L’Algérie est au centre des convoitises internationales. Elle est courtisée de toutes parts. Son emplacement géographique stratégique, ses richesses, particulièrement énergétiques, et son poids régional prépondérant cristallisent tout l’intérêt que lui voue cette communauté étrangère. Il va sans dire qu’à l’heure du grand chamboulement de l’ordre mondial, les principaux courtisans s’avèrent être les grandes puissances continentales. Le conflit russo-ukrainien a bien mis en évidence la persistance de la guerre hégémonique que se livrent ces puissances en question. Si le but de ces principaux blocs concurrents est d’intégrer notre pays dans leurs zones respectives d’influence idéologique, pour d’autres, moins contraignants, leurs sollicitations se résument beaucoup plus en partenariat économique conjoncturel. C’est bien le cas des pays européens qui négocient plus de contrats gaziers pour se soustraire à la crise énergétique mondiale imposée par la rupture des exportations russes causée par le conflit armé avec l’Ukraine. L’Algérie, qui ne prétend pas remplacer les capacités énergétiques du pays de Poutine, entend néanmoins se servir du volume de ses exportations pour financer l’ambitieux programme de développement économique et social prôné par le président Tebboune. La multiplication des ressources financières est la condition sine qua non pour encore soutenir d’autres projets d’intégration et de complémentarité africaine discutés, récemment, lors du deuxième sommet de Dakar au Sénégal. La dimension africaine fait partie intégrante des ambitions économiques nationales. Ce sommet, faut-il le rappeler, est intervenu quelques jours seulement après la tenue de la Foire de la production algérienne en Mauritanie. Ce renouveau économique basé sur le pragmatisme a nécessité une nouvelle vision dont les principes sont consacrés dans les textes de référence de la Constitution de novembre 2022. Les avantages et les garanties entourant l’acte d’investir, aussi bien pour les nationaux que pour les étrangers, attirent de plus en plus de postulants. Les Etats-Unis multiplient les contacts avec notre pays pour en faire un partenaire privilégié dans plusieurs domaines. Ils voient même «d'un bon œil» l’Algérie siéger au Conseil de sécurité de l’ONU avec, en prime, une ligne aérienne directe vers New York pour faire entendre ses idées.
Ce soudain regain d’intérêt US coïncide avec les appels du pied de Moscou. Le ministre russe des Affaires étrangères ne tarit pas d’éloges en direction d’Alger. Il trouve que les capacités économiques algériennes placent l'Algérie en première ligne des pays candidats à l’adhésion au Groupe des cinq (BRICS). Ce bloc regroupe les économies émergentes à travers le monde, à l’instar de la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud. Dans ce tumulte diplomatique international, le hasard du calendrier prévoit le voyage du président Tebboune en Russie à l’orée du mois de mai prochain. Pour autant, aucune conclusion hâtive ne peut être tirée de ce déplacement présidentiel. A plusieurs reprises, le chef de l’Etat a eu à souligner l’indépendance de la politique étrangère du pays. Il précise que ses principes se basent sur l’intérêt national et sur la réciprocité. Conscient de cette attitude et des convictions immuables, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a tenu à rappeler, dans une interview, que l’Algérie se respecte et respecte son histoire. En aucun cas, elle ne se laisse dicter sa destinée.