Les biens-vacants continuent de susciter les convoitises dont certains les plus immodérés. Si beaucoup de biens ont été transférés, sans problème, en application du décret 12-427 du 16 décembre 2012, d’autres, acquis, voire exploités suivant location, suscitent ici et là des grincements de dents.
Un ancien directeur des domaines n’avait-il pas déclaré à El Watan : «Plus de 500 biens avaient été recensés, en état d’abandon pour être cédés et/ou réaffectés à des institutions étatiques ou à des investisseurs ?» Certains de ces biens ont été cédés à des fins d’exploitation au profit de plusieurs associations et beaucoup d’autres à des investisseurs.
S’agissant du cas de l’ex-siège de mairie de Trumelet (actuelle ville de Dahmouni) redevenue un temps bureau de poste, sa location par les domaines s’avère génératrice de frustrations mais aussi de levées de boucliers, à tort ou à raison. L’affaire a pris une autre tournure cocasse au lendemain de la visite officielle du chef de l’exécutif, Ali Bouguerra, à Dahmouni. Pourquoi ? «C’est en vertu d’un bail de location, d’une durée de trois années allant du 1er janvier 2021 jusqu’au 1er janvier 2024 que, moi, Chelik Boualem, j'ai pris possession des lieux, une ancienne habitation de type maison de maître d’une surface de 395 m2, dont 195 bâtis moyennant un loyer», nous a déclaré Boualem Chelik. Au bureau du journal, notre interlocuteur explique que «des dépenses faramineuses ont été engagées pour restaurer les lieux dont je devrais en jouir à travers un prolongement du contrat comme le stipule certains articles de ce document». «Les lieux présentaient une dégradation avancée qui ont nécessité des travaux d’aménagement conséquents comme le montrent les photos» et «voilà que les ex occupants tentent, par tous les moyens de me bloquer en exerçant des pressions sur l’administration», assène-t-il.
Et de conclure : «L’affaire est portée devant le tribunal administratif pour faire valoir mes droits.» Saisi par le wali qui en a pris connaissance de la teneur du dossier, «le directeur des Domaines a lui aussi dressé un rapport à l’intention de la DRAG», fait savoir Benaouda Laaraf, directeur des Domaines dans une entrevue à El Watan. Les protestataires, eux, n’en démordent pas.
Certains de leurs représentants, venus à la maison de la presse, parlent «d’une tentative de s’accaparer un bien public appartenant aux domaines de l’état par des moyens dilatoires», et réclament «la priorité d’occuper les lieux» et ont même «menacé d’entamer une grève de la faim». Toujours à ce propos, M. Laaraf, directeur des Domaines, explique que «ces personnes n’ont aucune qualité pour venir empiéter sur notre travail qui est de préserver les biens de l’Etat et même d’engranger de l’argent au profit du Trésor public en s’astreignant à la loi et à la réglementation en vigueur». Entre-temps, que d’encre et de salive ont coulé, que d’énergie dépensée et que de déceptions de voir les enfants d’un même patelin se disputer un bien vacant dont l’affaire est désormais portée au niveau de la justice.
Même la médiatrice de la République a été impliquée dans ce dossier, puisqu’ayant saisi par lettre n° 3141 du 26 septembre 2022 à l’attention du directeur des domaines de Tiaret pour lui signifier le «refus de beaucoup d’organisations de la société civile de Dahmouni pour l’annulation du contrat de location de ce bien objet de litige».