Le tabac : une menace pour notre environnement» est le thème choisi cette année par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la célébration de la Journée mondiale sans tabac, le 31 mai de chaque année.
Selon l’OMS, 19,3 millions de cas de cancers et 10 millions de décès ont été enregistrés dans le monde en 2020.
L’Algérie a recensé, au courant de la même année, 60 000 nouveaux cas de cancer toutes localisations confondues et 35 000 décès, selon l’INSP. Une incidence qui est appelée à augmenter dans les deux prochaines décennies, soit une augmentation de 47% des nouveaux cas de cancer dans le monde d’ici 2040, selon les prévisions de l’OMS.
Cette campagne vise à sensibiliser le grand public à l’impact du tabac sur l’environnement. Elle permet également de rappeler aux consommateurs de tabac les ravages causés par la cigarette, qui touchent également les non-fumeurs.
Classé comme premier facteur de risque à l’origine des cancers au niveau mondial, le tabac est responsable, selon l’OMS, de près de 20% des cancers et d’environ un tiers des décès. Qu’en est-il de l’application de la convention-cadre antitabac de l’OMS ratifiée par l’Algérie en mars 2006 ?
Les objectifs ne semblent pas avoir été atteints, notamment dans la réduction de la morbidité et de la mortalité par cancer à travers la prévention. Laquelle constitue la stratégie la plus efficace dans la réduction des maladies non transmissibles. «La prévention est le moteur principal de toute politique de santé, notamment en matière de contrôle du cancer, caractérisée par la grande complexité de mise en œuvre et la diversité de ses domaines : tabac, nutrition, environnement, exposition aux cancérigènes professionnels...» souligne le Pr Messaoud Zitouni, coordonnateur du Plan national cancer 2015-2019, en préambule de la dernière synthèse d’évaluation de l’axe I dédié à la prévention contre les facteurs de risque, inscrit dans le Plan cancer.
Et d’ajouter : «Les bouleversements de toute nature, avec de nouveaux éclairages induits par la pandémie de Covid-19, ont rappelé encore une fois que la prévention devrait être constamment l'élément essentiel de toute politique de santé publique responsable.»
Le Plan national cancer 2015-2019 a mis l’accent sur la lutte contre le tabac, qui est non seulement une des stratégies clés dans la réduction de la charge de morbidité et de mortalité liées aux cancers, mais aussi une arme majeure contre toutes les autres maladies non transmissibles (diabète, maladies cardio-vasculaires et respiratoires chroniques), qui caractérisent la transition épidémiologique que vit notre pays, rappelle le comité de pilotage du Plan cancer.
Il indique qu’il a été montré que 40% des décès liés à ces facteurs de risque sont parfaitement évitables grâce à une politique de prévention continue et efficace.
«Cependant, la multiplicité des facteurs de risque fait du cancer un problème de santé publique très complexe, avec de multiples impacts sanitaire, économique et social, et implique des stratégies de lutte intersectorielles très contraignantes pour les pays, en particulier ceux à revenu faible et intermédiaire», précise le groupe de travail.
Des efforts ont été consentis en grande partie grâce à la ratification de la convention-cadre de l’OMS, signale le comité, mais il estime que «jusqu’à l’heure actuelle, les résultats de la prévention n’ont pas été à la hauteur de ce que l’on attendait, tant l’adoption des changements de comportements, aussi bien individuels que collectifs, sur l'environnement», note le comité.
Et de suggérer d’engager une réflexion globale sur la stratégie la plus efficiente à adopter dans notre pays pour contrôler l’augmentation croissante de l’incidence du cancer. Il précise que c'est sur cette base que le Plan national cancer 2015-2019 a adopté une «nouvelle vision stratégique centrée sur le malade», avec comme objectif principal de diminuer la mortalité et la morbidité du cancer, en accordant à la prévention une importance capitale parmi les autres axes.
Devant ce constat, le comité de pilotage et de suivi du Plan émet des réserves sur le potentiel actuel de la lutte antitabac en Algérie pour faire atteindre les objectifs de ce Plan en matière de réduction du tabagisme et recommande une application plus stricte de la convention-cadre antitabac de l’OMS.