En ce 62e anniversaire de la libération de l’Algérie d’un joug colonialiste français de déni d’humanité de plus d’un siècle et 32 années et à l’approche de la 70e année de l’exceptionnelle commémoration du lumineux 1er Novembre 1954 de la révolution, l’auteur de ces modestes lignes désirerait en cette heureuse circonstance de l’évocation et de la pensée contribuer à ce ressourcement de l’histoire.
El Hamdou li Allah : Un hymne triomphal de l’Indépendance de Hadj M’hamed El Anka
Ceci à travers la souvenance d’une rétrospective mémorielle d’historicité consacrée à l’hymne triomphale de l’Indépendance El Hamdou li Allah mabkach listiamar fi bladna qui a surgi dans sa naissante éclosion pour être enregistré par l’histoire dans une impressionnante euphorie de légende à la Placette de l’ex-rue Marengo dit du Deuxième - rue Arbadji Abderrahmane actuellement à La Casbah en cette éternelle nuit de l’Istiqlal du mardi 3 juillet 1962.
Un événement marquant que votre serviteur a intensément vécu dans l’extase de sa surdimension populaire et de sa sublime et émouvante interprétation, empreinte de solennité vibrante de Hadj M’hamed El Anka qui a subjugué dans une allégresse de joie une immense assistance d’une population en grande liesse de communion patriotique du bonheur de l’Istiklal.
Et de rappeler à ce propos que cet épisode du souvenir de plus d’un siècle a suscité lors du 58e anniversaire de l’Indépendance, le 5 juillet 2020, une initiative citoyenne révélatrice d’un groupe de jeunes de La Casbah en quête de réappropriation patrimoniale, culturelle et historique de leur vieille cité natale.
La jeunesse avide pour une réappropriation patrimoniale d’historicité
En plasticiens amateurs doués, ceux-ci ont superbement exécuté un fascinant portrait d’apparat de Cheikh Hadj M’hamed El Anka sur le site même de cette euphorique soirée de l’Istiklal devenue ainsi un lieu mythique de l’histoire et de la mémoire.
Pour l’histoire, la postérité et les générations futures, El Hamdou li Allah est un hymne d’une véritable anthologie poétique et révolutionnaire d’universalité pour la liberté et le combat des opprimés qui a pérennisé un évènement phare dans le siècle.
Celui de la lutte implacable du peuple algérien pour l’Indépendance de sa patrie, longtemps rêvée, tant attendue et enfin accomplie.
Une héroïque épopée avec un devoir de sacralité pour la perpétuation à l’infini des âges et des temps de la mémoire et de l’éternel souvenir des meilleurs enfants de l’Algérie qui, pour elle, se sont sacrifiés à la fleur de l’âge et à l’aurore d’une vie.
Par ailleurs, une heureuse coïncidence d’opportunité vient harmonieusement rehausser cette remémoration de dates-phare du 5 juillet 1962 et de l’éternel 1er Novembre 1954 avec la première et magnifique restauration d’un des plus emblématiques cafés de la capitale réalisée par la wilaya d’Alger.
Le Café Malakoff à La Casbah d’Alger, qui constitue une matrice mémorielle de patrimoine poétique et musical de la chanson chaâbie, connu de réputation sur l’ensemble du territoire national, du Maghreb et également en France essentiellement à Paris carrefour artistique de la communauté d’émigration maghrébine et orientale.
L’existence de ce café, populairement mascotte, remonte au années 1930/1940 et fut un havre de l’ensemble des mélomanes et des grands maîtres de la chanson chaâbie, à l’instar de Hadj M’hamed El Anka, Hadj M’rizek et tant d’autres célèbres chouyoukh à l’image de Khelifa Belkacem, Hadj M’nouar, Omar Mekraza, H’sissen, Hadj Marocane et Hadj Bouchiba, pour ne citer que ceux-là.
Un véritable creuset culturel de rencontres, d’échanges, de réflexions et de débats en matière de patrimoine poétique et d’art musical de la chanson populaire qui a perpétuellement véhiculé et essaimé l’identité culturelle en vecteur de résistance du mouvement national indépendantiste à l’encontre de la politique ethnocidaire d’acculturation et de déculturation menée par une éradicatrice colonisation française de peuplement.
Le duc de Malakoff, surnom du Maréchal colonialiste Pelissier, criminel des enfumades d’Algériens du Dahra
Paradoxe de l’histoire, l’étymologie du nom Malakoff n’est qu’autre que celui du colonel Pelissier de sinistre mémoire acolyte du maréchal Bugeaud envahisseurs de l’Algérie et tous deux fossoyeurs des apocalyptiques enfumades d’extermination de toute une population de la tribu résistante des Ouled Riah alliée de lutte de l’Emir Abdelkader dans les grottes de la région des monts du Dahra prés de Mazouna wilaya de Relizane le 20 juin 1845 causant la mort sauvagement effroyable par asphyxie et calcination de prés d’un millier de personnes femmes, enfants et vieillards, avec un important cheptel de subsistance de cette population rurale.
Ce qui n’empêchera pas ce barbare criminel de déshumanisation d’être par un immoralisme d’abjection ennobli au titre de duc de Malakoff vertigineusement catapulté au grade de maréchal suivi du statut de fin de carrière de Gouverneur général de l’Algérie de 1860 à 1864.
Dès son intronisation machiavélique précurseuse coloniale du nazisme et à dessein de la pérennisation de son sanguinaire et cauchemardesque souvenir, l’administration coloniale a ignoblement excellé dans ses primitifs relents de racisme d’extermination des Algériens par l’édification de l’apologie de ce crime génocidaire d’inhumanité personnifié par le maréchal Pelissier alias duc de Malakoff en baptisant en 1861 une suite d’ilots, de dépendance et locaux à la rue de Bab El Oued attenante à l’ex-place du Gouvernement actuellement, place des Martyrs dans la Basse Casbah au nom de galerie Malakoff.
D’où la genèse de la désignation populaire de café Malakoff car intégré dans l’enceinte de celle-ci ainsi banalement lié à la toponymie de proximité de son implantation sur le site sans aucune autre signification.
Pour la baptisation de «l’ex-galerie Malakoff» au nom de galerie Hadj M’hamed El Anka
Pour une revanche de l’histoire en ce mois béni de juillet de l’Indépendance, notre ardent souhait serait de fêter dans la réjouissance collective la baptisation de cette galerie ex-Malakoff supplantée à son fronton tiponymique de l’entrée principale par le nom de Cheikh Hadj M’hamed El Anka.
L’auteur-poète et interprète de l’hymne de l’Indépendance de l’Algérie renaissante dans sa souveraineté El Hamdou li Allah mabkach listiamar fi bladna, hymne traditionnellement célébré par sa diffusion télévisée et radiophonique en support de partition musicale commémorative d’événements historiques.
Café «ex-Malakoff» Café-musée du chaâbi
Celle-ci parachevée par la dénomination du café Malakoff en une symbolique et expressive appellation de «Café-musée du chaabi» approprié à un lieu de mémoire, de résistance et de rayonnement patrimonial de la chanson chaâbie qui a rassemblé en son sein l’ensemble des grands maîtres, dont le souvenir sera ainsi immortalisé dans cet espace évocateur esthétiquement orné d’une riche iconographie en trames d’anciennes et inédites photographies de l’univers de la chanson chaâbie.
Une vocation patrimoniale et musicale de ce café illustrée sur la photographie ci-dessus encore et toujours perpétuée dans la tradition à travers les soirées de concerts chaâbies hebdomadairement animées chaque jeudi à partir de 22h dans l’exaltation des nombreux adeptes de la nostalgie des inoubliables «qaâdate» d’un cher passé.
Une judicieuse opportunité pour remémorer en la circonstance le prodigieux et légendaire parcours de Hadj M’hamed El Anka qui, sa vie durant, s’est investi pour l’épanouissement et la pérennité de la chanson chaâbie et avec le mode de sa structure musicale enrichie par le son d’une harmonie innovante égrenée d’un instrument à cordes que fût le mandole dont il est le génial inventeur en 1936 à Bab El Oued réalisé par le fabricant luthier de première notoriété musicologique à Alger, Jean Bellido, sur la base d’un croquis esquissé par Hadj M’hamed El Anka et des orientations de musicalités de ce dernier.
Une œuvre salutaire pour la sauvegarde d’un patrimoine d’ancestralité
Revoilà en repères du souvenir d’Alger la blanche, un pan d’histoire, de culture et de patrimoine revisité à la faveur d’une œuvre stimulante de restauration actuellement déployée à grande échelle par la wilaya d’Alger dans nombre de lieux et vieux quartiers historiques à la satisfaction citoyenne de constater un renouveau salutaire pour la sauvegarde, la valorisation et la préservation de lieux témoins directs de la mémoire, du patrimoine culturel, historique et identitaire du peuple algérien.
Ceci en legs d’héritage d’ancestralité à transmettre par devoir à la jeunesse et aux générations montantes pour s’orienter temporellement dans leur présent et percevoir une approche vers leur futur, éléments fondamentalement structurants de leur personnalité.
Par Lounis Ait Aoudia
Auteur contributeur médiatique en patrimoine culturel historique et mémoriel
Président de l’Association des amis de la rampe Louni Arezki Casbah