Lors de sa visite en Ukraine : Le Premier ministre indien se dit «résolument favorable à la paix»

24/08/2024 mis à jour: 19:38
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Photo : D. R.

Le Premier ministre indien a expliqué être «résolument favorable à la paix» entre les deux belligérants. «Nous nous sommes tenus à l’écart de la guerre avec beaucoup de conviction. Cela ne signifie pas que nous étions indifférents», a-t-il dit devant la presse.

Le Premier ministre indien, Narendra Modi, a réitéré son appel à un règlement pacifique du conflit en Ukraine hier, lors d’une visite à Kiev, décrite comme «très symbolique et historique» par son hôte, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, rapporte l’AFP.

La visite de N. Modi, dont le pays entretient traditionnellement d’excellentes relations avec Moscou, intervient à un moment où un règlement diplomatique semble difficile entre la Russie et l’Ukraine, deux ans et demi après le début de l’invasion russe à grande échelle.

Assis aux côtés de Volodymyr Zelensky, le Premier ministre indien a expliqué être «résolument favorable à la paix» entre les deux belligérants. «Nous nous sommes tenus à l’écart de la guerre avec beaucoup de conviction. Cela ne signifie pas que nous étions indifférents», a-t-il dit devant la presse.

L’Inde tente de maintenir un équilibre délicat entre la Russie, avec laquelle elle a noué de solides liens, et les nations occidentales qui soutiennent Kiev, avec lesquelles elle cherche un rapprochement pour contrer la Chine, son rival régional. «Quelle que soit l’aide requise d’un point de vue humanitaire, l’Inde sera toujours à vos côtés et se surpassera pour vous soutenir», a aussi déclaré N. Modi en s’adressant au président ukrainien.

De son côté, le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, a justifié les liens énergétiques entre la Russie et l’Inde, qui continue d’importer du pétrole russe, rappelant que New Delhi «n’imposait généralement pas de sanctions à quelque pays que ce soit».

Le Premier ministre indien a toujours évité de condamner explicitement l’intervention russe en Ukraine, et l’Inde s’est abstenue au moment des votes de résolutions de l’ONU pouvant être hostiles à Moscou. Début juillet, N. Modi était allé à Moscou juste après des frappes russes sur plusieurs villes d’Ukraine, qui avaient provoqué la mort de dizaines de personnes et sérieusement endommagé un hôpital pour enfants à Kiev.

A cette occasion, il avait salué les échanges «fructueux» et «des décisions importantes pour renforcer la coopération» bilatérale dans «le commerce, la sécurité, l’agriculture, la technologie» avec la Russie. Le président Zelensky, excédé par cette visite, l’avait qualifiée de «coup dévastateur pour les efforts de paix».

De son côté, Washington a annoncé hier une nouvelle série de sanctions visant au total 400 entités et individus, tant en Russie qu’à l’étranger, parmi lesquelles une soixantaine d’entreprises technologique de défense, dont «les produits et services permettant à la Russie de soutenir son effort de guerre» en Ukraine.

«La Russie à mis son économie au service du complexe militaro-industriel du Kremlin. Les décisions du (département du) Trésor aujourd’hui visent à confirmer les engagements pris par le président (Joe) Biden et ses homologues du G7 pour perturber les chaînes d’approvisionnement de la Russie», a déclaré le secrétaire adjoint au Trésor, Wally Adeyemo, cité dans le communiqué.

Condition et nouvelles sanctions de Washington

Un peu plus tard, la Maison-Blanche a affirmé que la visite du Premier ministre indien, Narendra Modi, en Ukraine pourrait s’avérer utile. Si la visite du Premier ministre peut contribuer «à mettre fin au conflit conformément avec la vision de (Volodymyr) Zelensky pour une paix juste, alors nous pensons que cela pourrait s’avérer utile», a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby.

Plusieurs autres puissances, à commencer par la Chine, ont essayé, depuis le début de la guerre, de faire office de médiateur pour mettre fin à ce conflit qui bouleverse l’équilibre géopolitique mondial. Sans succès pour l’heure, tant les exigences des uns et des autres semblent inconciliables.

Vladimir Poutine a déclaré qu’un cessez-le-feu et des pourparlers n’étaient possibles que si Kiev cédait les régions dont la Russie revendique l’annexion et renonçait à vouloir intégrer l’Otan, conditions inacceptables pour l’Ukraine et ses alliés occidentaux.

Le déclenchement, le 6 août, d’une offensive ukrainienne surprise sur le sol russe, dans la région frontalière de Koursk, a soulevé encore plus d’incertitudes, tandis que les troupes russes continuent parallèlement de gagner du terrain dans l’est de l’Ukraine.

Kiev a expliqué que cette opération devait servir de moyen de pression en vue de négociations «équitables». Mais le Kremlin a affirmé en début de semaine qu’il était hors de question d’entamer des pourparlers du fait de cette attaque sur le territoire russe.

La Russie est un fournisseur clé d’armes et de pétrole bon marché à l’Inde, même si la confrontation de Moscou avec les Occidentaux et ses liens plus étroits avec la Chine dans le contexte du conflit en Ukraine ont eu un impact sur ses relations avec New Delhi.

Membre des BRICS aux côtés de la Russie et de la Chine, comme de l’Organisation de la coopération de Shanghai (OCS), l’Inde est partisane d’un monde multipolaire et continue parallèlement de développer sa coopération avec Washington.
 

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