L’ONU s’inquiète de la situation en Ethiopie : Des dizaines de morts lors de heurts en Amhara

19/11/2023 mis à jour: 20:00
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Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed

Les Nations unies ont exprimé vendredi leur profonde préoccupation à propos de la situation dans la région éthiopienne instable de l’Amhara (nord-ouest), affirmant qu’une cinquantaine de civils y ont été tués depuis début octobre.

La région de l’Amhara, la deuxième plus peuplée d’Ethiopie, est en proie depuis plusieurs semaines à de violents heurts entre l’armée éthiopienne et un groupe armé de l’ethnie amhara, la milice Fano, en conflit ouvert avec le gouvernement fédéral depuis des mois. «Il est impératif que toutes les parties s’abstiennent d’attaques illégales et prennent toutes les mesures pour protéger les civils», a déclaré dans un communiqué Seif Magango, un porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. 

Il a notamment évoqué «l’impact dévastateur» des attaques de drones parmi la population. Au moins 47 civils ont été tués dans cinq attaques depuis début octobre, a-t-il dit.Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken s’est lui dit alarmé par les violences dans le pays lors d’un appel avec le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed. Il a souligné «l’importance du dialogue et de la négociation pour résoudre le conflit», a déclaré son porte-parole, Matthew Miller. Il a également loué les réformes de M. Abiy, qui ont convaincu Washington de reprendre la livraison d’aide alimentaire dans l’ensemble du pays, suspendue en juin.

Le 9 novembre, l’armée fédérale éthiopienne a repris en Amhara le contrôle de la ville sainte orthodoxe de Lalibela, après le départ des miliciens qui s’en étaient largement emparés un jour auparavant. Aucun bilan officiel des affrontements du 8 novembre n’a été fourni mais, le jour suivant, un diacre de cette localité a indiqué avoir assisté aux funérailles de 16 policiers tués dans les combats.

Il a ajouté qu’à sa connaissance, un habitant a été tué et une habitante blessée par les forces fédérales. Selon Seif Magango, qui n’a pas donné de bilan de ces heurts, une attaque de drones ayant touché un arrêt de bus dans la localité de Waber le 9 novembre a fait 13 morts. Trois jours plus tôt, un drone présumément lancé par les forces gouvernementales a touché une école primaire dans le district de Wadera, tuant sept personnes, dont trois enseignants, a-t-il ajouté. Et le 4 novembre, six personnes ont été tuées lorsque les forces gouvernementales ont frappé des zones résidentielles dans la région de Gondar, ville la plus peuplée de l’Amhara.Selon S. Magango, 21 autres personnes, dont des responsables gouvernementaux et du parti au pouvoir, ont été tués par la milice Fano dans deux attaques distinctes les 9 et 28 octobre.

Les Fano, milices informelles amhara composées de citoyens, combattants volontaires, ont épaulé l’armée éthiopienne durant les deux ans de conflit avec les rebelles dans l’Etat régional voisin du Tigré, auquel a mis fin un accord signé en novembre 2022. Cet accord, vu comme un retournement d’alliance alors que des différends territoriaux opposent Amhara et Tigréens, a exacerbé les tensions en Amhara. Celles-ci ont dégénéré en conflit ouvert quand le gouvernement fédéral a tenté, en avril, de désarmer des forces régionales.
 

Situation humanitaire catastrophique

L’Ethiopie est en proie à de graves violences internes, une situation économique dégradée et des catastrophes naturelles chroniques. Environ 17% des 120 millions d’habitants en Ethiopie dépendent de l’aide alimentaire internationale. 

Mais l’ONU et les Etats-Unis ont suspendu en juin dernier la distribution de l’aide alimentaire à travers le pays en raison de détournements «généralisés et coordonnés». En mai déjà, ils ont fait de même pour la région septentrionale du Tigré, ravagée par deux ans de guerre, avant de l’étendre à l’ensemble du pays. Le PAM précisait début octobre avoir repris ces livraisons d’aide «après une réorganisation totale des garde-fous et contrôles» des opérations menées auprès des réfugiés. Mardi dernier, l’Agence américaine de développement (Usaid) a annoncé que les livraisons par les Etats-Unis d’aide alimentaire à l’Ethiopie vont reprendre dans l’ensemble du pays, après la conclusion d’un accord de surveillance de la distribution de l’aide. 
 

L’Usaid a évoqué la reprise des livraisons à partir du mois prochain, pour une période initiale d’un an durant laquelle l’agence suivra si l’Etat éthiopien garde ses engagements, sur fond d’accusations de détournement de l’aide au profit de soldats. «Ces réformes d’ampleur et significatives vont profondément bouleverser le système d’aide alimentaire à l’Ethiopie et permettre de s’assurer que l’aide atteigne ceux qui subissent une insécurité alimentaire aiguë», a déclaré dans un communiqué la porte-parole d’Usaid, Jessica Jennings. 
 

L’agence américaine a déjà annoncé début octobre une reprise limitée des livraisons d’aide alimentaire afin de subvenir aux besoins des milliers de réfugiés dans le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique. 
Cette reprise devait concerner près d’une trentaine de camps en Ethiopie, qui accueille sur son sol près d’un million de réfugiés venus majoritairement du Soudan du Sud, de Somalie et d’Erythrée.
 

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