L’Irak a dévoilé hier une nouvelle «stratégie nationale» devant permettre au pays pétrolier de protéger son environnement et lutter contre la pollution, mettant l’accent sur la préservation de l’eau et une réduction des émissions carbones.
Considéré par l’ONU comme un des cinq pays les plus exposés à certains effets du changement climatique, l’Irak souffre encore aujourd’hui des répercussions de décennies de conflits, avec une corruption endémique, des infrastructures en déliquescence et des politiques publiques parfois inefficaces. Réalisé en partenariat avec l’ONU et l’Agence américaine de développement (USAID), le plan environnemental s’étalera sur 2024-2030. Il prévoit des investissements à minima à hauteur d’un milliard de dollars par année, selon un expert du PNUD, l’agence onusienne pour le développement — une estimation basse concernant une partie seulement du programme. «L’Irak est confronté à des défis environnementaux majeurs, résultant des guerres et de la détérioration de la situation politique et économique.
Pendant longtemps, l’action environnementale n’a pas été une priorité», a reconnu le ministre de l’Environnement Nizar Amedi. Dorénavant, avec la stabilité retrouvée, la donne a changé, a-t-il assuré en conférence de presse. Le représentant du PNUD en Irak, Auke Lootsma, a salué «une feuille de route audacieuse et complète qui reflète notre volonté collective de construire un Irak plus propre, plus vert et plus résiliant». La stratégie met l’accent sur la nécessité d’économiser les ressources hydriques et de lutter contre la pollution des eaux, notamment en garantissant le traitement des eaux usées et en les recyclant, à des fins d’arrosage ou pour alimenter les marais du sud souffrant chaque été de la sécheresse. Elle propose des «solutions innovantes» pour «récolter les eaux de pluies» et encourage l’adoption «d’une irrigation moderne», via des arroseurs plus économes par exemple. Le plan se penche sur la nécessité de «surveiller les écosystèmes marins, administrer les zones côtières et établir des réserves marines».
Le pays développant ses infrastructures portuaires, il faudra s’assurer que «toute pollution qui en résulte est traitée correctement». Il faudra aussi développer les énergies renouvelables, réduire les gaz à effets de serre, investir dans les transports électriques et moderniser les transports publics. L’Irak étant le deuxième pays exportateur de pétrole au sein de l’Opep, l’accent est mis sur la lutte contre le torchage de gaz. Les autorités ambitionnent d’éliminer d’ici 2030 cette pratique extrêmement polluante consistant à brûler le gaz qui se libère lors de l’extraction du brut.