegram de cette unité indiquait qu’«en raison des événements récents, la brigade retourne en Crimée», où elle est basée.

L’armée russe, qui progresse sur le front en Ukraine, a été prise par surprise par l’attaque ukrainienne dans la région russe de Koursk, le 6 août. Selon diverses estimations et sources, une centaine de ces mercenaires ont quitté le Burkina sur un contingent total de 300 hommes.

Ils sont notamment chargés d’assurer la sécurité de l’homme fort du pays, le capitaine Ibrahim Traoré. Viktor Yermolaev a refusé de préciser ses missions mais confirmé le chiffre de 300 hommes déployés au départ. «Certains restent bien sûr, nous avons des bases et des propriétés, équipements et munitions.

On ne ramène pas tout en Russie.» Une récente photo de lui, crâne rasé, barbe poivre et sel fournie et bras recouverts de tatouages, circule sur les réseaux sociaux aux côtés d’Ibrahim Traoré.

En juin, une source diplomatique africaine avait fait état à l’AFP de l’arrivée dans le pays, depuis le Mali voisin, de «deux rotations d’avions transportant des instructeurs russes». Un qualificatif généralement utilisé pour désigner les mercenaires du groupe Wagner, aujourd’hui réorganisés au sein du nouvel étendard de l’influence russe en Afrique, Africa Corps. Viktor Yermolaev a affirmé être indépendant du pouvoir.

«Nous les aidons quand ils nous sollicitent», a-t-il cependant admis. En juin, Jack Margolin, expert du mercenariat russe pour le Foreign Policy Research institute (FPRI), décrivait les Bears comme étant «sous contrôle du ministère de la Défense» et affiliés à une unité militaire qui fournissait Wagner dès 2014.

Wagner, le plus célèbre groupe de mercenaires russes, a été démantelé et réorganisé à la suite de la mort de son chef, Evguéni Prigojine, en août 2023, dans un mystérieux accident d’avion. La plupart des opérations sécuritaires en Afrique sont désormais coordonnées par l’Africa Corps.

Virage stratégique

Arrivé au pouvoir en septembre 2022 par un coup d’Etat, le capitaine Traoré a entrepris un virage stratégique en se brouillant avec Paris pendant qu’il se rapprochait de Moscou.

Une trajectoire assumée aussi par ses alliés régionaux, la junte au Mali et plus récemment les militaires nigériens. Ouagadougou est aujourd’hui étranglée par les groupes terroristes liés à Al Qaïda ou au groupe Etat islamique. Début août, le général Kassoum Coulibaly, ministre de la Défense, affirmait que près de 70% du territoire étaient sous contrôle de l’armée. Estimation démentie par les observateurs étrangers familiers du dossier.

Si l’implication des forces armées et des supplétifs civils investis dans le contre-terrorisme «est indéniable, en revanche, à chaque avancée ‘‘victorieuse’’ répondent de nouvelles attaques au bilan humain désastreux», affirmait récemment une source militaire occidentale sous le couvert de l’anonymat.

Une violente attaque samedi dernier avait été revendiquée par le JNIM, acronyme arabe du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al Qaïda. Elle a fait «des centaines de victimes», selon l’Union européenne, «au moins 400 morts», selon le collectif de proches des victimes de la tuerie, le Collectif Justice pour Barsalogho (CJB), ville où a été perpétrée la tuerie. A. Z. et agences

 

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