L’intelligence artificielle : Nouveau champ de bataille des géants internet

08/02/2023 mis à jour: 19:23
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De Meta (Facebook) à Amazon, d’Alphabet (Google) à IBM ou Microsoft, les champions américains du numérique s’affrontent depuis de nombreuses années dans la course à l’IA

Qui le premier combinera intelligence artificielle et recherche sur internet ? Si Microsoft avait pris une longueur d’avance en misant des milliards sur ChatGPT, l’américain Google et le chinois Baidu viennent de riposter en annonçant leurs propres outils basés sur l’IA, nouveau champ de bataille des géants internet.

La génération par une IA de textes ou d’images peut en effet révolutionner la recherche sur internet, avec des réponses en langage naturel et non plus une liste de documents, avec à la clé des revenus publicitaires accrus. L’IA peut aussi doper les autres aspects d’un moteur, comme la cartographie, les outils de réunion, les techniques de prévision ou l’analyse d’images. Tout s’accélère dans ce nouveau champ de bataille de l’information. En novembre, la start-up californienne OpenAI, épaulée notamment par Microsoft, lance son robot conversationnel ChatGPT, capable de répondre à n’importe quelle question - plus ou moins justement. Proposé gratuitement au public, son succès est phénoménal: 100 millions d’utilisateurs en deux mois. Fin janvier, Microsoft annonce vouloir investir «plusieurs milliards de dollars» dans OpenAI.

Selon la presse américaine, le groupe y a déjà investi 3 milliards et pourrait y injecter 10 milliards de plus. D’où sa rapidité à déployer cette technologie dans ses produits: Microsoft a lancé ce lundi une version, plus chère, de son logiciel de communication Teams, avec des fonctionnalités de ChatGPT, par exemple pour générer des résumés de réunion.

Et a annoncé il y a deux semaines vouloir «ajouter une couche d’intelligence» de ChatGPT à tous ses autres produits, dont son moteur de recherche Bing, jusqu’ici écrasé par Google. Il n’aura pas fallu un mois à son grand rival américain Google, avec l’outil nommé «Bard», pour riposter. «Bard a pour ambition de combiner l’étendue des connaissances du monde avec la puissance, l’intelligence et la créativité de nos grands modèles de langage. Il s’appuie sur les informations du Web pour fournir des réponses actualisées et de haute qualité», a affirmé Google lundi.  De son côté, le géant chinois de l’internet Baidu «devrait être en mesure de terminer en mars les tests internes» de son robot conversationnel, a déclaré mardi à l’AFP un porte-parole. Baptisé «Ernie Bot», il sera mis «à la disposition du grand public» à une date non précisée.

Si Google a accéléré, c’est qu’avec l’IA, Microsoft risquait, pour la première fois depuis 10 ans, de reprendre la main dans la recherche sur internet. Or Google occupe plus de 90% de ce marché très lucratif. Ce dernier, voyant le succès de ChatGPT, a selon la presse américaine aussitôt allumé un «code rouge», conscient que ce type de robot à questions-réponses pouvait tuer la recherche telle qu’on la connaît depuis vingt ans.

«Plus besoin des moteurs»

«Un moteur de recherche intégrant de l’IA donnera une réponse structurée à une question posée. Non pas des documents, comme actuellement, mais des réponses», explique à l’AFP Thierry Poibeau, directeur de recherche au CNRS.  «Avec le risque que l’internaute s’en contente, malgré les possibles biais ou contrôle de cette unique réponse», avertit Claude de Loupy, dirigeant de Syllabs, entreprise française spécialisée dans la génération automatique de texte. «On aura plus besoin des moteurs. Mieux que trouver une source, l’IA pourra trouver une réponse détaillée. Comme l’illusion d’un être omniscient qui aurait tout lu. Mais c’est terrifiant, car cette réponse est contrôlable. Et ce sera contrôlé», avertit le patron de Syllabs. Et pour un site, «la seule manière d’arriver en tête sera des annonces payantes, qui seront donc encore plus nombreuses», analyse-t-il.  Mais les IA conversationnelles comme ChatGPT «donnent aussi des mauvaises réponses, ce qui est gênant pour un moteur de recherche. Tous les acteurs travaillent donc sur un outil qui mentionnerait les sources», précise Thierry Poibeau.  Meta (Facebook), lui aussi très avancé dans la course à l’IA, en a d’ailleurs subi les revers. Juste avant la sortie de ChatGPT, le 15 novembre, le groupe sortait Galactica, modèle de langage censé résumer des articles scientifiques.  Sauf que Galactica générait trop d’absurdités et pouvait écrire des commentaires racistes si on lui posait des questions en ce sens. Meta, pourtant parti le premier, a dû retirer sa démo trois jours plus tard.   

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